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Les Daronnes – Par Yeong-Shin Ma – Ed. Atrabile

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 20 février 2024                      Lien  
C’est déjà dur d’être une femme seule divorcée, après avoir élevé plusieurs enfants, avec un Tanguy à la maison qui passe ses journées à jouer aux jeux vidéo au lieu de chercher du boulot. Mais alors en Corée, c’est pire encore, surtout quand le quotidien consiste à nettoyer des sanitaires, que l’on avoisine la soixantaine et que l’on cherche l’amour…

So-yeon Lee n’a pas ce qu’on peut appeler de la chance. Elle quitte un mari, produit d’un mariage arrangé, un joueur impénitent qui ne lui a laissé que des dettes et plusieurs enfants, pour une situation non moins enviable de femme célibataire amoureuse d’un homme alcoolique qui hésite entre deux femmes. Il faut dire que son autre maîtresse est (légèrement) plus riche qu’elle et que cela compte quand on en est à regarder le prix des consommations au won près, voire à sacrifier un repas… Allez parler d’amour dans ces conditions !

C’est la première qualité des Daronnes (Moms dans son titre anglais) : nous faire vivre le combat quotidien d’une femme coréenne dans une société où l’argent est le premier déterminant de la position sociale. Autant dire que So-yeon Lee est au bas de l’échelle et qu’elle ne se fait plus d’illusions sur grand-chose. Alors, elle se bat et refait son (petit) monde avec des copines pas mieux loties qu’elles, les autres daronnes. Elles échangent leurs sentiments sur leurs compagnons ou leurs coups d’un soir respectifs, détaillent leurs tares, leurs lâchetés. Elles ne sont pas tendres, ces daronnes, même entre elles, qui doivent se battre chaque jour, à tout instant, pour tenir la tête hors de l’eau.

Les Daronnes – Par Yeong-Shin Ma – Ed. Atrabile

Le dessin de ce roman graphique est austère ; il ne cherche pas à séduire. La traduction française, qui utilise un argot assez vulgaire, essaie tant bien que mal de transposer dans la langue de Voltaire une façon de parler qui est aussi un marqueur social. Ce n’est pas toujours réussi.

Mais peu importent ces défauts : il y a la force du témoignage. L’auteur de ce roman graphique s’est basé, c’est touchant, sur celui de sa propre mère, sur la base des notes qu’elle a consignées dans un carnet. Ce regard sur la condition féminine, décrite sans fausse pudeur et même avec une certaine crudité, n’est pas sans tendresse. C’est celui d’un fils qui se rend compte à quel point sa « daronne » est une héroïne du quotidien.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782889231249

Distingué par un Harvey Award aux USA (Best International Book of the year.), cet ouvrage a figuré dans la sélection officielle du Festival d’Angoulême 2024 et est en compétition pour le Prix littéraire Emile Guimet dans la catégorie Roman Graphique.

Atrabile ✏️ Yeong-Shin Ma à partir de 13 ans Corée du Sud 🏆 Harvey Award 🏆 Sélection FIBD Angoulême 2024 🏆 Sélection officielle Prix littéraire Emile Guimet 2024
 
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