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La Neige était sale - Par J-L. Fromental & B. Yslaire - Ed. Dargaud.

Par Philippe LEBAS le 1er mars 2024                      Lien  
Adaptation en BD d'un des "romans durs" (à écrire, mais pas que!) de Simenon, La neige était sale est un coup de maître(s), celui de deux auteurs respectés, Jean-Luc Fromental au scénario et Bernard Yslaire au dessin, qui ajoutent un bien bel ouvrage à leur riche carrière.

Présente-t-on encore Simenon ? Oui, peut-être, car si les aventures nombreuses du commissaire Maigret sont connues d’un très large public du fait de leurs adaptations télévisuelles, ses autres romans le sont sans doute un peu moins.

La neige était sale est un des plus « durs » de tous et des plus poisseux, un des préférés de Simenon lui-même. [1]

La Neige était sale - Par J-L. Fromental & B. Yslaire - Ed. Dargaud.

On y suit l’itinéraire d’un jeune homme, Franck, qui vit dans un bordel, celui tenu par sa mère dans un pays occupé [2] par une armée étrangère. Sans motifs réels, et donc pas par esprit de résistance à l’occupant, Franck commet le pire : vol, meurtres, abjections diverses. Toucher le fond pour entrevoir une hypothétique rédemption ? Franck est un anti-héros malsain par excellence, un peu camusien sur les bords, tant il est difficile de ne pas penser au Meursault de L’Étranger. Simenon a visiblement mis beaucoup de son histoire familiale, moins la sienne directement (malgré sa position ambiguë durant la période de la Collaboration) que celle de son frère, collaborateur, milicien, puis engagé dans la Légion étrangère, seule porte menant au salut et à la rédemption, mais qui sera en réalité la porte vers la mort (le combat).

Jean-Luc Fromental [3] a su parfaitement scénariser cette histoire, en en suivant la trame, mais aussi, en remplaçant le « il » du narrateur extérieur du roman par un « tu » qui nous rapproche de Franck, voire, nous plonge dans ses pensées. Bernard Yslaire s’est employé à mettre en images ce scénario avec maestria, tant par ses dessins d’une grande maîtrise, alternant les différents types de plans et d’angles, que par l’utilisation d’un jeu de couleurs limité, gris le plus souvent, en parfaite symbiose avec le sujet du livre.

La neige, très présente, y est grise comme les sentiments de Franck. On en redemande ! Cela tombe bien car ce volume est le deuxième (après Le passager du Polarlys, par J-L Boquet et C. Cailleaux) d’une collection d’adaptations des « romans durs » de Simenon. La matière ne manque pas, à moins que ces très bonnes adaptations ne se terminent après le centenaire de la naissance de Simenon en 1923.

(par Philippe LEBAS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782505127932

[1Renseignements, en partie, tirés de la postface particulièrement intéressante de l’ouvrage.

[2Un pays d’Europe de l’Est ? La Belgique ? La France ? Sans doute, car il y était possible de voir l’excellent film Panique (dont on peut voir l’affiche et quelques scènes aux pages 23 et 24) de Julien Duvivier avec Michel Simon, sauf que ce film n’est sorti sur les écrans qu’en 1947. On voit que l’ancrage de l’intrigue dans un lieu et un temps précis reste volontairement indéterminé.

[3Déjà scénariste, avec J-L Boquet et John Simenon, d’une sorte de biopic de Simenon dessiné par Loustal, Simenon l’ostrogoth, paru en 2023.

Dargaud ✍ Jean-Luc Fromental ✏️ Yslaire
 
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