Dans une ville semble-t-il réaliste vivent Julius et sa fille Addidas, ramoneurs de leur état. Un jour, la petite fille tombe dans un long tunnel qui l’emporte dans les tréfonds de la ville, où elle rencontre un drôle de monstre tout en bras, à la jolie couleur bleue et aux grands yeux jaunes et expressifs. Très sympathique, celui-ci lui explique dans un langage un peu brisé que sa machine est cassée - tous les humains ont une machine semblable située dans les profondeurs souterraines, et dont un de ses congénères aux longs bras est responsable. Passée la première surprise, Addidas décide de trouver la machine de son père, et de lui redonner un peu d’énergie, lui qui ne s’est pas remis de la mort de sa femme. Mais Julius, ramoneur sans autorisation, a été emmené dans le Grand Trou, où des prisonniers creusent sans fin, on ne sait pour quelle raison.
Dans ce troisième tome, Addidas et son grand monstre vont donc essayer de libérer Julius, qui est cependant loin de manquer de ressources.
Pierre Wazem et Frederik Peeters poursuivent dans ce tome leur exploration d’un monde bien plus proche du nôtre que ne pourraient le laisser croire les quelques lignes ci-dessus. La ville tentaculaire dans laquelle vivent les protagonistes semble tenue d’une main de fer, et le quotidien de Julius et Addidas n’est pas différent de celui des travailleurs de notre monde. La façon dont les quelques éléments fantastiques sont imbriqués avec la réalité est d’ailleurs une preuve du talent des deux auteurs (et rappelle l’ambiance de la série Lupus de Peeters). Les personnages sont tous attachants, et la variété des âges et des types physiques rend d’autant plus crédible cette histoire.
Il faut dire que, comme à son habitude, Frederik Peeters réalise un travail riche et évocateur. Son trait épais navigue entre stylisation et réalisme, toutes ses cases sont denses et convainquent le lecteur de la réalité de l’histoire qu’il découvre. La mise en couleur d’Albertine Ralenti, sobre et efficace, semble bien être au service du dessin, qui de toute façon se suffirait à lui-même.
Entre le scénario inventif et très cohérent de Wazem et le dessin attrayant de Peeters, Koma est une réussite sur tous les plans, qui change agréablement des grandes sagas fantastiques où SF où le sort du monde est en jeu. Un fantastique à échelle humaine, en quelque sorte.
(par François Peneaud)
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