Nous voilà à présent à suivre trois intrigues parallèles, et plus divergentes que convergentes, contrairement aux us d’une narration classique. Alana et Marko poursuivent ainsi chacun, séparément, leur chemin et tôt dans le volume, Hazel, la narratrice, annonce qu’elle ne reverra son père que bien des années plus tard.
L’univers de Saga s’étend à mesure que les personnages s’éloignent les uns des autres, qu’ils se dispersent dans l’espace comme après une gigantesque déflagration dont l’impulsion initiale continuerait de peser sur les destinées des protagonistes de cette vaste fresque.
Hazel et sa mère, désormais aux mains de Dengo, l’homme-robot révolutionnaire, se trouvent plongées dans une intrigue plus politique que jamais tandis que Marko rumine son chagrin et nourrit sa rancœur en compagnie du Prince Robot. Et à leur errance sidérale répond la quête précise, mais sans cesse compliquée, du trio féminin cherchant à remettre le Testament sur pied.
La qualité de Saga tient tout à la fois à l’univers graphique, foisonnant, imaginée par Fiona Staples, à sa narration, maîtrisée, et aux thèmes abordés, matures. La science-fiction fournit un cadre souple susceptible de ménager de véritables espaces de liberté, d’autoriser une certaine audace dans les propos développés. Il y tient lieu de prétexte pour permettre à Brian K. Vaughan d’aborder des préoccupations intimes, notamment liées à la paternité, ainsi qu’il nous l’expliquait récemment.
La guerre et le sexe occupent ainsi encore une fois la plus grande part des débats, sous des formes très diverses. Mais Il sera également question, d’avortement, d’emportement, de culpabilité, de bad trip, et surtout, et c’est en fin de compte le fil rouge de ce volume, de sacrifice. Car si nos trois intrigues abordent chacune des rivages différents, nous retrouvons dans leur sillage des enjeux similaires, une dramaturgie en écho, comme trois variations d’une même mélodie.
Avec ce cinquième volume Saga continue de séduire et d’impressionner, et l’on souhaite, comme les auteurs, que l’aventure se prolonge indéfiniment.
(par Aurélien Pigeat)
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Saga T5. Par Brian K. Vaughan (scénario) et Fiona Staples (dessin). Traduction Jérémy Manesse. Urban Comics, collection Indies. Edition originale : Image Comics. Sortie le 23 octobre 2015. 160 pages. 15 euros.
Au sujet des auteurs et de Saga :
Lire un entretien avec Brian K. Vaughan et Fiona Staples
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