Nouvelle-Zélande. Début du XXe siècle. Le travail est rare, mais les Maoris forment une communauté soudée, où l’on oublie ses problèmes en s’adonnant aux danses et chants en costume typique, le Haka. Un représentant d’une riche société européenne propose au groupe local de partir en tournée dans le monde entier, mais son idée est en réalité de les exhiber dans des expositions universelles, à la manière d’animaux rares : les Européens « civilisés » ne verront en eux que d’étonnants monstres exotiques...
Le scénariste de Lincoln s’est associé avec son épouse pour nous livrer l’histoire d’une petite fille Maori tiraillée entre l’amour pour sa famille, et les difficultés sociales de son époque. En la choisissant comme narratrice, ils renforcent l’incompréhension face à cette exhibition monstrueuse. Dans un dossier de 8 pages, Olivier et Virginie Jouvray nous explique également leur cheminement scénaristique, complété par des notes géographiques et historiques qui renforcent la compréhension de la tragédie vécue par ce peuple.
Ce drame atypique dans le paysage de la bande dessinée est fort bien servi par le sobre dessin d’Efa. Si ses visages anguleux et disproportionnés peuvent choquer aux premières cases, on passe rapidement outre pour profiter de la sincérité du quotidien de ce village néo-zélandais. Le découpage régulier en 4 bandes axe le regard vers les épreuves traversées par les personnages. Seules les scènes de Haka Maori ressortent, pour mettre en avant leur identité culturelle.
Entre les affres de la colonisation, et le besoin universel de travailler pour nourrir sa famille, Kia Ora est aussi, selon ses auteurs, une histoire sur le thème de l’étranger que nous sommes toujours pour les autres. Une œuvre sensible et touchante.
(par Charles-Louis Detournay)
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