Et si Marilyn Monroe était née avec un physique quelconque, brune et empruntée ? Et s’était rendue dans une ville au milieu des bois, réputée pour son rôle de pépinière de talents, dernier arrêt avant Hollywood ? Et si un mystérieux pygmalion avait décidé de la transformer de A à Z par des opérations de chirurgie esthétique ? Entre Holy Wood (bois sacré) et le quartier de Los Angeles du même nom, quelle connexion magique ?
Le postulat posé par Tommy Redolfi propose un parcours onirique à l’origine de la star, ce qui ne l’empêche pas de continuer ensuite avec des éléments réels : la rencontre amoureuse avec le joueur de base-ball Joe DiMaggio, les tournages avec Billy Wilder, la chanson d’anniversaire du président Kennedy...
En fantasmant une sorte de miracle professionnel, Redolfi utilise essentiellement le dessin pour s’exprimer. D’une part, les changements de style, de lieux, d’ambiances et de couleurs sont nombreux, d’autre part l’album demeure assez peu dialogué. Régulièrement, l’auteur se promène à la lisière de l’expérimentation graphique, avec des crayonnés, des cases symboliques. Jusqu’à cette scène amère entre une Marilyn abattue et un Billy Wilder blasé, uniquement en texte sur fond sépia, et sans la moindre image.
Le choix narratif de Tommy Redolfi rend encore plus impressionnante la fin dépressive de Marilyn, avec l’ombre de "celle d’avant" qui revient la hanter entre deux séances chez son psy. C’est aussi, semble-t-il, une façon de garder la part de magie qui entoure, encore et toujours, plus de 50 ans après, la carrière de la plus grande star de l’histoire du cinéma.
(par David TAUGIS)
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