1848. La Bretagne. Depuis la mort de son frère, Terreg n’est
plus que l’ombre de lui-même : alcoolique, presque suicidaire, il prend des risques qui les mettent en péril, lui et sa bande de contrebandiers. Et l’attention que lui prête le commissaire Seignard, venu tout spécialement de Paris pour mettre fin à son commerce illicite, n’arrange rien.
Nul ne doute que Terreg court à sa perte. Mais une impossible rencontre va changer son destin quand, un soir de tempête, il croise le chemin de l’enchanteresse Lifelde. Assassinée cent ans plus tôt par son mentor, le sorcier Garlath, et réduite à l’état de spectre, elle passe un pacte avec Terreg et l’entraîne dans un terrifiant combat...
Cette épopée celtique et magique ne s’établit pas moins sur un contexte historique sérieux. La Seconde République est à peine érigée qu’on rencontre brièvement un assassin à la solde du général Cavaignac [1] pour supprimer Louis-Napoléon Bonaparte, futur premier président de cette république, avant qu’un coup d’état ne rétablisse l’Empire et qu’il ne devienne empereur sous le nom de Napoléon III.
Les coulisses de l’Histoire sont d’autant plus intéressantes qu’on y fait la connaissance de Miss Howard, une généreuse et authentique maîtresse du neveu et bienfaitrice du premier empereur, laquelle demande au redoutable Garlath de protéger son amant.
Le talent de Sylvain Cordurié réside dans la légèreté qu’il donne à ses scènes : pas trop de détails historiques pour éviter de perdre le profane, mais suffisamment de recherches pour combler le féru d’Histoire. Un bel équilibre, malheureusement rompu par le policier Seignard qui se croit encore sous les ordres de Louis-Philippe, plus d’un mois après sa démission. Il faut dire que les nouvelles n’allaient pas aussi vite que maintenant.
Malgré quelques trognes parfois réalisées hâtivement, c’est avec plaisir qu’on retrouve Dražen Kovačević , l’étonnant dessinateur de la Roue, l’OVNI de la collection Vécu. Moins emporté que dans le passé, il parvient toutefois à mêler adroitement le pan historique, et les effets magiques, dans un contemporain bien ancré et respectueux de l’Histoire.
Ce duel de sorciers à travers les âges est un intéressant point de départ pour nous présenter la courte vie de la Seconde République, et le quotidien de ses parias, dans ce cas-ci les contrebandiers. Après un règlement de compte de mortels, le fantastique et les légendes devraient reprendre le dessus, sans doute pour lancer la quête de cette Épée de feu, justifiant le titre de la série. Reste à savoir si le développement historique s’arrêtera alors. Un second tome qui ouvre donc bien des voies, une série à suivre, avec des personnages qui deiennent attachants.
(par Charles-Louis Detournay)
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[1] Cavaignac parviendra à soumettre la révolte parisienne de juin 1848, mais perdra nettement face au neveu de Napoléon 1er lors des élections présidentielles de la fin de l’année, après avoir pourtant dirigé le conseil des ministres pendant la vacance de ce poste.
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