Septembre 1661. Convaincu qu’après l’arrestation de Fouquet ses jours sont comptés, le duc de Cambre confie à ses trois meilleurs amis un secret d’état qui pourrait menacer le Roi. À sa mort peu fortuite, deux jours plus tard, le destin des trois hommes bascule.
D’Artagnan, chargé d’étouffer l’affaire, envoie sur leur piste quelques hommes, dont le candide Alexandre de Bastan, entré depuis peu chez les mousquetaires du Roi. Mais dans les coulisses de la cour, les femmes s’affairent également, en utilisant des armes bien plus retorses pour atteindre des objectifs tout aussi inavouables.
Il faut un certain temps d’adaptation pour se couler dans l’atmosphère de cette série historique. Le travail de hachures de Florent Calvez, parfois désordonné, demande au lecteur un réel effort d’adaptation. Mais le soin apporté à ses cadrages et ses décors, notamment les reconstitutions des villes et châteaux, flatte le regard, et il devient impossible de minorer l’implication du dessinateur, tant on se laisse emporter par les complots et la violence sourde de l’époque.
Ce réalisme est accentué par les visages des personnages. Aux oubliettes, les gravures de mode ! Les femmes sont fatales comme les poisons qu’elles concoctent et les machinations qu’elles ourdissent, tandis que l’on peut lire dans le regard de chaque homme les sombres desseins qu’il réserve à son prochain.
Avec sa trame de complots politiques qui rappellent ceux d’Alexandre Dumas et de Michel Zevaco, Fred Duval tire habilement son épingle du jeu en se concentrant sur des personnages réels ou inspirés, auxquels il confère une réelle épaisseur dramatique.
Pas question de lire ce premier tome entre deux arrêts de métro, les personnages sont nombreux, la mise en page riche et dynamique, les ellipses et les rebondissements inattendus. Les deux auteurs ont donc mis le meilleur d’eux-mêmes pour proposer un récit en dehors des sentiers battus. Les amateurs de récits prémâchés s’y perdront, mais les lecteurs exigeants reconnaîtront les qualités intrinsèques d’un travail soigné et bien réalisé, couronné d’une couverture évocatrice signée par Ugo Pinson, le dessinateur de Stonehenge.
(par Charles-Louis Detournay)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Lire également notre interview de Florent Calvez : « D’Artagnan avait un rôle d’exécuteur des basses œuvres de Louis XIV »
Commander ce livre chez Amazon ou à la FNAC
Lire également l’interview de Fred Duval ("Sept Personnages") : « D’un auteur, ne restent que ses écrits »