En voulant donner un statut clair aux artistes qui, en Belgique, ne bénéficient pas d’une protection sociale correcte, et en décidant de l’étendre à toutes les catégories de créateurs et d’auteurs - dans une méconnaissance totale de la réalité et, surtout, de la diversité de leur travail -, le gouvernement belge est en train de tenter de faire voter une loi dont les résultats seront catastrophiques.
Résumons la situation.
En Belgique, les auteurs de bande dessinée ont un statut d’indépendant. Normal : ils travaillent chez eux, achètent leur propre matériel, créent leur oeuvre sans recevoir d’ordre de personne et proposent leurs planches aux éditeurs de leur choix. Tout en payant eux-mêmes charges sociales et impôts.
Rien à voir avec un salarié qui travaille dans les locaux de son employeur, avec le matériel mis à sa disposition par celui-ci, en respectant ses instructions précises et en évitant de collaborer avec la concurrence.
On lira dans notre rubrique "actualités" un résumé de cette loi, qui assimilera tous les auteurs à des salariés, et ses conséquences financières dramatiques pour les auteurs belges qui, non seulement perdront une partie de leurs revenus, mais en plus, imposeront, de par le simple fait de leur nationalité, un surcoût important aux éditeurs qui publient leurs livres.
Vu les commentaires exacerbés dans les milieux artistiques, qu’elle est censée protéger, elle a visiblement été rédigée sans aucune concertation avec ceux-ci. Et, en tout cas, sans consultation des auteurs et des éditeurs qui la découvrent effarés et inquiets.
Ceux-ci commencent à se mobiliser. Parviendront-ils à faire comprendre aux initiateurs de cette loi que le terme "artiste" recouvre une variété énorme de réalités ? Et à faire en sorte qu’elle soit remaniée afin de répondre aux réels besoins des artistes de spectacle - dont la protection sociale est VRAIMENT calamiteuse - sans obliger en même temps tous les créateurs belges - et ils sont nombreux ! - à s’expatrier pour cause d’excès de fiscalité ?
(par Patrick Albray)
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