Tout western suppose un certain nombre de figures imposées : poursuite à cheval, pendaison, saloon, petite bourgade…
Romance et western
Dans les personnages principaux, nous retrouvons ici un shérif et un marshall, l’un naïf et amoureux, l’autre aussi peu recommandable que les bandits, pilleurs de banques, qu’il poursuit.
L’héroïne à la chevelure rousse a repris le restaurant de son père, après la disparition de celui-ci. A la belle irlandaise, la poularde aux lentilles est aussi réputée que le caractère de la cuisinière.
Le gentil (précédemment surnommé le crevard pour deux raisons bien différentes) tombe immédiatement sous le charme de Molly.
S’ajoutent des personnages secondaires, haut en couleur, notamment Teresa la borgne et Pio Linarez, outlaw amoureux qui revient se venger.
Western young adult selon l’éditeur, la teigne et le gentil sont donc faits l’un pour l’autre. Mais, il y aura des des rebondissements.
On notera aussi des références à des préoccupations plus contemporaines : violences conjugales, place et rôle du père (biologique, de substitution), violence légitime (au sens légal), le mélange de nationalités (le figurant asiatique page 24, Mélisse, la mère de Molly…), la possibilité de se racheter.
Une BD cinématographique
Certains cadrage font penser au cinéma : nombreux gros plans sur un regard (pages 12,15, 23, 35, 42, 50, 55) à la mode du western spaghetti ; scène spectaculaire dans une église (page 20) ; souvenirs d’enfance en noir et blanc (pages 18 et 51). A l’inverse, la scène des deux personnages dans la rue sous la pluie (page 34) ne montre pas un duel mais détourne la scénographie traditionnelle du western pour raconter une rupture (provisoire, que le lecteur se rassure).
Des situations et des textes qui font sourire
Les dialogues participent au plaisir de la lecture en apportant la touche d’humour nécessaire et le sens de l’autodérision de Gentil empêche la mièvrerie qu’aurait pu impliquer une telle romance.
Par exemples :
« Un cactus ?.
Quoi ? T’aimes pas ?
Personne n’aime les cactus. C’est bourré d’épines.
Ben… Ça m’a fait pensé à toi. » (page 12)
« C’est toujours pareil ! Dès qu’un gars s’intéresse à mon resto, c’est pour me mettre dans son lit
Les hommes c’est comme les mouches, faut faire avec. » (page 9)
Les pensées des personnages font mouche : « Est-ce que le changement peut se faire sans violence ? Avec une tasse de thé et une poignée de main ? » (page 54).
Cela donne un album malin et plaisant. A lire avant la sortie du tome 2 prévue en août prochain !
Voir en ligne : Site d’Augustin Lebon
(par Christian GRANGE)
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