Faisant remarquer, devant une audience française qu’un peuple assiégé rêve toujours d’un surhomme, d’un Golem ou de pouvoirs magiques, pour le sortir d’une situation inextricable, Will Eisner ajoutait malicieusement : Vous, en France, vous avez aussi un super héros. Vous avez Astérix. [2]
Pour les historiens, Astérix, le chef-d’œuvre de René Goscinny et Albert Uderzo est en effet un phénomène hors normes. Tour à tour accusé d’être gaulliste, une incarnation du chauvinisme français, une apologie du pouvoir ou un symbole de la subversion, le petit personnage gaulois ciselé par nos deux complices fondateurs du journal Pilote cumule les paradoxes.
On sait à peu près que René Goscinny est né à Paris et qu’à l’âge de deux ans, il part pour l’Argentine. Mais sait-on pourquoi ? Il vit dans ce pays jusqu’à l’âge de 19 ans, au moment où meurt son père. Il part aussitôt habiter New York. Il y vivra sept ans durant. Des années pénibles mais importantes : c’est là qu’il rencontre Morris et Jijé. Il va faire des scénarios pour l’un et pour l’autre.
A 27 ans, il débarque non pas en France, mais en Belgique. Jean-Michel Charlier et les quotidiens belges lui donneront ses premiers boulots, avant qu’il ne se fasse un nom dans les pages du journal Tintin. En clair, c’est à partir de 1959, à 33 ans, un âge où d’autres meurent crucifiés, que Goscinny va se faire un nom en France…
Pour créer avec le fils d’immigrés italiens le héros le plus français de tous les temps. La conférence de Didier Pasamonik, soutenue par les éclairages de Daniel Béresniak, petit-fils d’Abraham Béresniak, le grand-père de René Goscinny, raconte cette saga incroyable d’un homme qui a marqué de manière indélébile la bande dessinée contemporaine.
Jeudi 15 janvier 2004 de 18 à 20 h
Bibliothèque de l’Alliance Israélite Universelle
45, rue La bruyère
75009 Paris
M° Saint-Georges / Blanche
PAF : 10 €
Entrée sans réservation
(par Patrick Albray)
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Illustration : © Editions Albert-René
[1] In ’Deux Américains à Paris, un jour de grève’, Paris-Match, n° 1103, Paris, 27 juin 1970.
[2] Lors du débat « BD et Judaïsme, une nouvelle alliance ? » organisé par Jean-Paul Kuperminc le 22 janvier 2002 à l’école Georges Leven en présence de Will Eisner et Joann Sfar.