Ce grand type gauche, à l’air taciturne, semble effacé au point qu’on ne s’étonne même pas de ne jamais connaître son nom. Il revient sur la petite plage ou il passait ses vacances, enfant. Évidemment, il y a connu les après-midis d’oisiveté au soleil, ou caché dans des coins obscurs, et ses premiers émois amoureux. Son retour, forcément nostalgique, vise à retrouver certaines personnes de cette époque. Et ce n’est pas la demoiselle la plus marquante qui va apparaître.
Pablo Auladell a obtenu pour cet album le prix de la révélation au salon de Barcelone, en 2006. Avec ce court récit intimiste mêlant présent et passé, Actes Sud BD reste fidèle à son crédo : des découvertes d’auteurs, une grande ouverture vers les créations étrangères, et un ton souvent littéraire et tout en finesse.
Comme pour Trois jours en été, de Bastien Quignon, le scénario excelle dans la plongée en enfance. Avec des moments forts, souvent moroses, qui s’avèrent toujours universels.
Outre la tonalité d’une extrême sensibilité, Auladell convainc grâce à son dessin immédiatement original, fait de formes étirées et de regards subtils. Le présent en noir-blanc-gris s’oppose au passé baigné de couleurs pastels superbes. Un style qui s’appuie sur un fond solide, même si La Tour Blanche risque de ne pas séduire les amateurs de trames bien charpentées.
Une jolie découverte, dont le seul livre disponible en français était à ce jour Le Rêve de Pablo (la joie de lire), paru en 2006, à destination d’un public jeunesse.
(par David TAUGIS)
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