Suicide Squad T3 - Par Adam Glass & Ales Kot - Urban Comics

Ce sont sur des funérailles que s’ouvrent ce nouveau tome [1], avec une Harley Quinn en veuve éplorée ou presque, funérailles qui se trouvent perturbées par le grand retour du Joker ! Une entrée en matière qui pouvait laisser craindre le pire vu le style « partons dans tous les sens » du comics. Mais bonne surprise : Adam Glass trouve le ton juste…

Celui de l’amour vache, avec un Joker qui martyrise sa dulcinée pour la mouler toujours davantage dans sa vision tordue de l’amour. Beaucoup de violence, avec certaines scènes sans doute « limites », mais une caractérisation de ce couple de « dingue » qui rend justice à leur névrose profonde, dans une sorte de « retour aux sources. »

Cependant, ce retour aux origines n’est là en fin de compte que pour amener au dénouement spécifique de cette version « moderne » d’Harley Quinn : l’émancipation !

En effet notre anti-héroïne décide de rompre avec son poussin et de voler de ses propres ailes ! Une décision qui n’a pas toujours plu à certains lecteurs vétérans mais qui a le mérite d’apporter une touche d’indépendance au personnage… développée de belle façon dans sa série régulière.

© DC Comics / Urban Comics

Dans tous les cas Adam Glass nous a convaincu avec ce premier acte, tout comme le suivant, où il opte là aussi pour une histoire de famille avec le retour du personnage de Yo-Yo qui doit affronter sa sœur dans le cadre d’une nouvelle mission, forcément équivoque.

Des épisodes plutôt bien équilibrés, mieux que ceux du tome précédent, avec toujours autant de gore, de situations louches, des expériences douteuses sur les prisonniers, des trahisons à tout va, et une bonne dose d’humour noir, avec ces vilains décontractés qui n’ont rien à perdre car ils ne possèdent au fond rien de véritablement précieux ou d’irremplaçable.

Et c’est bien dommage car ce tome marque également la fin du run –période de travail- du scénariste Adam Glass qui passe la main à Ales Kot. Ce dernier semble partir sur d’autres idées, en introduisant de nouveaux personnages dans l’équipe, dont James Gordon Jr, tueur en série et analyste, qui tisse un lien aussi étrange que malsain avec Amanda Waller (ce qui est en soi la note d’intention de la série, donc pourquoi pas...).

© DC Comics / Urban Comics

Cependant, le récit perd un peu en « punch » et en lisibilité : Ales Kot a décidé d’opter pour ses débuts pour une narration non-linéaire et nous ne pouvons pas dire que cela lui réussit, surtout qu’il semble faire passer à la trappe plusieurs sous-intrigues d’Adam Glass, comme cela arrive souvent dans ce type de série.

Avec ses histoires un peu aléatoires, comme tout comme son graphisme en zig-zag, en raison de l’alternance des dessinateurs, cette Suicide Squad reste une série faite de bric et de broc, de personnages mal assemblés, de violence tous azimuts, et d’histoires qui n’ont pas peur d’aller à fond dans la série B parfois la plus improbable.

Cependant l’ensemble détient toujours un certain charme, sans doute parce qu’elle ne prétend pas être autre chose qu’un défouloir qui se veut fun et sans prise de tête.

© DC Comics / Urban Comics