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Jacques Plouët (fondateur de « Quai des Bulles ») : « Le Festival de BD de Saint-Malo doit beaucoup à Jean-Claude Fournier »

Par Nicolas Anspach le 14 octobre 2010                      Lien  
Le fondateur du festival de la bande dessinée de Saint-Malo, qui a été rebaptisé par après « Quai des Bulles » revient avec nous sur ses souvenirs à l’occasion de la trentième édition de l’événement qui s’est tenue le week-end dernier.

Trente ans ! Ce n’est pas rien…

Et oui ! Vous saviez que le Festival de BD est né suite à une envie de faire des nuits du cinéma d’animation à Saint-Malo. Rapidement, on a eu l’idée de faire une petite exposition sans aucune prétention sur la BD ! Le hasard a fait que l’on a rencontré Jean-Claude Fournier (l’auteur de Bizu et de quelques Spirou & Fantasio), qui nous a fait part de son étonnement quant à l’absence de manifestation sur la bande dessinée en Bretagne alors qu’il y a de nombreux auteurs qui y vivent ! Et le Festival est né de ces envies et discussions. Jean-Claude était dynamique et nous a donné l’impulsion. Il a pris lui-même son téléphone pour inviter des auteurs, ou en rappelait d’autres qui m’avaient donné une fin de non-recevoir. Il nous a ouvert des portes. Jean-Claude est un personnage au grand cœur, et sans lui, nous ne serions pas là aujourd’hui !
Les premières années se sont tenues dans le Théâtre de Saint-Servan, puis ensuite au Palais du Grand Large, face à la mer.

Cela a du charme !

Oui ! Même à l’époque où la bande dessinée n’était pas si connue. Lorsque j’appelais les auteurs pour les inviter à Saint-Malo, je sentais bien qu’il y avait un petit déclic (Rires). C’est un lieu un peu magique. Beaucoup venaient avec femme et enfants.

Quel a été votre plus beau souvenir ?

Il y en a de nombreux, que je me suis remémoré en travaillant sur l’exposition consacrée à cet anniversaire. Notamment mes conversations avec Rob-Vel (le créateur de Spirou), qui habitait Saint-Malo. Il était totalement dépassé par l’aura qu’avait la bande dessinée à l’époque ! On se voyait souvent en dehors du festival. C’était un homme charmant, extraordinaire. En tant que créateur du personnage de Spirou, il était souvent sollicité par les journalistes. Il ne comprenait pas cet engouement. Il avait fait de la bande dessinée d’une manière artisanale, sans penser qu’un jour un de ses personnages deviendraient aussi célèbres. Je le dépannais régulièrement en faisant des courses pour lui. Il voulait souvent me remercier en me donnant des planches ou des peintures. Il s’était mis à peindre sur le tard. Il me montrait ses anciens travaux. Je me souviens encore de ses premiers cahiers de dessins qui représentaient la vie sur un bateau. Il les avait fait alors qu’il était groom, sur le « Normandie » si ma mémoire est bonne. Il « crobardait » toutes les personnalités qui voyageaient sur ce paquebot, comme par exemple Laurel et Hardy. Ses cahiers d’écolier ont disparu à son décès.

Jacques Plouët (fondateur de « Quai des Bulles ») : « Le Festival de BD de Saint-Malo doit beaucoup à Jean-Claude Fournier »
Lucien Rollin (le vice-président de "Quai des Bulles") & Jacques Pouët, son fondateur.
(c) Nicolas Anspach

Que représente ces trente ans pour vous ?

Une satisfaction. Des pensées nostalgiques aussi… Le Festival était beaucoup plus artisanal quand nous avons commencé. Mais c’est gai de voir que l’événement est reconnu comme était une manifestation officielle. Quand on a démarré, on n’avait que des tout petits moyens ! On essayait de créer une convivialité pour que les auteurs reviennent. Nous avons toujours privilégié et préservé un aspect convivial. Encore maintenant, beaucoup nous parlent des repas du dimanche soir, de la soirée de clôture du festival ! C’était un endroit, aussi, où les auteurs se retrouvaient entre eux.
J’ai constaté malheureusement qu’il y avait énormément de gens qui avaient disparu depuis ces trente ans ! Et nous tenions à leur rendre hommage dans l’exposition.

Le Festival a été grippé à une époque…

Oui. Après les dix ans du Festival, nous avons éprouvé une forme de lassitude. Que faire pour se renouveler ? Il y avait un festival consacré à la littérature à Saint-Malo. Pourquoi ne pas coupler « Étonnants Voyageurs » avec le festival de BD. On a fait cela deux années, avant de se rendre compte que c’était deux mondes différents, qui cohabitaient mal ensemble. La BD était mise en retrait par rapport à la littérature.

Comment voyez-vous la jeune génération d’auteur qui a pris le relais dans l’organisation du Festival ?

Les jeunes auteurs connaissent bien le passé du festival et perpétuent ce côté convivial, sans prise de tête.

(par Nicolas Anspach)

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