Dans le premier tome paru, nous rencontrions Ayou, jeune adulte que sa petite stature faisait paraître presque enfant. Complètement dégoûté par sa vie, il décidait d’aller voir ailleurs ce qui se passait, dans l’espoir presque informulé de trouver enfin sa place.
Ces deux nouveaux tomes ne pourraient pas être plus différents dans leurs contextes, et pourtant, ils montrent la cohérence du parcours de Ayou.
Le scénariste Chen Weidong fait petit à petit évoluer son personnage, de façon parfois inattendue. Sa rencontre avec un ancien camarade d’école dans le tome 2 déçoit d’autant plus Ayou qu’il prenait celui-ci pour le modèle de l’ambitieux parti pour réussir... mais avec quelle mentalité, là est le problème. Ayou prend alors une décision fatidique : quitter pour de bon son boulot abrutissant, au grand dam de sa collègue Su Fei qui le protège comme une grande sœur. Les pérégrinations citadines de Yaou prennent donc un autre tournant dans le tome 3, avec son arrivée à la campagne, et un début de relaxation bienfaitrice.
Le tome 3 est lui complètement farfelu : Ayou rencontre un vieux sage à la Yoda, et se retrouve plongé dans le monde d’une île merveilleuse où coexistent paisiblement toutes sortes de créatures heureuses de leur sort - le contraire du monde réel, en quelque sorte. Recueilli par des artistes de cirque, Yaou va-t-il enfin trouver une paix intérieure ?
Ayou est un personnage bien attachant. Ses hésitations, son manque de confiance en lui, son envie de croire à la possibilité d’une meilleure vie mêlée à la crainte d’un nouvel échec, tout cela le rend très humain, et sa bonne bouille achève le portrait. Le dessinateur Peng Chao propose un travail qui devrait rendre la lecture très facile pour un lecteur qui ne serait pas habitué à la narration des mangas japonais : on est ici bien plus proche d’une narration européenne, le style de dessin semblant au confluent d’influences diverses.
Avec ces deux nouveaux tomes, la sympathique série Un Monde idéal confirme ses qualités humanistes. Si les volumes n’étaient pas aussi minces (32 pages de BD), le plaisir serait complet.
(par François Peneaud)
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