La perte de sa grand-mère replonge Stéphane Levallois dans son enfance. Le sentiment de l’absence de son grand-père qu’il n’a jamais connu lui revient. Stéphane se remémore également ses vacances chez sa grand-mère dans le Loir et Cher, alors qu’il jouait avec des insectes, ou encore ce détail : le piètement massif d’une table qui représentait plusieurs animaux, dont un sanglier. Sans doute est-ce pour cela qu’il imagine son grand père sous les traits de cet animal.
L’auteur nous raconte le quotidien de ses grands-parents durant la guerre, en 1942, alors que le pays était occupé par les Allemands. Le grand-père sanglier s’est engagé dans la résistance. Il était boucher et transportait régulièrement des armes dans du linge souillé par le sang. Les soldats allemands n’avaient pas la moindre envie de vérifier ce qui se cachait sous ces tissus poisseux. Des armes qu’il enterrait ensuite dans son potager…
La narration de Stéphane Levallois est particulière. Les évènements qu’il nous raconte sont réels et il les amène dans son récit d’une manière poétique, fantasmée, et légèrement onirique. Cette période troublée de l’histoire et l’aspect épais de la silhouette du grand-père sanglier incite naturellement le dessinateur à jouer d’une noirceur « pesante », de formes massives. Levallois travaille les encres de manière à nous faire partager ses atmosphères tour à tour écrasantes ou poétiques. Stéphane Levallois est sans nul doute un grand auteur en devenir !
(par Nicolas Anspach)
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