Emmett a été approché par un metteur en scène qui voulait gagner de l’argent en racontant la vie de ces Outlaws et leurs exploits de détrousseurs des riches compagnies de transports de fonds et de cambrioleurs de banque. Mais le scénario qu’on lui fait lire ne lui convient pas. Devant le fait accompli, il n’a que le choix de collaborer avec l’auteur du script pour laver ses frères de la mauvaise réputation qui colle à leurs bottes à éperons.
Dans ce second et dernier tome, Emmett est âgé. Le film fonctionne bien et lui rapporte beaucoup d’argent, qu’il veut réinvestir dans des bonnes œuvres : l’immobilier, la politique… ? Mais ce succès ne l’aide en rien pour faire disparaitre le goût amer qu’il ressent à chacune des rasades de whisky qu’il s’enfile par dizaine chaque jour. Ce qu’il aimerait, c’est rétablir la totale vérité sur la vie et le parcours de ces cinq « cabossés » qui composaient le clan Dalton sur les épaules de qui on a fait porter les plus infâmants des crimes.
Alors Emmett décide de se lancer dans un projet d’écriture. Accompagné de Julia, sa fidèle épouse, il passe ses nuits devant sa machine à écrire et ses jours à chercher l’éditeur capable de diffuser au plus grand nombre la véritable histoire d’Emmett Dalton. Dans les vapeurs de l’alcool et ivre de fatigue, Emmett revit les terribles scènes et moments pendant lesquels il a perdu ses proches. Mais c’était sans compter sur une société qui change et qui demande toujours plus de sensationnel, toujours plus de violence, quitte à travestir la réalité.
Le lecteur est baigné dans une ambiance aux teintes vaporeuses et floues propres aux images des films des années 1920 et aux idées que l’on se fait de cette époque. Une certaine douceur enveloppe l’histoire tragique de cet homme qui a purgé sa peine et qui tente de réhabiliter l’honneur de sa famille. Un effort a été aussi apporté par l’éditeur pour faire de l’ouvrage un beau livre aux pages épaisses et légèrement rugueuses, à l’image de ce repenti qui tente de combattre ses angoisses et ses peurs qui ressurgissent de son passé sulfureux. C’est beau à tous points de vue, si l’on considère que le beau existe en bande dessinée.
(par Romain BLANDRE)
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