Père mexicain, mère américaine. A 20 ans, Carla décide de quitter les USA et de partir pour Mexico à la recherche de ses racines paternelles. Mais s’intégrer dans un pays étranger lorsque l’on ne maîtrise pas la langue n’est pas aisé. Les difficultés et les désillusions s’accumulent rapidement...
La Perdida n’est pas une œuvre autobiographique. Même si, comme son personnage principal, Jessica Abel a bien vécu à Mexico, nous sommes bel et bien en présence d’une fiction, mais qui s’apparente, par son traitement, à un documentaire. En choisissant le récit à la première personne, l’auteure donne beaucoup de crédibilité à cette quête initiatique. Carla s’interroge sur sa vie, son avenir et ses relations. L’analyse psychologique du personnage est assez fine. La jeune femme veut s’intégrer à tout prix, mais les obstacles sont nombreux. L’intégration dans une culture différente, avec une langue différente, ne va pas de soi. L’héroïne en fait la douloureuse expérience. D’autant plus que son séjour finit par devenir une descente aux enfers. Sa naïveté et ses mauvaises rencontres la conduisent à côtoyer dealers et caïds. Le chemin devient alors obscur et non balisé...
Sur le plan graphique, pas de surenchère de mise en scène, les cases se succèdent avec sobriété grâce à un découpage soigné rendant le récit limpide. Le trait expressif de l’auteur est loin d’être ennuyeux malgré les 254 pages de l’ouvrage.
Editée à l’origine par Fantagraphics et publiée en 5 tomes souples, La Perdida est proposée par Delcourt en version intégrale. La version originale utilisait langues anglaise et espagnole, l’édition française retranscrit habilement ce principe, élément important de l’histoire. L’ouvrage, aux accents anthropologiques, est d’une justesse passionnante.
(par Laurent Boileau)
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