Un matin, Antonio Altarriba Lope, 90 ans, décide de mettre fin à ses jours en sautant du quatrième étage de sa maison de retraite, réalisant un envol qu’il a espéré toute sa vie. Entre ses premières années de jeunesse et ce saut, il y a toute une vie que son fils décide de retranscrire sous la forme d’une bande dessinée.
Pour ce faire, il dispose de ses souvenirs, des nombreux récits racontés par son père et un manuscrit qu’il a laissé et qui raconte les épisodes douloureux d’une vie qui part de Peñaflor, en Aragon, et qui traverse les grands moments de l’histoire de l’Espagne au XXe Siècle : la dictature de Primo de Rivera, la chute de la monarchie et l’avènement de la Seconde République suivi de la Guerre civile et de la Seconde Guerre mondiale, enfin la dictature de Franco, la fuite en France et son accueil concentrationnaire...
C’était seulement il y a cinquante ans et la période de résilience est terminée pour les acteurs et les témoins de ces années terribles.
Mais si elles aboutissent à l’échec et l’humiliation de plusieurs générations, Antonio Altaribba n’oublie pas que ces années-là furent aussi celles où les convictions politiques se forgent à l’épreuve du feu, creuset d’une dignité qu’aucun régime autoritaire n’a pu contraindre.
Le dessin de Kim, austère et sensible, sert très intelligemment un texte d’une parfaite sincérité (et très bien traduit par Alexandra Carrasco), page admirable de l’identité européenne.
C’est un livre qui a été distingué par le prestigieux Premio Nacional de Comic.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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