Pauvre Thomas. Il est vraiment prêt à tout pour trouver une partenaire. On ne sait pas trop pourquoi il s’obsède à ce point, mais il en fait une mission sacrée, et son esprit en ébullition s’agite en permanence à la recherche de la bonne stratégie. Et d’échec en échec, du pathétique au franchement comique, Thomas déprime. Et quand il tombe sur une femme peu farouche, disponible et ouverte, c’est lui qui décline. De quoi se demander ce qu’il cherche vraiment.
François Bégaudeau, écrivain largement médiatisé, a déjà signé le magistral Entre les Murs (et son adaptation au cinéma) et bien d’autres ouvrages de fiction. Sans oublier plusieurs essais et même du théâtre. Pour son portrait de dragueur tourmenté et cerné par ses principes, il a choisi un dessinateur à la fois sensible et espiègle, Clément Oubrerie (Aya de Yopougon, bien sûr).
Le début de Mâle occidental contemporain fait craindre le pire. Encore des tranches de vie urbaines avec un quasi-trentenaire entre idéal et pulsions inavouables ? Finalement, on comprend bien vite que notre Thomas a surtout besoin de devenir lui-même, aliéné qu’il est par tous les poncifs de la séduction et de la vie de couple. Outre les scènes cocasses -le scénario s’acharne allègrement sur les affres du râteau-, la galerie de femmes croquée par Bégaudeau peut rappeler Dupuy et Berberian, mais aussi plus près de nous la trilogie de Grégory Mardon [1]. Dans un joli mouvement circulaire, les auteurs finissent par placer Thomas devant ses contradictions. Un final très malin qui ressemble à une rédemption.
(par David TAUGIS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion