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Narrer la violence : une expo chez Freud

Par Marlene AGIUS le 7 novembre 2023                      Lien  
Si vous faites un détour par Vienne, en Autriche, et que par passion, curiosité ou névrose, vos pas vous guident dans la maison de Freud, vous y trouverez jusqu’au 8 Avril une expo de bande dessinée intitulée « Narrating Violence : A Comic-Exhibition ».

On connait les liens de la BD à la psychologie. Freud s’était même servi d’un strip de Nándor Honti dans journal Hongrois Fidibuz pour illustrer sa théorie dans L’Interprétation des Rêves. Et à quel point c’est un médium efficace dans la mise en scène des rêves !

Narrer la violence : une expo chez Freud
"A Francia Bonne Álma" (Le Rêve de la Bonne Française), par Honti, dans l’esprit de Winsor McCay (1911)

Bien que le thème de la violence soit surexploité en bande dessinée, ce fil conducteur assez vague saura tout de même vous guider dans un chemin de planches non pas forcément violentes, mais faisant état des sentiments les plus personnels liés à un type de violence. Certes, certaines planches de l’expo illustrent bien des principes freudiens : pionnier du Graphic Memoir, Justin Green fait face à son éducation religieuse hostile et son trouble obsessif-compulsif dans Binky Brown Meets the Holy Virgin Mary, en 1972. Il y illustre les lapsus et les actes manqués, par peur d’une punition divine et par angoisse de la sexualité.

Mais les autres auteurs se rattachent à des thèmes aussi variés que la famille (Rutu Modan, Nina Bunjevac, Alison Bechdel), le deuil (Lukas Jüliger), la Shoah (Barbara Yelin), et les violences sexistes et sexuelles (Lee Marrs, Aline Kominsky-Crumb, Diane Noomin, Ajuan Mance, Ulli Lust, Una),…

Ulli Lust - Heute ist der letzte Tag vom Rest deines Lebens

Ainsi y sont exposées plusieurs planches originales de bande dessinée germanophone : Insekten, de Regina Hofer & Leopold Maurer (2019), Trop n’est pas assez de Ulli Lust (2009), et Anke Feuchtenberger. Cette dernière vaut vraiment le coup d’oeil. Plutôt méconnue en francophonie - quelques histoires parues dans le Lapin et Toy Comix de L’Association, puis le premier tome de la trilogie La Putain P ; les deux autres tomes et Si mon chien meurt, je me taille une veste chez Frémok, Weh Weh Weh Supertraene.de chez B.ü.L.b comix- elle travaille parfois sur des formats monumentaux.

C’est le cas en peinture, comme dans Le Rire de la méduse (2021) au
fusain et à l’encre, dans Genossin kuckuck (2023). Ses BD demeurent plus insaisissables, plus floues quant au thème de l’expo. Cela n’empêche pas de rendre palpable les peurs et les désillusions. On est chez Freud, après tout.

(par Marlene AGIUS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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