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Bidouille & Violette - "Chronique mélancomique d’un premier amour" -Par Bernard Hislaire - Glénat

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 novembre 2013                      Lien  
Le mot-valise figurant en sous-titre de cette intégrale des amours de Bidouille et Violette résume parfaitement ce livre : nous sommes bien dans le registre mélancolique et comique. Mais en fait, bien au-delà : Il s'agit de l'un des moments les plus marquants de la bande dessinée belge des années 1980.

Les lecteurs de BD oublient souvent l’histoire, surtout quand les propagandistes d’une quelconque nouvelle bande dessinée tentent de leur faire accroire que seule une certaine catégorie du 9e art est capable de faire bouger les lignes de la créativité.

La bande dessinée belge ne les a pas attendus pour se rendre compte que le modèle élaboré avec succès dans les années 1950 et qui triomphe dans les années 1970-1980 risque d’être frappé d’obsolescence, que l’on ne gagne rien à cloner indéfiniment Franquin, Jacobs ou Hergé. Surtout, une jeune génération (et pas seulement elle : quelques grands anciens aussi, Franquin le premier) se rend compte qu’elle aura du mal à croître sous de tels monuments s’ils ne cherchaient pas leur voie ailleurs.

Hislaire à été parmi les premiers à opérer cette métamorphose. En feuilletant les premières planches de Bidouille & Violette, on voit bien d’où il vient : d’une tradition de trait héritière de Franquin, de Peyo, de Will et de Roba, déjà modernisée par Walthéry et Wasterlain. C’est clairement de la matrice de ce dernier qu’est issu le dessin d’Hislaire pour Bidouille & Violette mais il s’en écarte bientôt pour trouver sa propre voie, comme d’autres auteurs de sa génération : Geerts, Frank Pé, Darasse, Bosse...

Une voie laborieuse qui passe par un travail de stylisation où le sentiment et la poésie ont libre court mais où le doute s’insinue de façon d’autant plus pernicieuse que du côté des éditeurs du Journal de Spirou, on a perdu tous les repères. Les éditions Dupuis, et on les comprend, veulent perpétuer le succès des Schtroumpfs qui vivent dans ces années-là un succès triomphal ou encore celui des autres grands auteurs de la maison. Ils ne voyaient pas bien comment, de cette histoire aux apparences un peu mièvres, à la stylisation exacerbée, ils pouvaient tirer un gros succès commercial dont on pourrait décliner des peluches et des programmes TV. Ils ne savaient pas encore que la bande dessinée allait toucher un public féminin de plus en plus important, notamment avec les mangas Shôjô. Quel manque de clairvoyance !

Aussi incertain de sa séduction que son héros, Hislaire quitta Dupuis, Bidouille & Violette, et le dessin humoristique pour aller chez Glénat, avec une série réaliste et avec une histoire d’amour nettement plus adulte : Sambre. Mais cela, c’est une autre histoire...

En attendant, retrouvez ces pages, excellemment éditées par Glénat dans une intégrale qui comporte bon nombre d’inédits, pour constater qu’elles n’ont aucunement vieilli. C’est que la passion du dessin, comme l’amour, est éternel.

Bidouille & Violette - "Chronique mélancomique d'un premier amour" -Par Bernard Hislaire - Glénat

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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6 Messages :
  • "...on a perdu tous les repaires". Les repaires peut-être pas, mais les repères sûrement ;-)

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 novembre 2013 à  21:07 :

      Vous avez repairé une jolie coquille ;)

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  • Magnifique ouvrage de Bernard Hislaire, auteur talentueux, mais la somme à débourser pour acquérir cette intégrale est trop importante pour moi. Je ne suis pas un expert en marketing mais ne serait-il pas plus judicieux de publier les 4 albums individuellement ? Bien entendu, au final, le montant serait légèrement plus élevé mais cela nous permettrait de pouvoir les acheter un par un quand la situation financière le permet.

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    • Répondu le 4 décembre 2013 à  01:28 :

      Heureusement qu’ils l’ont à la bibliothèque, je vais pouvoir le lire pour un peu moins cher que 36 euros !

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      • Répondu par Oncle Francois le 4 décembre 2013 à  12:37 :

        Vous avez raison, les bibliothèques (ou pour faire moderne, maintenant médiathèque. Pas en toc, j’espère ?) sont une façon agréable et le plus souvent utile d’approfondir son patrimoine lecture de façon gratuite et peu encombrante. A la limite, c’est une des façons les plus agréables qu’ont nos dirigeants pour dépenser l’argent de nos chers impôts. Donc, vous avez envie de vérifier l’intéret d’une nouveauté recommandée par la presse ou sur le net, faites comme-moi :

        1 : je prends le livre et m’installe confortablement pour le lire, dans la bibliothèque.

        2 : après dix pages, le verdict ! Soit j’ai envie de le lire en entier, et je l’emprunte pour le lire en toute quiétude, à mon domicile.Soit ce n’est pas ma tasse de thé, et je le laisse aux autres.

        3 : il peut arriver que je fasse de véritables découvertes. Dans ce cas, je veux que le livre reste en permanence à mon domicile, pour pouvoir le relire à ma guise. Dans ce cas, l’achat s’impose à la prochaine visite à mon libraire.

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        • Répondu par Sebastien le 10 décembre 2013 à  17:04 :

          Oui, merci pour les conseils, moi aussi j’apprécie le calme et la quiétude des bibliothèques et en effet, c’est souvent l’occasion de découvrir l’album et se faire une opinion en lisant les premières pages. Maintenant, concernant Bidouille et Violette, je connais déjà la réponse et je n’ai pas besoin d’entamer la lecture car c’est une série formidable, remplie de poésie et de tendresse.

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