En effet, la dimension « spectacle » est désormais au cœur de la programmation du Festival. En plus d’être un gage de succès, celle-ci permet au FBDFQ de mettre en valeur les partenariats qui le lient à Lyon BD, ainsi qu’au Quai des bulles (Saint-Malo).
La parole aux scénaristes
Après avoir présenté une première représentation payante à guichet fermé en 2014, le Festival proposait cette fois-ci la pièce Parole de planches au Théâtre Petit Champlain. Cette production originale, à mi-chemin entre la mise en lecture et le sketch théâtral, proposait des adaptations scéniques de diverses œuvres de bande dessinée : Saga-bulle (Jean-Philippe Bergeron, Damien Berger et Marie Lamonde-Simard, Éditions Ber-Ber 13-13), Hiver nucléaire (Cab, Front Froid), Les Dormants (Jonathan Munoz, Physalis), Lincoln (Olivier Jouvray et Jérome Jouvray, Paquet), Les cousines vampires (Alexandre Fontaine-Rousseau et Cathon, Pow Pow) et Les Nombrils (Delaf et Dubuc, Dupuis). À cette programmation s’ajoutait un numéro musical particulièrement réussi tiré de Boule et Bill (Jean Roba, Dargaud), ainsi qu’une interprétation de Paul à Québec (Michel Rabagliati, La Pastèque) accompagnée d’extraits exclusifs de l’adaptation cinématographique qui doit prendre l’affiche cet été.
Selon Jean-Philippe Bergeron, qui signait la mise en scène avec Tony Curien, la pièce devait avant tout mettre en vedette les scénaristes, trop souvent laissés pour compte au profit des dessinateurs : « Dans les festivals, ce sont surtout les dessinateurs sont mis en valeur. On comprend, car le dessin frappe l’œil et l’imaginaire. Le monde de la BD revendique la valeur littéraire de ses œuvres, mais les scénaristes sont souvent laissés dans l’ombre. Donc, ce qu’on voulait, c’était vraiment mettre en valeur les scénarios des BD. (…) En fait, je suis vraiment allé chercher des œuvres qui étaient fortes théâtralement, dont le scénario était puissant en images. »
Une prestation qui a notamment plu à Cab, surprise et touchée par le résultat final : « J’ai trouvé ça extraordinaire. La livraison de la comédienne (Anne-Élisabeth Bossé), c’est en plein ça. J’ai trouvé ça vraiment cool. (…) Je ne vais pas mentir, à la fin j’ai versé une petite larme ! J’étais vraiment émue. C’est un sentiment incomparable. C’est probablement la chose la plus proche d’une adaptation télé ou sur un autre support. Quand on fait de la BD, on ne s’attend pas à se faire lire par des comédiens. C’est complètement inédit ! »
Parole de planches, c’est également l’histoire d’une collaboration franco-québécoise. Accompagné à la musique et aux ambiances sonores par Nicolas Jobin et Julien Limonne, le spectacle a eu recours à une distribution mi-française, mi-québécoise : Éléonore Lavigne, Léo Tasserit, Tony Curien, Jean-Philippe Bergeron, ainsi que les deux ambassadrices du FBDFQ, Anne-Élisabeth Bossé et Lise Castonguay.
D’ailleurs, après cette unique représentation à Québec, Parole de planches se transportera à Lyon en juin 2015, dans le cadre du 10e anniversaire de Lyon BD, comme l’explique Jean-Philippe Begeron : « Ce qu’on a présenté, c’était une première. On va surtout faire des ajustements, rendre ça plus fluide, plus efficace, resserrer beaucoup de trucs. On va aussi ajouter un extrait de Magasin général, que l’on n’a pas fait et qu’on se garde pour le festival Lyon BD, parce que Régis Loisel et Jean-Louis Tripp seront là tous les deux. »
Les années Swing n’ Love
Du côté Musée de la civilisation de Québec, c’est au son de la musique swing, jive et rockabilly que s’est animé l’art séquentiel. Au cours de la soirée dansante La Fièvre des planches 2 : Swing n’ Love, Francis Desharnais, Bach et Nicolas Keramidas se sont exécutés au dessin, accompagnés de la formation Melvis and the Jive Cats, ainsi que de la troupe de danse Port-O-Swing.
Le Musée a également accueilli l’événement L’Antarctique d’Emmanuel Lepage, au cours duquel l’auteur français est venu présenter La lune est blanche (Futuropolis), son plus récent album portant sur son expédition en Antarctique.
Le Musée national des beaux-arts du Québec, quant à lui, présentait à nouveau les contes à bulles, une formule empruntée au Quai des bulles, comme l’explique le directeur général du FBDFQ, Thomas-Louis Côté : « Le conte à bulles est une activité phare du Quai des bulles. C’était intéressant, pour nous, de la présenter ici. On l’a fait l’an dernier en présence de Jean-Claude Fournier, qui en a été à l’origine, et cette année on le refait en présence de Joub et Nicoby, deux auteurs qui sont dans l’organisation du Quai des bulles. »
Une nouvelle structure
Thomas-Louis Côté a également profité de l’édition 2015 du Festival pour annoncer une nouvelle exclusive. Le FBDFQ, qui est déjà organisateur d’une ligue d’Impro-BD à l’année longue, devrait bientôt changer de structure organisationnelle afin de continuer à développer des projets sur une base annuelle.
À titre d’événement, le Festival et son appellation seront conservés, mais l’organisme deviendra Québec BD. Celui-ci cherchera à mettre le 9e art de l’avant lors d’animations culturelles ou encore de collaborations avec des institutions : « On est en train de mettre en place un fonds d’originaux avec l’une des institutions muséales de Québec. Des annonces seront faites au fur et à mesure que l’organisme se développera. Mais on travaille déjà sur des projets porteurs pour le milieu et qui permettront de positionner la ville de Québec à titre de lieu vivant pour la bande dessinée. »
(par Marianne St-Jacques)
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