Brecht Evens : « Je crois que j’ai fait une erreur dans les (...)

Brecht Evens : « Je crois que j’ai fait une erreur dans les interviews, en parlant de la psychose comme quelque chose qui aurait motivé la création de ce livre » [VIDEO]

Lien

Le Roi Méduse fait partie des grandes sorties de cette année : on y suit l’histoire d’Arthur et de son père. Ensemble, ils s’entraînent pour lutter aux côtés des Alliés contre les Dirigeants. Ils s’enferment alors dans leur maison et deviennent peu à peu les « fous » de l’île sur laquelle ils habitent. Réalisée deux mois après la sortie de l’ouvrage, cette interview de Brecht Evens constitue un retour critique sur la réception de sa bande dessinée. Il y revient sur le complotisme, ses influences, mais surtout, sur certaines de ses anciennes déclarations concernant le délire d’interprétation. Son exposition-vente à la galerie Martel est encore visible à Paris jusqu'au 13 avril 2024.

Nous sommes dans l’atelier de Brecht Evens : sur la table, des encres, des pinceaux, quelques bouts de papier sur lesquels on aperçoit des petites taches de couleur. L’interview fait notamment suite au vernissage organisé par Actes Sud pour la sortie de la bande dessinée. À cette époque, nous avions beaucoup parlé de « délire d’interprétation ». Et pour cause : Brecht Evens lui-même avait confié que cette expérience avait influencé son travail. Dans la foulée, plusieurs interviews et articles ont cherché à ramener Le Roi méduse à la psychose de son auteur.


© Brecht Evens. Actes Sud.

Dans cette interview, Brecht Evens revient sur ses dires passés : « Je crois que j’ai fait une erreur dans les interviews quand je parlais de la psychose comme quelque chose qui aurait motivé la création de ce livre. [...] Si ça m’a inspiré, c’est plutôt pour ce côté « agent secret ». Cela m’a donné envie d’un livre qui soit une sorte d’aventure où les antagonistes sont toujours un peu cachés [...] Tout est incertain, mais au bout du compte, c’est vraiment une histoire d’aventure ». Il précise ensuite que le père n’est pas délirant – bien qu’on puisse émettre des doutes à ce sujet – il est d’abord et avant tout « complotiste ».


Photo : Hippolyte Arzillier.

L’un des points essentiels de cet entretien est qu’il constitue un retour sur la réception du Roi Méduse : l’auteur y prend du recul et précise certaines choses qui ont pu être mal interprétées. On en ressort enrichi d’une lecture plus fine de son dernier ouvrage : contrairement à ce que beaucoup (ActuaBD compris) ont été tentés de faire, ce dernier ne saurait être réduit à la vie de son auteur. Nous n’avons pas affaire à un récit autobiographique (le père n’est, comme le montre la dédicace du début du livre, pas son vrai père) et l’expérience psychotique ne doit pas mener à une explication uni-causale.