Un an après un tremblement de terre, un marchand du Temple de Jérusalem fait dégager son cellier dont l’entrée avait été recouverte suite au séisme. Dans le cellier gît un cadavre à la gorge tranchée. L’un des ouvriers fait rapidement appel au dayan (juge) Shimon, qui va se trouver emporté dans une enquête impliquant les Sicaires, nationalistes juifs combattant l’occupation romaine par des moyens que l’on qualifierait de nos jours de terroristes. En effet, sur le mort se trouvait un poignard typique de ces assassins (dont le nom provient du latin "sica", "poignard"). Shimon va petit à petit découvrir les liens qui unissaient le mort à ce groupe, ses propres convictions lui rendant sympathiques leur but, tout en lui interdisant d’adhérer à leurs méthodes.
Si le contexte politico-historique est intelligemment mis en scène par Fred Le Berre, le scénariste, qui procède par petites touches, les personnages de cette histoire restent cependant assez peu développés - quelques apartés comme ceux concernant le jeune disciple de Shimon, qui semble avoir du succès auprès de la gente féminine, ne sont évidemment pas suffisants. Espérons que pour le deuxième tome, l’intéressante intrigue déjà clairement mise en place, les personnages prendront plus d’importance.
Le dessin de Michel Rouge contribue grandement au plaisir de lecture : son trait, toujours dans la lignée Giraud/Rossi, est aussi soigné pour les décors, les vêtements ou les habitations, que pour les personnages eux-mêmes. Un beau travail de documentation, au service d’une narration solide et sobre (ce qui fait d’autant plus ressortir l’unique problème d’un dialogue qui se continue entre deux cases lors d’un changement de scène, alors que manifestement, plusieurs minutes se sont écoulées).
Simon de Samarie s’annonce donc comme une série agréable et dépaysante. Comme l’intérêt de l’histoire est renforcé par le contexte politique qui ne semble pas innocent, il ne reste plus aux auteurs qu’à prendre le temps de proposer aux lecteurs des personnages plus vivants pour faire de cette série une vraie réussite.
(par François Peneaud)
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A noter que la collection Dédales proposera des séries aux histoires assez courtes, généralement en deux volumes. Une façon de se démarquer de la plupart des séries BD ?