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Pluie d’albums et dessin animé pour les 40 ans de Rahan

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 29 mai 2009                      Lien  
Cette année, le « fils des âges farouches » fête ses quarante printemps. Entre-temps, son scénariste Roger Lécureux a rejoint « le royaume des ombres », tandis que son fils, Jean-François Lécureux, continue le scénario avec, depuis le début, l’extraordinaire André Chéret au dessin.

On connaît le personnage, une sorte de Tarzan blond au collier de griffes de tigre et au coutelas d’ivoire. Publié dans Pif Gadget, une revue pour la jeunesse inféodée au Parti Communiste Français, il a tout de l’aryen blond dispensant la civilisation au bon sauvage, un cliché colonialiste étonnant pour une obédience communiste.

Pluie d'albums et dessin animé pour les 40 ans de Rahan
Le 23ème tome de l’édition intégrale vient de paraître.
Editions Soleil

Cette comparaison hérisse Jean-François Lécureux, le fils de l’artiste et actuel éditeur de la série, : « Ce sont des clichés si l’on veut. Il faut bien faire un choix à un moment. Rahan n’a pas une vocation à être blond. Il ne fallait pas le faire brun puisque Tarzan était déjà brun ! Si Tarzan avait été blond, Rahan aurait été brun. Quand on lit les histoires de mon père, 24 ans avant la création de Rahan, comme dans les Pionniers de l’Espérance, toutes les races sont mélangées et sont les héros de l’aventure. Rahan est un peu supérieur aux autres parce qu’il est le héros, celui qui apporte le bonheur aux autres.  »

Rahan parcourt le monde afin de découvrir où se couche le soleil. Ce faisant, il rencontre toutes les civilisations, portant avec lui une blessure, celle de la perte de tout son clan lors d’une éruption volcanique, et un talisman donné par Craô à son fils portant autant de griffes que de valeurs auxquelles le jeune Rahan a prêté serment. Le scénario est dû à l’un des fondateurs, pilier du journal Vaillant, René Lécureux engagé en 1945 par le rédacteur en chef de Vaillant, René Moreux, pour s’occuper des abonnements du journal. À force de dépanner Michel Debonne, le scénariste de Fifi, Gars du maquis, pour l’aider à sortir son personnage des situations inextricables dans lesquelles il était fourré. Rejoignant l’équipe de la rédaction, il devint le scénariste providentiel des séries les plus célèbres de Vaillant et de Pif Gadget comme Les Pionniers de l’Espérance, Nasdine Hodja, Teddy Ted, Le Grêlé 7/13 et, bien sûr, Rahan.

Le dessin est d’André Chéret, vigoureux dessinateur réaliste de 72 ans qui abandonna son précédent personnage, Bob Mallard, un aviateur émérite, pour cette aventure naturaliste dont les scénarios sont fondés sur les inventions de l’homme. 3300 planches et 193 épisodes plus loin, Rahan est devenu un mythe qui a fait l’objet, à l’époque de Pif, d’albums hors-série vendus à plus de 300.000 exemplaires au titre (un million pour La Mort de Rahan), et récemment une réédition chez Soleil qui capitalise plus d’un million d’exemplaires vendu, tandis qu’une relance était opérée par le fils du scénariste, Jean-François Lécureux, devenu éditeur de la série, laquelle additionne aujourd’hui 9 tomes supplémentaires.

Depuis le décès de son père le 31 décembre 1999, cet ancien champion de moto qui fabriqua naguère des avions en modèle réduit pour l’armée française assure le scénario de la saga, Il a rajouté une griffe au collier du héros, avec une qualité dans laquelle il se reconnaît : l’ingéniosité. 210.000 albums ont été vendus depuis.

Cette patience est récompensée aujourd’hui par deux intégrales chez Soleil. Une série de 288 pages en noir et blanc qui rassemblera en 5 volumes toutes les aventures du héros blond ; une autre en couleurs de 23 volumes dont le dernier recueille précisément l’ultime épisode signé par le scénariste : Le mariage de Rahan (1999).

Jean-François Lécureux, le fils du scénariste, a repris le scénario de la série. Cet ancien champion de moto allie parfois ses deux passions en apposant la marque Rahan sur ses combinaisons de compétition.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
Le tome 10 des nouvelles aventures de Rahan paraît an juin 2009.
Ed. Lécureux

Une nouvel album aux éditions Lécureux, La Légende de la grotte de Niaux (Tome 10) paraît en juin 2009.

Après une première série de dessins animés fait par France Animation en 1986, c’est Xilam qui la réactualise aujourd’hui (non sans le rhabiller un peu, le personnage étant perçu par les diffuseurs comme « trop érotique ») pour une diffusion sur France 3 (France), Canal Plus (France), RAI (Italie), ZDF (Allemagne), Selectavision (Espagne) qui interviendra également cette année.

Comme on le voit, le personnage de Rahan, quarante ans après sa création, est loin de rejoindre le « royaume des ombres. »

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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22 Messages :
  • Il est curieux que vous ayez soin de préciser dans le chapeau « avec, depuis le début, l’extraordinaire André Chéret au dessin », alors que précisément Chéret a été un temps remplacé (par Roméro et de Huescar). L’actualité n’est peut-être plus à la polémique, mais vous ne pouvez décemment pas écrire que seul Chéret a dessiné Rahan.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 29 mai 2009 à  13:42 :

      Vous avez raison. Mais on ne peut nier que le créateur graphique du personnage est bien André Chéret et qu’il en assure encore aujourd’hui le dessin.

      De la même façon, Blondin et Cirage ont été un court moment dessinés par Hubinon, il n’empêche que, depuis le début, c’est Jijé qui le dessinait.

      Le dessinateur de Rahan est bien Chéret, en dépit de ces péripéties assez anecdotiques.

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      • Répondu le 29 mai 2009 à  15:20 :

        Bien sûr, la place de Chéret n’est pas à disputer ! Restait juste à ne pas omettre de mentionner les petites parenthèses — surtout sur ActuaBD, où on sait être vigilant à l’égard de certaines petites réécritures censées embellir les images dessinées... au point d’en faire des clichés (cf. le 53è anniversaire du petit Nicolas). Merci d’avoir compris mon intervention, Didier.

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  • Juste pour info... la série animée est réalisée par Pascal Morelli, le réalisateur du long métrage Corto Maltese.

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  • On connaît le personnage, une sorte de Tarzan blond au collier de griffes de tigre et au coutelas d’ivoire. Publié dans Pif Gadget, une revue pour la jeunesse inféodée au Parti Communiste Français, il a tout de l’aryen blond dispensant la civilisation au bon sauvage, un cliché colonialiste étonnant pour une obédience communiste

    .
    Franchement, quel est l’intérêt de mettre ce genre de phrases aujourd’hui si ce n’est pour justifier une pseudo-polémique.
    40 ans plus tard, c’est inutile pour deux raisons :
    - SI cela a été dit c’est que Rahan n’a jamais été lu et que tous les blonds sont des aryens. Sic ! L’explication de JFL a toujours été celle des auteurs, à l’époque. De plus les canons de beauté du "système aryen" sont loin d’être applicables à Rahan, à ses débuts.
    Chéret a remarquablement fait évoluer graphiquement son personnage.
    - Les millions de lecteurs, à contrario de critiques bien-pensants, n’ont jamais eu ce genre d’idée. Ils ont toujours pris pour modèle ce personnage humaniste.
    ...

    Quelques remarques sur ces fameuses sorties.
    La première, c’est que JFL a bien fait de reprendre la série "en compagnie" de son père ou non.
    Concernant le DA, je suis par contre effondré par l’évolution du personnage. Ce n’est plus Rahan, loin s’en faut. Son look, les personnages qui gravitent autour de lui.... Les lecteurs ne peuvent se reconnaître. Tout ça pour essayer de toucher un autre public.
    S’il fallait le faire évoluer, il aurait fallu le faire plus tard.
    Quant aux intégrales rouges et blanches de Soleil, ce sont les indispensables pour retrouver la magie de cette série.
    Histoires dessins remarquables. Et en N&B. Le tome 2, par exemple, est composée d’histoires mythiques inoubliables.
    Petit bémol : le manque de rédactionnel. Il doit y avoir des choses à montrer et à raconter, non ?

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 31 mai 2009 à  09:58 :

      Contrairement à vous, nous pensons qu’il est important de renseigner les lecteurs sur le fait que Rahan est né dans un support d’obédience communiste, comme Tintin est né dans un journal catholique. Surtout 40 ans après, alors que beaucoup l’ont oublié.

      Nous aimons aussi souligner cette contradiction : Rahan, c’est le blanc dispensant la science au bon sauvage, un cliché colonialiste de la Troisième République.

      Ces faits dérangent peut-être certains fans comme vous, mais ils permettent de donner au lecteur un éclairage sur le contexte et les possibilités d’interprétation de cette bande dessinée.

      Rien ne vous empêche de vous prosterner devant l’icône. L’exercice du culte est libre dans ce pays.

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      • Répondu par Fred Boot le 31 mai 2009 à  16:46 :

        "Rahan, c’est le blanc dispensant la science au bon sauvage, un cliché colonialiste de la Troisième République."

        Je ne suis vraiment pas d’accord avec ce point de vue : Rahan, est lui-même un "bon sauvage" pour reprendre le concept des humanistes. Un bon sauvage qui apprend par lui-même avant de (tenter de) partager ses connaissances avec ceux qu’ils jugent être ses semblables. Expérimenter pour apprendre, puis partager. Rahan n’a pas de vocation à conquérir l’espace ou les cultures des tribues qu’il rencontre, c’est un errant et non pas un colon.

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        • Répondu par Fred Boot le 31 mai 2009 à  20:44 :

          Juste pour rappel, mes vieux souvenirs d’études de philosophie : le bon sauvage se définie en partie par sa capacité à ne pas s’approprier un territoire de manière privée. C’est à partir du moment que la notion de propriété apparaît que son statut conceptuel change. Rahan, de fait, est vraiment le bon sauvage par excellence.

          En plus, il lui arrive d’apprendre des autres (même d’une tribue noire dès la première aventure).

          Je n’aurais pas envoyé ce genre de type en Afrique en 50, c’est moi qui vous le dit.

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        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 31 mai 2009 à  23:08 :

          Vous avez raison. Mon commentaire était trop simpliste. C’est la filiation avec Tarzan qui me venait à l’esprit. Rahan n’est pas colonialiste. C’est plus subtil que cela.

          Rahan est l’une des rares bandes dessinées où la réflexion politique est présente de façon subtile. Ainsi, dans l’épisode "Le piège à poissons", il y a à la fois une réflexion sur l’acculturation (Rahan tue un Wampa sans se rendre compte que c’est un animal éduqué pour pêcher) ; du coup il apprend la pêche à son interlocuteur, puis au clan.

          Il fait la leçon au chef de clan dans un credo communisto-christique de bon aloi : "Rahan pense que ceux qui marchent debout doivent s’entraider comme s’ils faisaint tous partie du même clan".

          Puis il reçoit une leçon de politique : le chef de clan, qui l’apprécie, doit l’humilier publiquement s’il veut conserver le pouvoir.

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    • Répondu par Sergio Salma le 31 mai 2009 à  11:36 :

      Je trouve la remarque de Mario pertinente. Parce que dans le même ordre d’idée, on ne compte plus les héros de type aryen dans la bande dessinée ! Que ce soit dans la presse catholique , protestante ou autre. Un héros qui est blond , fort et sans reproche n’est pas inventé et calibré par ses créateurs pour devenir un modèle comme dans les films de propagande nazi.

      Pour ma part en tant qu’enfant, je lisais de tout. Et devant Pif Gadget, je ne ressentais pas du tout planer un esprit différent ( vous semblez dire que Moscou faisant bien sûr partie du comité de rédaction hebdomadaire) ; c’est graphiquement que ça m’épatait ; dans les bd humoristiques , on était loin du plein et délié classique, aucune trace d’ école graphique précise. Je trouvais Dicentim culotté et les folies de Poirier très originales. En quoi ces bandes dessinées étaient-elles plus "communistes" que la plupart des bandes dessinées publiées ailleurs ? A ce compte-là , on pourrait très bien faire une lecture politique de tous nos chefs-d’œuvre et il ne faudrait pas beaucoup pour inventer un statut parfaitement collectiviste aux schtroumpfs de Peyo !

      Je crois qu’on cultive un immense malentendu en taxant la presse ou l’édition bd d’inféodation. Même si les liens étaient réels, pourquoi nier que les créateurs jouissent de leur liberté de créateur au sein d’une entité qui elle a son identité. Hugo Pratt a été publié dans Pif. Le rédacteur en chef de l’époque a-t-il indiqué la voie à suivre à l’auteur ?

      Il y a sans doute une étude à faire sur les réalités sociales évoquées dans toutes ces bandes dessinées tous supports confondus. Sans doute trouverions-nous moins de personnages bourgeois( petite famille, automobile , maison 4 façades, haie de séparation ) dans une certaine presse. Il y aurait sans doute une thèse secondaire à écrire quant à la différence entre les bandes dessinées dites réalistes et les bandes dessinées humoristiques. De quoi pouvait-on se moquer, quel était le point commun entre les séries dont on a pu reprocher parfois le côté édifiant ,pureté de coeur, droiture d’esprit, fidélité.

      En attaquant la bande dessinée par ce biais, il reviendrait à dire que des bandes dessinées comme Dan Cooper ou Tanguy et Laverdure étaient pro-militaires, que Michel Vaillant prônait à la fois le culte de la victoire et la puissance de l’industrie automobile et que toutes les deux , puisque les héros étaient beaux et sans défaut, étaient produites pour former la jeunesse.

      Dire que les auteurs furent ainsi guidés par les lignes éditoriales est un raccourci très péjoratif. Il revient d’ailleurs à dire que tous les plus grands auteurs des années 30 à 70 auraient été de simples valais. Alors que justement , de Franquin à Hergé , pour parler des plus grands, ils ont pu créer une oeuvre gigantesque dans ce que certains appellent un carcan.

      Rahan aurait tout aussi bien pu être publié dans Tintin . Son cousin préhistorique Tounga y a d’ailleurs chassé dans les mêmes territoires.

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      • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 31 mai 2009 à  12:36 :

        Un héros qui est blond , fort et sans reproche n’est pas inventé et calibré par ses créateurs pour devenir un modèle comme dans les films de propagande nazi.

        Le mot "aryen" est évidemment ici utilisé avec une pointe d’ironie (je crois que tout le monde l’a bien compris). Et oui, la publicité et d’autres médias formatent un modèle de héros, certes moins suranné, que le profil romain de la propagande nazie, mais qui diffuse de l’idéologie, politique et/ou marchande. Rahan est l’héritier de cette tradition occidentale.

        A ce compte-là , on pourrait très bien faire une lecture politique de tous nos chefs-d’œuvre et il ne faudrait pas beaucoup pour inventer un statut parfaitement collectiviste aux schtroumpfs de Peyo !

        Cela a déjà été fait. Et qu’est-ce le Schtroumpfissime, sinon une fable politique ? Comme les Fables de la Fontaine, d’ailleurs.

        Je crois qu’on cultive un immense malentendu en taxant la presse ou l’édition bd d’inféodation. Même si les liens étaient réels, pourquoi nier que les créateurs jouissent de leur liberté de créateur au sein d’une entité qui elle a son identité. Hugo Pratt a été publié dans Pif. Le rédacteur en chef de l’époque a-t-il indiqué la voie à suivre à l’auteur ?

        Personnellement, je n’ai jamais lu une case de Rahan où il dit : "Mon Dieu !". La censure de la Loi de 1949, votée par les Catholiques et les Communistes à la Libération, s’est employée à éradiquer toute allusion choquante. Franquin, Goscinny, Morris, Sirius, Tillieux, Jacobs, etc. ont tous été en butte avec cette fameuse commission qui réprimait durement les bandes dessinées américaines. Ils s’en plaignaient ouvertement. Rien n’est anodin.

        Sans doute trouverions-nous moins de personnages bourgeois( petite famille, automobile , maison 4 façades, haie de séparation ) dans une certaine presse.

        Dans la mesure où (je cite de mémoire) 75% des Français vivent dans une maison familiale individuelle, non.

        En attaquant la bande dessinée par ce biais, il reviendrait à dire que des bandes dessinées comme Dan Cooper ou Tanguy et Laverdure étaient pro-militaires, que Michel Vaillant prônait à la fois le culte de la victoire et la puissance de l’industrie automobile et que toutes les deux , puisque les héros étaient beaux et sans défaut, étaient produites pour former la jeunesse.

        Mais évidemment. Le film Tanguy et Laverdure a été financé en grande partie par l’armée française. Evidemment qu’ils sont "pro-militaires". De même Michel Vaillant est une série à la gloire de l’industrie automobile.

        de Franquin à Hergé , pour parler des plus grands, ils ont pu créer une oeuvre gigantesque dans ce que certains appellent un carcan.

        Tu ne peux nier les faits. Plusieurs témoignages concordent qui racontent qu’un ecclésiastique a longtemps émargé à la rédaction du journal de Spirou.

        Hergé envoie Tintin chez les Soviets sur la suggestion de son rédacteur en chef et sa vision de la Chine a été orientée par un missionnaire. Tintin au Congo opérait dans le contexte de la colonisation de l’Afrique. Tout ceci est incontestable.

        Rahan aurait tout aussi bien pu être publié dans Tintin . Son cousin préhistorique Tounga y a d’ailleurs chassé dans les mêmes territoires.

        Mais pas de la même façon. La ligne politique est visible dans bien de ses scénarios. Ce qui ne veut pas dire que les valeurs proposées sont nulles et non avenues d’ailleurs.

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        • Répondu par Mario le 31 mai 2009 à  17:24 :

          Comme prévu, on va plus parler de ces mots qui ont été choisi de façon très "volontaires".
          Je suis atterré par cette façon de voir cette BD ainsi que par le "mépris" de ses lecteurs en faisant croire que nous pouvons nous prosterner devant l’icône.
          Le problème de ce genre de critique intellectuelle est qu’elle est faite à postériori.
          Jamais dans vos réponses, vous ne vous mettez au niveau des lecteurs.
          Jamais, vous ne vous dites que nous avons apprécié Rahan, lorsque nous étions enfants ou ados, parce que c’était l’aventure et l’amitié entre les peuples qui prédominaient.
          C’est à ce demander si, un jour, enfant, vous avez lu Rahan. Même adulte.
          Vous ne vous rendez même pas compte que le plus souvent, ce sont les personnages rencontrés qui en sont les vedettes.
          Un exemple marquant qui me vient à l’esprit : Le signe de la peur.
          Le héros de l’Histoire est un homme noir qui va au-delà de ses appréhensions. Où est la domination du Blanc ? Où est le pseudo-racisme qu’on pourrait y trouver. Le héros est Noir. Vouloir faire une lecture politique de la BD, sauf si elle est faite dans ce sens, est franchement inutile. Le public s’en fiche.

          Je suis bédéphile depuis 40 ans, et je lis de la BD parce que c’est de la BD. Simple, amusante, voire "pédagogique"...
          Si je veux du dessin politique, je vais lire Charlie, Hara et autres Siné.

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          • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 31 mai 2009 à  23:21 :

            Le problème de ce genre de critique intellectuelle est qu’elle est faite à postériori. Jamais dans vos réponses, vous ne vous mettez au niveau des lecteurs. Jamais, vous ne vous dites que nous avons apprécié Rahan, lorsque nous étions enfants ou ados, parce que c’était l’aventure et l’amitié entre les peuples qui prédominaient.

            Je ne méprise pas le lecteur, je réclame juste le droit à l’interprétation (après, libre à vous de la contester et les échanges ci-dessus montrent que je peux modifier mon point de vue).

            Franchement, croire qu’il n’y a pas d’intention politique dans Rahan, c’est aussi mépriser le travail du scénariste qui savait très bien quelles valeurs il voulait dispenser. Manifestement pas celles du libéralisme et de l’argent-roi.

            Un exemple marquant qui me vient à l’esprit : Le signe de la peur. Le héros de l’Histoire est un homme noir qui va au-delà de ses appréhensions. Où est la domination du Blanc ? Où est le pseudo-racisme qu’on pourrait y trouver. Le héros est Noir.

            Et le personnage qui est dans l’erreur, contrairement à Rahan, dans votre exemple est noir. CQFD.

            Vouloir faire une lecture politique de la BD, sauf si elle est faite dans ce sens, est franchement inutile. Le public s’en fiche.

            Mais elle EST faite dans ce sens. C’est insulter les auteurs que de croire le contraire. C’est ma thèse, du moins. Qui êtes-vous pour connaître les goûts du public, et ceux des lecteurs d’ActuaBD ?

            Je suis bédéphile depuis 40 ans, et je lis de la BD parce que c’est de la BD. Simple, amusante, voire "pédagogique"... Si je veux du dessin politique, je vais lire Charlie, Hara et autres Siné.

            Il est erroné de croire qu’une littérature pour enfants, ou de distraction, ne diffuse pas de l’idéologie.

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            • Répondu le 1er juin 2009 à  12:43 :

              Franchement, croire qu’il n’y a pas d’intention politique dans Rahan, c’est aussi mépriser le travail du scénariste qui savait très bien quelles valeurs il voulait dispenser.

              Si des valeurs d’amitié, de fraternité, d’échanges culturels sont le seul apanage du Parti Communiste, c’est à désespérer du reste.
              Ou alors, nous avons raté le coche en ne vivant pas sous ce régime.
              Vous nous avez ouvert les yeux, cher Didier. ;o)

              Manifestement pas celles du libéralisme et de l’argent-roi.

              ça, c’est sûr, à cette époque.... Mort de rire.

              Qui êtes-vous pour connaître les goûts du public, et ceux des lecteurs d’ActuaBD ?

              Je suis simplement un lecteur de Rahan. Je l’ai été et je le suis encore. Simplement, pourquoi ?
              Comme je l’ai déjà évoqué, je lis Rahan pour ce qu’il véhicule. Lorsqu’on lit d’autres séries provenant d’autres obédiences, puisque vous aimez bien le terme, ces valeurs humaines sont également véhiculées.
              Mais quand j’évoque ceci, je me replace en tant que lecteur, pas en tant que critique adulte.
              On le voit bien avec Tintin qui développe autour de lui, tout et n’importe quoi. demain, on va trouver une étude sur le port et la couleur de ses chaussettes.

              Lisons de la BD, simplement.

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        • Répondu le 31 mai 2009 à  18:38 :

          Précision quant au physique de Rahan : j’ai interviewé très récemment André Chéret (film visible dans une quinzaine de jours) et il me racontait qu’il avait proposé en 1968 (période baba-cool, ne l’oublions pas !) à la rédaction de "Vaillant" un personnage de gaulois (version "réaliste" d’Astérix ?), blond à cheveux longs et à moustache, et que Roger Lécureux l’a adopté pour le transformer en Rahan - personnage qu’il venait de créer. Devenu imberbe, Rahan a néanmoins gardé le collier prévu par Chéret, et qui est devenu mythique... (juste pour dire à quel point André Chéret est le créateur de l’identité visuelle de Rahan !)
          Et évidemment, quand on connait les récits de Lécureux, le terme "colonialiste" pour parler de ce personnage est à contresens ! D’ailleurs, Rahan ne fait que passer et ne cherche jamais à s’imposer, sinon à partager avec les tribus rencontrées ses multiples découvertes...

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          • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 31 mai 2009 à  23:39 :

            Et évidemment, quand on connait les récits de Lécureux, le terme "colonialiste" pour parler de ce personnage est à contresens ! D’ailleurs,

            Vous avez raison, je bats ma coulpe. D’ailleurs, je parlais d’un cliché contradictoire avec le support, à savoir le mythe colonialiste de Tarzan.

            Il est évident que les valeurs humanistes de Rahan prévalent sur toutes les interprétations politiques que l’on peut y déceler. C’est ce qui en fait sa pertinence aujourd’hui. Notre article était là pour le rappeler. Inutile de nier l’obédience communiste du journal : Elle est directement responsable de cet état d’esprit, pour le coup positif.

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            • Répondu par Fred Boot le 1er juin 2009 à  03:12 :

              Inutile de nier l’obédience communiste du journal : Elle est directement responsable de cet état d’esprit, pour le coup positif.

              Mais peut-on parler d’obédience communiste concernant Pif Gadget ? Le mot "obédience" correspond à une notion de soumission et d’obéissance, le terme me paraît quand même bien fort. Hervé Cultru à la fin de son ouvrage sur Vaillant évoque d’ailleurs "les derniers feux du politique" pour qualifier l’évolution que sera Pif Gadget en 69. Richard Medioni rappelle de son côté l’indépendance éditoriale de la revue par rapport au PCF. Ceci ne veut d’ailleurs pas dire que les deux hommes nient le terreau politique qui aura vu la naissance de cette presse dite "progressiste" et de ses fondamentaux.

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              • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 1er juin 2009 à  09:36 :

                Mais peut-on parler d’obédience communiste concernant Pif Gadget ? Le mot "obédience" correspond à une notion de soumission et d’obéissance, le terme me paraît quand même bien fort.

                C’est évident. On ne verra pas dans Pif une vie de saint, une biographie du Maréchal Leclerc ou la moindre critique du régime communiste, même symbolique comme dans "L’Affaire Tournesol", "QRN sur Bretzelburg" ou "La Patrouille des Castors : la Couronne cachée".

                De la même façon, "Le Grêlé 7-13" perpétuait la gloire d’une Résistance où le PCF a joué un rôle majeur.

                Maintenant que les créateurs soient en accord avec la ligne du journal, c’est bien possible. Il y a avait un cadre idéologique, tout le monde savait que le journal était communiste, qu’il y avait des règles à ne pas transgresser. Il doit y avoir sûrement des exemples d’auteurs qui sont allés trop loin. Le fait qu’ils n’aient jamais témoigné n’apporte pas la preuve qu’ils n’existaient pas.

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                • Répondu par Fred Boot le 1er juin 2009 à  11:39 :

                  Pas de saints, pas de critique du régime politique communiste, certes... Mais on ne voit pas non plus dans PG de séries comme Fils de Chine ou des frondes anti-capitalistes voire anti-américaines comme on en trouvait au détour de Vaillant parfois. La laïcité est l’un des fondamentaux du journal, mais sincèrement son contenu reflêtera de moins en moins au fil des années une quelconque obédience communiste, se concrentrant vers la fantaisie et la pédagogie de la découverte. Je ne suis pas sans connaître le dogmatisme dont a pu faire preuve le PCF durant les années Marchais (qui arrive sur le devant de la scène en 70, presque au même moment que Pif gadget ! :) ), et si le parti avait tenu en laisse Pif Gadget cela se sentirait vraiment beaucoup plus.

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                  • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 1er juin 2009 à  12:28 :

                    C’est oublier, cher Fred, l’air du temps. Le PCF est alors (déjà) en crise permanente : crise du modèle sous les coups de boutoir du PC italien et face à la calcification du modèle soviétique ; divergences sur la stratégie à mener par rapport à l’Union de la gauche ; crise par rapport à la base (en Mai 68, le PCF n’est pas forcément du côté de la révolte). Ensuite, on est sous Pompidou et Giscard dans un contexte de libération des mœurs, innervé par un gauchisme libertaire.

                    Il aurait été malvenu de se montrer autoritaire. Mais des œuvres comme Fils de Chine ou Les Pionniers de l’Espérance (années cinquante) sont clairement dans la ligne du parti.

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              • Répondu par Rouchairoles Marc le 3 juin 2009 à  09:54 :

                Il y a un DVD sur Pif gadget et Rahan :

                Voir en ligne : http://www.monac1.org/catalogue/rou...

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  • Pluie d’albums et dessin animé pour les 40 ans de Rahan
    2 juin 2009 13:42, par André Bleu-Gris

    Bonjour,
    J’éviterai de rentrer dans la polémique politique (ou j’avoue une incompétence sincère) pour aborder la question des déclinaisons de Rahan : il y a quelques années (au moins quatre ans déjà), le magazine Animeland avait publié (alors en avant-première) les premières images de la série animée, déjà produite par Xilam et réalisée par Pascal Morelli (dont le Corto Maltese est esthétiquement beau, mais dont l’histoire, mal servie par des dialogues et des doublages ineptes, est assez médiocre). Il avait été question à l’époque, de la bouche même de Marc de Pontavice, le PDG de Xilam, d’un long métrage réalisé par Christophe Gans et de jeux vidéo sur plusieurs plateformes. Je vois avec regret que finalement seule la série animée a survécu à la démarche. C’est d’autant plus dommage que Rahan est un matériel de premier choix pour des films "brutes" et "intenses", à la manière d’Apocalypto de Mel Gibson.

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