Ne cherchez pas trop du côté des intrigues. Ni des personnages. Ce conte bucolique et naturaliste joue sur les ambiances, la relation entre les personnages, et surtout des couleurs souvent surréalistes.
En choisissant de ne pas donner de contour à ses formes (personnages comme objets), Sarah Masson donne tout pouvoir aux couleurs, toujours décalées, surprenantes, plus ancrées dans le domaine des rêves que celui de la réalité.
On retrouve dans cette campagne non identifiée deux amis, pêcheurs passionnés, obsédés par un énorme brochet qui ferait la fierté de leur besace. L’un deux, ancien chef renommé, ne cuisine plus que pour le plaisir. Il peut ainsi discuter en toute décontraction avec des touristes anglo-saxons ou transmettre son savoir-faire au jeune garçon qui lui rend visite.
Sarah Masson prend des risques, et son style peut dérouter. Ses couleurs jaunes, ocres, bleu nuit, se plaquent sans vergogne dans des scènes ou l’on attendrait autre chose. De la sorte, l’auteure oblige son lecteur à voir l’histoire autrement. Pour peu qu’on fasse cet effort, ces instants de partage et de rêve constituent un joli plaisir de lecture.
(par David TAUGIS)
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