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Nine Antico, une chambre, des vues - Angoulême 2024

Par Marlene AGIUS le 25 janvier 2024                      Lien  
Etats-Unis, Italie, Punk, Féminisme, Sexualité, Fenêtres, Scénario, Film et BD : ce sont à peu près tous les mots qui nous viennent à l'esprit pour l'exposition Nine Antico à l'Hôtel Saint-Simon, à Angoulême.

Le Goût du Paradis, Coney Island Baby, Girls don’t cry et Madones et Putains : Nine Antico a déjà plus de 10 ans d’albums derrière elle, et deux films, Playlist et Tonite.

Nine Antico, et les commissaires Marguerite Demoëte et Cathia Engelbach, investissent l’Hôtel Saint-Simon pour recréer son laboratoire : carnets, planches, fanzines, archives, storyboards, autant de fragments qui composent ses albums et ses recherches. S’y côtoient dessins, photos, collages, legs du fanzinat qui permet de « créer sans autorisation, pour prendre confiance en soi », dans l’allez-retour permanent entre le réel et la fiction, les deux n’étant jamais séparés pour « brouiller les pistes ».

Nine Antico, une chambre, des vues - Angoulême 2024

Si la scénographie reste assez sobre, l’Hôtel Saint-Simon est un espace intimiste où l’on se sent comme dans une de ces maisons secrètes dans son livre Quatre Filles, Journaux croisés 1890-1960 (paru en 2012 sous la tutelle de l’éditrice Béatrice Vincent chez Albin Michel Jeunesse), où les fenêtres s’ouvrent comme un calendrier de l’avent.

C’est probablement ce qui donne son nom à l’expo, « Chambre avec vue » : une succession de fenêtres sur ses albums, entre Los Angeles, Paris et Palerme. La chambre, c’est aussi celle de l’enfance (dessins de jeunesse, collection de bons points et autres madeleines de Proust).

Nine Antico, c’est aussi des films : des inspirations plutôt américaines à la Wes Anderson et à la Sofia Coppola, mais aussi une commande sur Eric Rohmer. On y retrouve l’antagonisme d’un dessin rond, pastel ou crayon, qui tranche parfois avec la cruauté du propos. Niveau scénario, elle met en scène une jeune autrice de BD dans Playist, un film aux accents résolument autobiographiques.

Elle se dit même plus scénariste que dessinatrice : elle avait scénarisé un BDCul, et ne se voit pas se livrer uniquement au dessin sur commande.

« Y a que moi qui me comprend », lance-t-elle en mentionnant un projet avorté avec Loo Hui Phang au scénario.

Nine Antico procède souvent par intuition et une grande documentation. Des storyboards hyper-détaillés qui témoignent d’une maîtrise du découpage et de la narration, comme dans son dernier album, Madones et Putains, paru chez Aire Libre/Dupuis, déjà récompensé par le prix Artémisia, qui est en selection officielle cette année. Elle y fait le pont entre les Etats-Unis et l’Italie pour évoquer la sexualité incriminante ; c’est « un livre sur le mal et sur le féminin ». On en ressort différent.

(par Marlene AGIUS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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20 Messages :
  • Au moins, ce n’est pas cette année qu’on va se bousculer dans les expos...

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  • Elle se dit plus scénariste que dessinatrice. Je la crois parce que ça se voit.

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    • Répondu par Michel Ferrandi le 26 janvier à  07:41 :

      Méchanceté gratuite, bien planquée derrière son téléphone. C’est formidable cette technologie.

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      • Répondu le 26 janvier à  10:39 :

        Je constate que son dessin manque d’habileté parce qu’il manque de travail. Le dessin, ça se travaille. Ce n’est pas un don inné.
        Alors, oui, elle est plutôt scénariste parce qu’elle privilégie l’écriture. Où est la méchanceté gratuite ?
        Elle sait très bien que ses capacités en dessin sont limitées, elle l’avoue à demi-mot, mais ça ne l’empêche pas de s’exposer. Donc, de s’exposer à la critique.
        Et je dis que ça se voit que sa priorité n’est pas le dessin.

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        • Répondu le 26 janvier à  12:42 :

          Tout le monde a un avis. Vous avez le votre mais il ne fait autorité en rien. La BD c’est une narration utilisant le texte et l’image. Les d’eux doivent être au point et servir la narration. Et c’est bien le cas ici. A mon avis.

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          • Répondu le 26 janvier à  18:45 :

            Je préfère un jugement critique argumenté à une vague opinion. C’est ce qui manque le plus dans la bande dessinée, malheureusement.

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        • Répondu le 26 janvier à  16:30 :

          Je constate que vous n’y connaissez rien. Son dessin ne manque ni d’habileté ni de travail. Ce n’est pas parce qu’un dessin est épuré qu’il n’est pas travaillé. C’est vous qui devriez travailler sur votre culture et vos préjugés.

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          • Répondu le 26 janvier à  18:38 :

            C’est vous qui avez le préjugé facile !
            Il y a une différence entre un dessin épuré et un dessin maladroit et vous confondez culture graphique avec habileté.

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            • Répondu le 26 janvier à  18:51 :

              Il y a surtout une différence entre lire les livres, aller voir l’expo et regarder deux petites photos dans un article d’Actua pour en tirer un avis tranché en 2 minutes et balancer sa petite vacherie péremptoire en commentaire.

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  • Ce qui est rassurant avec cette bd néo-féministe, c’est que c’est nulle aussi bien dans la forme que dans le fond. Dans quelques années on en parlera plus.

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    • Répondu le 26 janvier à  09:25 :

      Ça fait 10 ans déjà qu’on parle de Nine Antico et que ses livres se font remarquer. Mais ça ne fait rien, restez dans votre monde de gros macho lourd et beauf.

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    • Répondu le 26 janvier à  09:45 :

      Ce qui est rassurant avec cette bd néo-féministe, c’est aussi qu’elle débusque les derniers vieux réacs masculinistes qui n’en peuvent plus

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      • Répondu le 26 janvier à  12:32 :

        Le féminisme n’est pas la question. Les causes féministes sont nobles et nécessaires.
        Le dessin de Nine Antico a de sérieuses lacunes. Elle compense par son discours. Elle a des choses intéressantes à dire mais ça ne suffit pas. La faiblesse de la forme dessert le fond. Avec un peu plus de maîtrise du dessin, sa manière de raconter gagnerait en épaisseur.

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      • Répondu le 26 janvier à  16:27 :

        Malheureusement ils ne sont pas tous vieux et ce ne sont pas les derniers…

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      • Répondu par bip le 26 janvier à  17:21 :

        Pas de leçons à recevoir de wokes sectaires et incultes.

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        • Répondu le 26 janvier à  18:29 :

          Et c’est reparti ! Les « beaufs » d’un côté, les « woke » de l’autre… sans compter les messieurs experts en dessin qui viennent dire aux autres, généralement des femmes, qu’elles ont des lacunes en dessin…

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  • Nine Antico, une chambre, des vues - Angoulême 2024
    13 février 18:15, par Cétadirr

    Ce qui est bien avec la bd, c’est qu’il y en a pour tous les goûts, chacun peut trouver son compte. On a le droit d’aimer les bd écrites par des hommes ou femmes qui se revendiquent comme étant féministes. C’est de la bd engagée. On a aussi me droit de ne pas être intéressé par ce type de bd, passer son chemin et aller lire chose. Vu la production de bd, il y a le choix.

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    • Répondu le 14 février à  08:05 :

      Sauf que les projecteurs médiatiques, et le plus grand festival BD de France voire d’Europe, ne mettent l’accent que sur une seule forme de BD.

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      • Répondu le 14 février à  11:35 :

        Propos très exagéré. A Angoulême cette année étaient exposés Riad Sattouf, Lorenzo Mattoti, Moto Hagio, Dominique Bertail, Steve Cuzor et Thierry Smolderen, Hiroaki Samura, Nine Antico entre autres… autrement dit, des formes de BD très différentes.

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      • Répondu par Cetadirr le 14 février à  20:20 :

        On dirait que vous découvrez que le monde des artistes est, dans l’ensemble, plutôt fortement engagé à gauche qu’à droite. Angoulême n’échapperait pas à cette tendance dans ses sélections et les prix décernés, mais franchement, rien de nouveau sous le soleil. Je comprend que cela puisse être agaçant, et manquer de nuance, de pluralité de points de vue. Les artistes récompensés ou mis en avant en seraient-ils moins talentueux ? Je ne le crois pas. Ensuite tout est question de goût. On aime pas machin, on préfère le style de bidule… En plus il y a des tonnes d’autres festivals de bd…

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