Il avait pris sa retraite -ô combien active !- voici peu de temps et s’était retrouvé « professeur émérite » à l’université de Paris Panthéon-Sorbonne où il avait officié pendant de nombreuses années dirigeant notamment des dizaines de thèses sur le 9e art.
Le Grand Prix Gobert de l’Académie française obtenu en 2018 pour l’ensemble de son œuvre lui ouvrait la voie de la prestigieuse institution qui vient de l’accueillir.
Élève de Jean Delumeau, puis de René Rémond, il est l’une des grandes figures françaises de l’Histoire culturelle (il lui consacra un Que Sais-Je ?) s’intéressant d’abord au rôle des intellectuels français sous l’Occupation puis aux différents aspects de l’identité culturelle que ce soit celle des nations (La France, l’Europe…) ou de certains courants politiques (le Front populaire, le Fascisme…) Son érudition le portait jusqu’à la gastronomie.
Ce grand historien n’a jamais fait partie des universitaires qui snobaient le Neuvième Art. On doit à cet orateur brillant des ouvrages marquants comme Le Petit Nazi illustré - vie et survie du Téméraire (1943-1944) (1979, nouvelle édition en 2002), une étude remarquable sur le seul « illustré » français nazi de l’Occupation ; LA biographie de référence sur René Goscinny : Goscinny (1926-1977) : La Liberté d’en rire (2007) ; ou encore Ce que dit Charlie : treize leçons d’histoire (2016) sur la tragédie de Charlie Hebdo. Il a été en outre pendant des décennies le critique de bande dessinée du magazine Lire.
Avec Pascal Ory, alors même que s’achève gentiment la calamiteuse année BD2020-2021, c’est un petit peu le 9e art qui entre aujourd’hui sous la coupole.
« Oui, j’ai tenu à faire figurer la bd dans ma notice officielle de l’Académie, nous a-t-il déclaré. Et je compte bien demander à un bédéaste une contribution à mon épée… » Alors qui ?
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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