Né en 1955 à Nagoya au Japon, Akira Toriyama connaît son premier succès en 1980, avec le premier tome de Dr Slump, une série qui suit les aventures d’une androïde aux traits d’une jeune fille de 12 ans nommée Aralé et de son concepteur, Senbei Norimaki. Le manga est d’emblée un grand succès commercial et remporte le prix Shogakukan Manga Award du meilleur manga shônen en 1981, soit une année à peine après son lancement.
Terminée en 1984, la série est rapidement suivie par le premier tome de Dragon Ball. Cette seconde création se présente comme un manga d’arts martiaux à gags inspiré des films, populaires à l’époque, de Jackie Chan. On y suit l’histoire de Goku, de son plus jeune âge à sa vie d’adulte. Recueilli par un humain du nom de Son Gohan qui devient son père adoptif, le jeune orphelin n’est pas n’importe quel petit garçon : doté d’une queue de singe, il possède aussi une force surhumaine et dissimule bien d’autres secrets qui seront dévoilés au fil des arcs de la saga.
Des années après la mort de son grand-père, Goku rencontre Bulma, une jeune femme aux cheveux bleus qui lui demande de l’aider à trouver les sept boules de cristal nécessaires à l’invocation de Shenron, le Dragon Sacré, afin d’exaucer un vœu. Comme Goku a appris qu’il devait être gentil avec les filles, il décide de la suivre tout en conservant sa propre boule de cristal, qui lui a été léguée par son grand-père. Va alors débuter un bien étrange "Voyage vers l’Occident" oscillant entre humour et action dans ses premiers tomes, avant d’amorcer un virage définitivement axé sur les affrontements titanesques.
42 volumes sont publiés de 1984 à 1995. Le succès de la série devient bientôt, contre toute attente, international : avec plus de 260 millions d’exemplaires écoulés, Dragon Ball est aujourd’hui le deuxième manga le plus vendu au monde, derrière One Piece.
La saga sera ensuite adaptée à l’écran, avec les séries animées Dragon Ball en 1986, puis Dragon Ball Z en 1989, mais aussi des films d’animation (plus ou moins inspirés). Cette suite se concentre plutôt sur la vie adulte de Goku. On y retrouve d’ailleurs des clins d’œil à Dr. Slump, avec par exemple une incursion de Goku dans son emblématique "Penguin Village", où il sera témoin de la puissance démesurée et gag-esque d’Aralé.
Une autre série, qui n’est pas tirée de l’œuvre de Toriyama, naît en 1996 : Dragon Ball GT. Par la suite, Toriyama continue de surfer sur le phénomène : certains de ses personnages reviennent pour de nouvelles aventures dans son manga Neko Majin. En 2006, il réalise Cross Epoch avec Eiichirō Oda, le créateur de One Piece, où les personnages des deux sagas se croisent dans une histoire inédite.
Plus récemment, en 2015, Toriyama supervise une suite manga et animée : Dragon Ball Super. Celle-ci prend place peu de temps après la mort de Majin Buu – l’un des principaux antagonistes de DBZ avec Cell et Freezer – et juste avant la fin du manga.
On comprend, avec Akira Toriyama, que c’est le créateur d’une œuvre incontournable qui s’en va. À l’annonce de sa mort causée par un hématome sous-dural, les hommages écrits de grands mangakas ont été nombreux sur les réseaux sociaux : du créateur de Naruto, Masashi Kishimoto à celui de Eiichirō Oda, en passant par Yuji Horii le créateur de la saga vidéo-ludique Dragon Quest, dont Toriyama supervisait le chara design depuis les origines…
De grands noms pour saluer l’une plus grandes figures du manga de son époque et définitivement une pierre angulaire de l’art séquentiel moderne. Akira Toriyama rejoint Maître Kaio au Paradis, mais sur Terre, son œuvre continue d’inspirer et de susciter l’admiration de nombreux fans de par le monde.
En témoigne cet hommage rendu par son éditeur français Jacques Glénat peu de temps après l’annonce de sa mort : « Le sourire naïf du petit Son Goku s’est éteint avec la disparition soudaine du créateur de Dragon Ball, le mangaka Akira Toriyama. Dans un monde de grands méchants pas si méchants, le petit garçon à queue de singe et les acteurs de son petit théâtre ont enchanté des millions de lecteurs sur la planète Terre. L’histoire de cette longue quête dans l’univers du bien et du mal, selon la tradition japonaise, restera un éternel chef-d’œuvre du manga ».
Nous pourrions également citer l’hommage rendu par Jackie Chan sur le site chinois Weibo ou encore celui de l’auteur de BD franco-belge Jordi Lafebre (Je suis leur silence, récemment) sur Twitter et de bien d’autres acteurs de la pop-culture, marqués à jamais par Toriyama, mais il n’y aurait certainement pas assez d’encre numérique et de serveurs pour cela.
(par Hippolyte ARZILLIER)
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