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Les Villes d’un jour – Par Rudy Spiessert - Quadrants

Par Laurent Boileau le 14 avril 2008                      Lien  
On peut être auteur de BD et avoir passé son enfance dans un cirque. La preuve avec Rudy Spiessert.

Mon pays a une superficie de 5400 m2. Son drapeau est rouge et jaune avec un tigre dessus. Ses frontières sont des barrières en fer. Sa douane s’appelle la "caisse". Mon pays change de capitale quotidiennement, on appelle ça faire "les villes d’un jour". Dans mon pays, il y a des coutumes et des superstitions locales. Il y a surtout une règle absolue, du genre gravée dans le marbre : "quoi qu’il arrive, le spectacle continue". Ça vaut même quand il arrive des choses terribles…

Pour ce récit autobiographique composé de neuf histoires courtes, Rudy Spiessert (Ingmar, Stéréo Club, Comme tout le monde) se replonge dans ses souvenirs d’enfance. Il se rappelle du Grand Rodrigo, d’Eusice, du Mage Morzini, des frères Enguera… Bref, de tous ceux qui l’ont fasciné pendant les douze premières années de sa vie passées dans le cirque familial. Privilégiant les souvenirs relationnels et les anecdotes amusantes, l’auteur n’oublie pas pour autant des sujets plus graves comme la mort, l’illettrisme ou la dictature en Roumanie. Mais vu sous le prisme de l’enfance, le ton reste léger et insouciant. Dans son pays, on ne pleure pas les morts. Un cirque en deuil, ça n’existe pas.

Les Villes d'un jour – Par Rudy Spiessert - Quadrants

Spiessert décrit un univers "clos, autarcique, mais très chaleureux". Il privilégie le quotidien au mythe, le labeur de l’ombre au spectaculaire. Un brin de nostalgie souffle sur Les Villes d’un jour à l’image de ces illustrations ponctuant chaque histoire. Inspirées de vieilles pubs, mélanges de sensationnel et de dérisoire, du véritable "art populaire", elles renvoient à un imaginaire admiratif et tendre. >br>
Il aurait pu finir son récit "façon Walt Disney", mais Spiessert ne triche pas avec son vécu. Cette sincérité est touchante et l’auteur rend là un bien bel hommage à ceux qu’il a croisés sur sa route.

C’est devenu désormais une marque de fabrique de Quadrants. L’éditrice Corinne Bertrand nous offre un cahier de fin d’album, supplément instructif et savoureux prolongeant le plaisir de la lecture. Depuis son arrivée à la tête de Quadrants, elle réalise un épatant travail éditorial.

(par Laurent Boileau)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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