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Ce Simenon, quel ostrogoth !

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 12 octobre 2023                      Lien  
Le mot « ostrogoth » renvoie aux peuplades barbares venues de la région de l’Ukraine pour s’installer en Italie. La chute de l’empire romain, c’est eux. Mais plus généralement, c’est un qualificatif synonyme de barbare, de quelqu’un qui ignore les règles, la bienséance. Si le grand romancier belge n’était pas un barbare, loin de là, il est clair que la bienséance, il s’assoyait dessus. Ce « biographique » conçu par son fils John, avec les Roux-Combaluzier du scénario, Jean-Luc Fromental et José-Louis Bocquet, est dessiné par Loustal avec une décontraction qui correspond bien au personnage de cet écrivain hors-norme.

Georges Simenon, surtout en 1923 quand commence ce biopic, est avant tout une brute de travail. Un roman, c’est une semaine d’écriture, pas plus. Sim, c’est son pseudo à l’époque, tire à la ligne comme ses prédécesseurs Ponson du Terrail ou Paul Féval, sauf que lui a trouvé le filon de ce roman de chevalerie moderne, comme le nommait Francis Lacassin : le roman policier.

Chez Simenon, c’est avant tout une observation clinique, distante, d’une population le plus souvent populaire mêlé à des intrigues souvent assez simples mais où les qualités d’observation sont aigües sinon impitoyables. Cette qualité, ajoutée à une description des mœurs de l’époque sobre et bien informée (il a fait ses débuts comme journaliste, le jeune Sim) en fait une sorte d’équivament de Balzac pour le XXe siècle.

On le suit dans cet album dans un moment crucial : celui où il quitte la ville de Liège en Belgique, une province encore prospère grâce à l’essor de la sidérurgie où les bourgeois enrichis côtoient familièrement le prolétariat des charbonnages. Mais il y a, pour le jeune écrivain et son épouse Tigy qui est peintre, une ville qui attire l’œil et brille de tous ses feux : Paris. Le Paris des écrivains et des peintres, mais surtout celui des éditeurs et des galeristes, bien utiles quand on veut subsister dans ce bas monde.

Ce Simenon, quel ostrogoth !

La force de travail du jeune Sim le fera s’imposer auprès des éditeurs parisiens, même si le succès se fait attendre. En attendant, c’est la vie de bohème, les départs précipités à la cloche de bois, l’errance dans la France sur une péniche, à nouer péniblement les deux bouts en attendant le chèque de l’éditeur de Georges. Déjà, Simenon est dans un ménage à trois, son épouse légitime étant accompagnée par une « bonne », une brave fille de pêcheur.

L’album suit pas à pas la vie du grand écrivain dans l’entre-deux-guerres. Le portrait est bien lisse et profite de l’élégance du dessin de Loustal. Agréable à lire, cette série est une bonne introduction à la lecture de ses œuvres adaptées en bande dessinée : Le Passager du Polarlys de Bocquet & Cailleaux (Dargaud) ou encore La Neige était sale de Fromental & Yslaire parus récemment. Simenon l’ostrogoth est entré dans les cases.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782505119869

Simenon l’Ostrogoth – Par Jean-Luc Fromental, José-Louis Bocquet et John Simenon (scénario) et Loustal (Dessins) – Ed. Dargaud

Dargaud ✏️ Jacques de Loustal à partir de 13 ans Biopic France
 
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