Alors que l’année précédente le festival se tenait uniquement au Hall Comminges où se déroulait un classique salon de bande dessinée, sans grande prise de risque au niveau de la programmation, l’édition 2011 se tient cette année dans trois bâtiments situés principalement dans la même zone de la ville.
Le Hall Comminges
Premier lieu d’activité du salon, le Hall Comminges propose de rencontrer de nombreuses maisons d’édition à dimension humaine telles que Makaka éditions (issue du projet web 30 jours de BD), Manolosanctis ou encore La Boîte à bulles, afin de rencontrer certains de leurs auteurs et acheter les dernières sorties.
Pour diversifier l’intérêt de la visite, le Hall vous propose trois expositions. La première, Singulier/Pluriel, est un espace de rencontre décoré pour trois maisons d’édition indépendantes, par des reproductions géantes de trois œuvres issues de leur catalogue.
Ainsi chez les Requins Marteaux, Amandine Urruty propose un visuel horizontal mélangeant couleurs acidulées, jeunes filles dérangeantes et situations grotesques. Chez Fremok et The Hoochie Coochie, Vincent Fortemps et Christopher Hittinger versent dans le vertical démesuré pour nous présenter un géant bipolaire et une visite aux relents de train fantôme. Malheureusement l’expo aurait peut être gagné à présenter d’autres visuels de ces artistes, dans un format certes plus réduit, afin de ne pas laisser aux visiteurs le risque de se forger un avis trop fermé sur le style de ces invités.
La seconde exposition se démarque de la précédente par une accumulation visuelle détonante. Issus des Beaux-arts d’Angoulême, Lôthelier, Tib-Gordon et Tristoon ont développé un univers de science-fiction très particulier : Little Big Bang (éditions Paquet) soit trois albums destinés à la jeunesse mais où les références à destination des parents adultes fusent à chaque page.
Issus de ces trois one-shots ayant pour point commun l’univers ou se déroulent les tomes, l’exposition propose d’admirer des sculptures, des peluches, mais aussi des planches mises en valeur par des encadrements originaux réalisés spécialement pour l’occasion.
Autre idée intéressante, les enfants peuvent venir tester leur talent de coloriste en herbe sur des supports prévus à cet effet. L’expo précédemment visible à Aix en Provence est un plaisir visuel pour peu que l’on aime les travaux réalisés sur des matières originales.
Enfin, aux détours des expositions, stands d’éditeurs ou de fanzines, le visiteur fatigué peut s’offrir une pause chez l’invitée principale du festival : Pénélope Bagieu, absente en cette journée d’inauguration pour des raisons personnelles. Pénélope a en effet installé certaines pièces de sa maison idéale dans le Hall Comminges et agrémenté celles-ci de ses lectures favorites.
Ainsi, le lecteur disposant d’un peu de temps pourra (re-)découvrir Watchmen sur une cuvette de toilette ou lire Paul à Québec dans un grand lit girly...
Le Pavillon Blanc
La récente médiathèque de Colomiers accueille une partie du festival, notamment des conférences sur des sujets liés à la culture artistique visuelle. Ce vendredi après-midi s’étaient réunis Les Requins Marteaux et le collectif In Out pour aborder la question suivante, plutôt subtile : Le passage de l’œuvre à l’imprimé fait-il œuvre ?
Pour y répondre, les acteurs ont présenté certaines de leurs dernières expositions et les catalogues créés ultérieurement pour pérenniser leurs travaux. Bien que ne traitant pas de bande dessinée, le graphisme restait un élément majeur de la conférence à travers les expositions traitées. Il en est ressorti qu’un catalogue d’exposition ne doit pas être qu’une simple retransmission de ce qui était visible, mais doit apporter un nouveau point de vue, par des éléments tels que des avis extérieurs à l’événement, un montage original qui serait lui-même une partie intégrante de l’œuvre ; elle doit aussi réussir à retranscrire sur du papier une temporalité, à l’instar des documentaires sur le Land Art visibles dans les musées.
Sur un plan moins symbolique, ces jeunes groupes d’éditions ont aussi pour vocation de diffuser au plus grand nombre les visions de leurs travaux, afin de démocratiser l’œuvre, d’en faire don au public sans qu’elle devienne pour autant une "œuvre à pas chère".
Dans la rue
Espace public, la rue, est un moyen efficace de présenter les œuvres au plus grand nombre, que ce soit le passant curieux ou le festivalier averti. Colommiers l’a bien compris puis que la ville s’est parée de plusieurs expositions outdoors.
La première, Road Strip, fait participer cinq artistes issus des écoles d’arts de la région en leur proposant de s’exprimer sur un support identique : Quatre panneaux de même mesure où le papier collé pouvait parfois avoir des défauts, à l’instar des affiches publicitaires ou électorales. S’exposant en pleine rue, sans surveillance, certaines de ces affiches ont suscité de vives réactions d’inconnus, tel que la frise de Charlotte Perrin qui a vu son dernier dessin se faire vandaliser, il faut dire que sa représentation de "réalité" était un doigt évocateur...
Autre exposition piétonne, Des labos dans les bulles présente les travaux de six auteurs BD s’étant inspirés de leurs rencontres avec des scientifiques de domaines variés : l’archéologie, la neurologie, ou encore comme ne l’aurait pas renié le compte de Champignac, la mycologie. De ces rencontres originales découlent des séries de planches de grande taille (protégées cette fois) que les passant peuvent découvrir au fil de leurs déplacement entre le Hall Comminges et le Pavillon Blanc.
À noter qu’une autre animation se passait dans la rue le vendredi soir : le Lasertag 2.0. Avec un pointeur laser, une webcam, un projecteur et d’autres technologies informatiques venues du futur, auteurs et public pouvaient s’essayer le temps d’un soir à taguer le mur du Pavillon Blanc pour une création éphémère qui ne dérangerait personne le lendemain. L’occasion de voir apparaitre des créations intéressantes remplacées ensuite par le trait d’un autre.
Inauguration
Point d’orgue du vendredi soir, la soirée d’inauguration qui fut l’occasion d’assister à la remise du « Prix découverte » décerné à Guillaume Coquillaud pour son album Les Peuples oubliés, édité chez Bao. Ce jeune Corrézien de 28 ans a su séduire avec son récit d’un aviateur s’écrasant dans un lieu perdu, sauvé par le peuple des reines de Saba.
Malgré l’absence de l’invitée vedette, Pénélope Bagieu, la soirée d’inauguration fut aussi et surtout l’occasion d’assister au discours du maire de la place. Après avoir vanté la présence de 40 maisons différentes, de 130 exposants et l’aspect local mais étendu du festival, il ne put s’empêcher de faire remarquer que celui-ci se propageait maintenant dans plusieurs lieux de la ville pour le comparer aussitôt à celui... d’Angoulême !, affirmant même que : « Si Angoulême est le plus grand festival, Colomiers est certainement le plus beau. » Des affirmations un peu « champigniaciennes » qui ont quelque peu gêné l’organisatrice du festival, Amandine Doche, qui ne savait plus où se mettre après un discours aussi exhalté.
On ne peut qu’espérer que l’année prochaine, le festival continuera son expansion en vue de donner ses lettres de noblesse à la BD dans les environs de Toulouse.
Un nom circulait pour l’invité d’honneur de 2012, celui de Bastien Vivès...
(par Nicolas Depraeter)
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Médaillon : Le maire de Colomiers et son adjoint à la culture, Mr Molina.
photos : Nicolas Depraeter
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