On se souvient des matchs de catch labellisés Mutafukaz qui ont eu lieu à Japan Expo 2008. On connaît aussi les concerts de dessins d’Angoulême et d’ailleurs. Dans la catégorie « bande dessinée spectacle », le Chess Boxing fait partie des disciplines qui ont le vent en poupe. À quand une manifestation en France ?
L’idée de base est d’allier le premier des sports cérébraux, les échecs, avec l’un des sports les plus physiques qui soit, la boxe. Les matchs commencent par une partie d’échecs (un jeu de blitz avec un temps chronométré) et se poursuivent par un match de boxe, et ainsi de suite, soit onze rounds, six d’échecs et cinq de boxe. Un round d’échec dure quatre minutes, un round de boxe trois minutes avec une minute de pause entre chaque combat.
Le combat est gagné quand on met son adversaire échec et mat, s’il a dépassé le temps requis pour la partie d’échec (zeitnot), s’il y a abandon de l’une des parties, si un adversaire est KO (en boxe), ou par décision de l’arbitre (boxe). Si la partie d’échecs se termine par un pat, c’est le plus grand décompte de points (poings ?) en boxe qui désigne le vainqueur. En cas de complète égalité, c’est le détenteur des noirs qui est désigné vainqueur. Comme dans les disciplines respectives, des catégories de joueurs (poids lourd, poids plume, etc.) mettent en présence des joueurs de force comparable ayant déjà un certain niveau en boxe, comme aux échecs.
Le créateur du Chess Boxing est le performeur artistique hollandais Iepe Rubingh s’inspirant de la bande dessinée d’Enki Bilal, Froid équateur (1992, publiée chez Casterman), l’un des épisodes de la célèbre Trilogie Nikopol dans lequel le dessinateur décrivait ce sport dans le contexte d’un Paris futuriste complètement déglingué. Rubingh imagina d’organiser un match dans une galerie d’art à Amsterdam. « C’est un artiste conceptuel, nous dit le journaliste et photographe Cyril Cavalié, qui participa à l’organisation, à l’instigation du Grand Maître des échecs français Jean-Luc Chabanon, de la seule manifestation française de ce sport qui ait jamais eu lieu en France, aux Utopiales de Nantes en 2006. Il pratiquait les échecs depuis l’enfance et a découvert la boxe à l’université. Il s’est souvenu de l’album de Bilal et a créé cette discipline. »
Il fonde ensuite une organisation mondiale de Chess Boxing, la CWBO, avec à la clé un premier championnat du monde à Amsterdam remporté par… Rubingh lui-même. Ce qui ressemble au début à une performance artistique, sinon à une plaisanterie de potache, devint rapidement un phénomène mondial.
La discipline est aujourd’hui présente sur les cinq continents et des fédérations existent en Allemagne, en Angleterre et en Bulgarie. Selon Cyril Cavalié, Bilal serait ravi de l’initiative mais il n’a pas encore été invité à assister à un match. Les organisateurs qui lancent le 6 septembre prochain leur championnat d’Allemagne à Cologne savent ce qu’il leur reste à faire.
LE CLIP DE LA WBCO
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Le site de Cyril Cavalié sur le Chess Boxing
Le site de la fédération internationale de Chess Boxing
Un article de Télérama sur le Chess Boxing
En médaillon : Le Grand maître international de jeu d’échecs Jean-Luc Chabanon, promoteur du chess boxing en France. Photo © Cyril Cavalié