Nourri d’incessants aller-retour entre la vie d’un moine novice avant la révolution des Khmers rouges et l’amitié sincère entre Manu (un jeune garçon français) et Aline (une petite réfugiée cambodgienne), La Colline empoisonnée est un album particulièrement original. Inspiré par les souvenirs de l’auteur, qui s’était lui-même lié d’amitié avec une cambodgienne, le récit emprunte des chemins tortueux pour laisser une impression étrange. Lorsque l’on suit le jeune moine, on découvre des paysages asiatiques mystérieux, où la moiteur semble palpable. Le jeu autour du cerf-volant lie cette partie exotique au quotidien français, forcément plus proche, où les horreurs de la dictature de Pol Pot vont implacablement s’infiltrer et parasiter les insouciants jeux d’enfants de Manu et Aline.
Dans cette bande dessinée de longue haleine (352 pages), la linéarité n’est pas le maître mot. Grâce à un trait souple et expressif, Freddy Nadolny Poustochkine joue sur les sensations plutôt que sur le déroulement clair et précis des événements. Son objectif de mêler rêve et réalité semble parfaitement atteint. On referme l’album en se demandant ce qu’il vient de se passer. Une sensation étrange.
(par Morgan Di Salvia)
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