Lisant notre article sur ce sujet, Joann Sfar nous écrit pour nous apporter quelques précisions, contredisant au passage certains aspects de notre analyse :
LA LETTRE DE JOANN SFAR
Je me dois de rectifier certaines conjectures émises dans [votre] article : je ne suis pas un auteur que l’Association qui aurait été « récupéré » par d’autres structures. Dès le début de mon parcours, j’ai travaillé conjointement pour Delcourt, Dargaud et l’Association. C’est sans doute cette volonté de toujours m’adresser à tous qui est à l’origine de mon départ aujourd’hui. Les explications conjoncturelles ou économiques que [vous produisez] me semblent bien loin de la réalité. L’ASSOCIATION à toujours très bien défendu mon travail et cette structure est parfaitement à même de rétribuer honnêtement ses auteurs et d’assurer la promotion de leurs oeuvres à l’étranger.
Je quitte L’ASSOCIATION en gardant respect et affection pour tous les salariés et en me souvenant de ce que je dois à Menu, Lewis et David, mes trois parrains en bandes dessinées. Je pars pour des raisons très simples : plusieurs courants ont toujours coexisté au sein de cette maison d’édition. Pour ma part, je me suis toujours senti proche de la ligne plus romanesque et moins nihiliste que défendaient David B et Lewis Trondheim. Leur départ signe pour moi la fin d’une pluralité à laquelle j’étais attaché. Comme lecteur, je reste très curieux des choses que peuvent apporter Menu et ses proches. Comme auteur, on voit bien que c’est très loin de ce que j’aime.
J’imagine que pour les esprits politiques qui commentent notre microcosme, il est difficile de croire que des amis de vingt ans se séparent uniquement pour des divergences éditoriales. C’est pourtant le cas en ce qui me concerne. Mes prochains carnets seront publiés dans la collection Shampooing de Lewis Trondheim, tout simplement parce que depuis que je suis à l’Association, Lewis a toujours été l’éditeur le plus proche de mes goûts. Je ne crois pas que cette décision soit de nature à altérer les bonnes relations que j’entretiens avec Menu.
Merci de publier cette explication, dont je rêve qu’elle coupe court a des polémiques stériles (c’est juste un rêve bien entendu).
Joann Sfar
Les propos de Joann Sfar sont très clairs. Ils devraient en effet couper court à toute spéculation en ce qui le concerne.
Quant à notre analyse, elle inclut certes Joann Sfar dans ses exemples, mais elle se développait en termes généraux. Il nous paraît incontestable que le travail que l’auteur du Petit Monde du Golem a produit pour L’Association lui a apporté une dimension supplémentaire qui a contribué à sa notoriété.
En revanche, que des groupes à la dimension plus commerciale comme Delcourt ou Dargaud disposent de davantage de moyens pour assurer le développement commercial d’un auteur qui dispose d’une certaine assise dans le public, cela nous semble une évidence, même si certains le déplorent. David B n’a jamais caché qu’il avait besoin d’être publié chez Dargaud ou Dupuis pour assurer sa pitance.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Joann Sfar. Photo : D. Pasamonik.
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