Pouvez-vous revenir sur la genèse de la création de la maison Fumetti ? Est-ce un projet venant de la mairie de Nantes, des auteurs de bande dessinée locaux, des éditeurs et des autres acteurs du Neuvième Art dans la région ?
Maison Fumetti est née en 2016 d’une initiative des éditions Vide Cocagne, vite rejointes par les collectifs Radio as Paper, Professeur Cyclope et Oasis 4000, et des auteurs·trices, des libraires… Avec l’envie de travailler avec la scène graphique de la région nantaise, pour la rendre plus visible du grand public, et lui fournir des outils pour se professionnaliser.
Pourquoi avoir adopté ce nom ? Avez-vous des liens particuliers avec la bande dessinée italienne ?
Le nom vient du festival Fumetti, créé dès 2010 ; avec Maison Fumetti, c’est le festival toute l’année… Nous n’avons pas de liens spécialement avec la bande dessinée italienne. Ce nom signifie plutôt que nous aimons aborder la bande dessinée d’une manière curieuse, et la plus ouverte possible.
Peu d’associations liées à la bande dessinée disposent en France de locaux : c’est par exemple le cas de la Maison de la BD, à Blois, mais c’est encore exceptionnel dans l’Hexagone. Pouvez-vous nous présenter vos locaux ? Comment travaillez-vous avec la bibliothèque municipale de la Manufacture ?
Nous sommes installés dans l’ancienne Chaufferie de la Manufacture des tabacs, que nous partageons avec la bibliothèque municipale ; nous disposons d’un espace pour accueillir nos cours, d’un atelier pour les auteurs·trices, et de bureaux.
La cohabitation avec la bibliothèque est variée, elle nous permet d’alimenter nos activités avec un fonds très riche de bandes dessinées, mais aussi de croiser nos propositions d’actions culturelles, d’expositions… Le fonctionnement est lui aussi enrichissant, c’est très intéressant de faire se rencontrer une association et une institution, aux temporalités et aux moyens très différents.
L’une de vos missions est de fédérer la scène régionale. Par quels biais cela passe-t-il ?
Par plusieurs choses :
Concrètement, qui porte au quotidien la structure ? Avez-vous des salariés ? Le CA et les bénévoles sont-ils majoritairement des auteurs de bande dessinée ?
Le CA (une douzaine de personnes) est constitué de 30 à 50 % d’auteurs·trices ; le reste est composé d’éditeurs·trices, de libraires, de bibliothécaires, de professionnels de la culture… Ils s’engagent bénévolement sur de nombreuses actions ; un deuxième groupe d’une douzaine de personnes, majoritairement des auteurs·trices, travaille à l’année sur le festival.
Et ces deux groupes s’appuient sur deux coordinateurs salariés, eux-mêmes issus de la bande dessinée nantaise.
Vous organisez plusieurs expositions chaque année : est-ce plutôt des expositions autour d’un auteur ou d’une thématique ? Ces expositions sont-elles toujours présentées dans les locaux de la maison Fumetti ?
Tout ça à la fois ! Nos expositions peuvent se focaliser sur le travail d’un·e auteur·trice, comme celle que nous préparons sur Blexbolex, voire sur un aspect précis de son travail, comme ce sera le cas avec l’exposition Sumos, de David Prudhomme ; mais elles peuvent aussi porter des regards croisés sur plusieurs œuvres, avec des approches graphiques ou thématiques.
Jusqu’à présent toutes ont été présentées à Maison Fumetti, l’exposition Sumos sera la première à se tenir en dehors de nos locaux.
Des artistes ont leur atelier à la maison Fumetti : sont-ils en résidence ?
L’atelier « Manu Manu » accueille six auteurs·trices à l’année : un seul est en résidence, au printemps, avec un dispositif indemnisé mêlant temps de création et d’action culturelle.
Les cinq autres sont simplement « hébergés », avec des conditions beaucoup plus souples : pas de loyer, la mise à disposition de matériel et la participation à la vie de l’association…
Avez-vous une activité pédagogique ? Travaillez-vous avec des écoles ou donnez-vous des cours de bande dessinée ?
Nous animons de nombreux ateliers de bande dessinée pour différents publics : lors de manifestations, en milieu scolaire, hospitalier ou encore pénitentiaire… Nous proposons également des stages ponctuels à Maison Fumetti, et surtout des cours du soir à l’année, jusqu’à présent dispensés par l’auteur Olivier Josso Hamel.
Toutes ces activités s’adressent aux dessinateurs·trices de la région, sans exigence de niveau.
Une fois par an, vous organisez un festival : quelle est sa philosophie et quelle forme prend-il ?
Entièrement gratuit, le festival Fumetti se veut explorateur de bande dessinée curieuse, aussi bien sur le fond que sur la forme ; l’ambition est de créer un moment chaleureux, autour de la bande dessinée mais aussi de l’illustration, de l’animation, de la musique… où le public est invité à côtoyer les artistes avec des rencontres, des ateliers, ou encore des concerts dessinés.
Participez-vous également à des projets éditoriaux ? Avez-vous pour ambition d’éditer de la bande dessinée ?
Dans la scène locale où nous travaillons, il y a déjà plusieurs collectifs ou maisons d’éditions intéressantes, et complémentaires : Ici Même, Rouquemoute, Vide Cocagne, Polystyrène, Petit à petit, mais aussi des structures plus petites comme Paper Cut, L’Amour, Novland, J’apprends ou Patayo… À part les fanzines réalisés pendant le festival, l’édition n’est donc pas aujourd’hui un des projets de Fumetti.
Vous organisez également des Antipasti : pouvez-vous nous présenter ce format ?
Les Antipasti sont les rencontres d’auteurs et d’autrices à la sauce Fumetti : sous la forme d’une discussion qui s’appuie sur de nombreux visuels, on y aborde une carrière de manière chronologique, depuis les dessins d’enfance jusqu’aux projets d’avenir, en passant par les premières publications, la méthode, parfois les pratiques artistiques liées… Les Antipasti sont captés et ensuite visibles sur notre site internet.
Vous êtes à l’origine de différents spectacles, qui peuvent tourner ensuite, et vous organisez différentes manifestations : pourriez-vous nous parler de celles à venir ?
L’année à venir va être très riche pour Fumetti, avec près d’un évènement par mois de janvier à décembre 2020, et de nombreux partenariats nantais avec le Château des Ducs de Bretagne, le Lieu Unique, le Pannonica, la Soufflerie ou encore des bibliothèques de l’agglomération…
Et dès le 14 décembre, une soirée dessinée avec une belle équipe composée de Fabcaro, Fabrice Erre, Émilie Plateau, Gilles Rochier et Tanx, dans le cadre de l’exposition présentée à la médiathèque de Saint-Sébastien-sur-Loire.
(par Tristan MARTINE)
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