Loin du charme français tellement vanté dans les salons américains, Gaspard de Saint Amand est un winner. Avec ses mauvais côtés : autoritaire, égoïste, flambeur... Mais l’argent s’amasse, donc tout va bien. Jusqu’au jour ou son médecin personnel vient annoncer qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre...
Gaspard laisse tomber sa société rutilante pour s’atteler à des priorités qu’il avait laissées en friche depuis des années : renouer avec son frère et retrouver son grand amour, une chanteuse de jazz à l’esprit aventurier. Comme toujours, il s’adresse pour cela à son fidèle bras droit, l’énigmatique Starkhan. Pas forcément la meilleure idée...
Raphaël Drommelschlager signe un thriller basé sur deux idées originales : l’histoire est racontée successivement de trois points de vue différents (Gaspard, son frère et son ex-petite amie) et chacune de ces parties voit son noir et blanc glacé teinté d’une couleur différente. On passe ainsi du bleu à l’orangé, puis au vert.
L’histoire elle-même rappellera les grands classiques d’aventure à la Van Hamme avec rebondissements en pagaille et scènes d’action alternant avec des moments sensibles et intimistes.
On apprend en toute fin d’album quel grand évènement a poussé l’auteur a se servir de l’intrigue pour évoquer plus largement le prix de la vie et l’importance de faire des priorités humaines.
Pour autant, on peut se demander si Paris-New York, New York-Paris n’aurait pas gagné à tabler davantage sur la psychologie et les relations entre les personnages. Le suspense policier n’apparaît au bout du compte pas primordial.
Impossible en revanche de ne pas souligner la finesse de style de Drommelschlager qui avec sa ligne claire réaliste très friande de jeux d’ombres impose une griffe particulière.
Pour ces qualités et le soin apporté à la construction du récit, cet album au souffle plutôt élégant apparaît relativement fédérateur.
(par David TAUGIS)
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