Dans ce one shot noir comme un crépuscule de banlieue Est, la mort rôde à quelques encablures d’amours improbables et de rêves inaccessibles.
Avec son petit bar en fin de vie, son usine désaffectée et la maison close d’un autre temps non loin, ce quartier va vivre des règlements de comptes à répétition. Un échange entre deux caïds va mettre le feu aux poudres et lancer le déchainement des armes. Violence implacable en marche, et pourtant, rêve d’échapper à ce morne tableau pour Séva, le gardien de l’usine...
Si l’ambiance s’installe efficacement dès le début de l’album, pas évident de suivre une intrigue diluée dans les audaces graphiques de Séra. Son style flamboyant, particulièrement influencé par la photo, la peinture et une véritable fascination pour la nuit, tend à phagocyter le récit. Album d’atmosphère plus que de scénario, le Temps de vivre assume une radicalité finalement assez rare. Deux auteurs en liberté, distillant des références à chaque page, et peut-être chassant leurs propres démons intérieurs...
On trouve dans ces pages de nombreuses surprises : cadres, jeux de lumière, images décalées, qui peuvent autant séduire qu’agacer.
Le genre de BD qui joue à quitte ou double avec le lecteur...
(par David TAUGIS)
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