Mamada T1 : Époustouflante migrante - Par David Ratte - Editions Paquet

Mamada fait partie des Himbas, une tribu perdue au fin fond de l’Afrique, elle est devenue la chef du village car personne n’a osé se présenter contre elle. Il faut dire que c’est un personnage haut en couleurs surtout connue (et reconnue !) pour son mauvais caractère. Mamada n’aime ni les jeunes ni les touristes et méprise profondément les blancs. Autoritaire, irascible et tyrannique, elle règne en despote sur sa famille, ses voisins et ce petit village perdu de Namibie.

Il s’en passe de belles au pays des Himbas !

Une vie bien ordinaire jusqu’au jour où suite à la chute d’un mystérieux objet céleste dont émane un drôle de gaz elle se retrouve propulsée… au cœur du métro parisien !

Transportée à des milliers de kilomètres de sa savane natale, Mamada s’imagine être arrivée au royaume des morts. Au cœur de ce nouveau monde, elle va aller de rencontres improbables en rendez-vous inattendus, et découvrir les aspects les moins reluisants de notre société. Au cours de ces mésaventures, elle se découvre d’étranges pouvoirs dont celui de transporter les humains comme ce groupe de Parisiens qui se retrouve ...en Namibie !
Alors que l’étonnant voyage de la vieille femme ne fait que commencer, le lecteur n’est visiblement pas au bout de ses surprises !

Un simple coup d’œil à la couverture de cet album suffit déjà pour percevoir l’esprit du récit : l’antisociale et grincheuse Mamada, loin de sa tribu, figure dans le métro de Paris. Échanges de regards interrogateurs ou méprisants, contraste des couleurs et des cultures sur fond d’ambiance morne et grise… Tout est déjà en place pour nous entrainer dans les traces de Mamada...

Avec cette nouvelle série, l’auteur du Voyage des pères et de Yona recycle avec le talent qu’on lui connaît le principe du choc de deux mondes. On ne manquera pas de faire le parallèle avec d’autres histoires de la même veine telles que les Dieux sont tombés sur la tête ou Un Indien dans la ville, mais la comparaison s’arrête là, le propos de l’auteur s’annonçant bien plus ambitieux et plus original. En choisissant le thème de la confrontation des cultures, Ratte use de ses armes favorites : humour ravageur et décalé, personnages au profil atypique et au caractère bien trempé, découpage rigoureux et efficace.

Luminosité des couleurs, découpage subtil et maitrisé... sont quelques-unes des marques de fabrique de l’auteur.

Derrière l’épopée de l’époustouflante migrante l’auteur a une manière bien à lui d’aborder des thèmes pas forcément faciles. Immigration, racisme et chocs des cultures sont ici traités avec une dimension fantastique, le recours à l’invraisemblable et à la magie constituant un moyen original (et efficace) pour l’auteur de Toxic Planet de nous sensibiliser à ses préoccupations.

L’ensemble fonctionne d’autant mieux que le trait du dessinateur demeure sûr, précis et toujours aussi bien servi par les ambiances colorées réalisées par Myriam Lavialle déjà présente sur les précédents albums.