Beer Revolution - Par Sualzo & Musso - Ed. Glénat

Des BD qui concernent les plaisirs de Bacchus, il y en a pas mal de bonnes et de savoureuses. Dans le domaine de l’œnologie, outre les séries comme le manga Les Gouttes de Dieu ou la série Châteaux Bordeaux d’Eric Corbeyran et Espé (Glénat) la plus marquante est sans doute Les Ignorants d’Etienne Davodeau (Delcourt). Dans de domaine brassicole, on avait Les Maîtres de l’orge de Jean Van Hamme et Francis Vallès (Glénat) ; on a désormais la BD de Sualzo et Teo Musso qui fera date.

Comme la Terre effectue sa révolution annuelle autour du Soleil, les deux auteurs ont parcouru l’Europe et ont migré jusqu’au Japon pour aller chercher les plus belles expériences de production de bières artisanales qui ont eu lieu dans le monde. Leur périple avait aussi pour objectif de faire comprendre que la bière, tout comme le vin, peut être un produit finement élaboré, parfaitement pensé et produit dans le plus grand respect de certaines traditions et règles.

Tout commence dans un train. Sualzo l’avoue alors à ses lecteurs : la bière, il n’aimait pas ça. Mais c’était sans compter sur cette expérience incroyable qui l’a fait voyager dans des territoires et entrer en contact avec des expériences personnelles qui l’ont convaincu. La bière, ce n’est pas simplement une boisson de picoleurs peu connaisseurs et assez peu raffinés pour savoir se contenter et se délecter de la finesse et de la délicatesse d’un bon verre de vin. Non ! c’est bien plus que cela.

Ce qu’il découvre au fur et à mesure de ses pérégrinations aux côtés de Teo Musso, fondateur de la brasserie Baladin en Italie, ce sont des histoires d’hommes (il y a peu de femmes), attachés à leur terroir, qui veulent partager avec le plus de monde possible leur amour du bien vivre et leur amour du bon goût.

Car il n’y a pas de bonne bière sans bon public. Il n’y a pas de bonne bière sans un attachement à de vraies valeurs, quasi humanistes, dans lesquelles se mêlent la volonté de faire du bien aux autres et la passion pour l’histoire et l’art. Il n’y a pas de bonne bière sans la prise de risques, sans la volonté de tester et de concevoir des machines à partir de rien ou de peu de choses. Il n’y a pas de bonne bière sans un savant dosage de malt, d’épices ou d’autres ingrédients. Il n’y a pas de bonne bière sans un partage de compétences, sans l’entraide, et surtout, sans la croyance en ce que l’on fait.

À travers le voyage des deux compères, on rencontre des individus qui ont parfois tout laissé tomber pour s’adonner à leur passion. On apprend les techniques de production, l’économie qui lui est liée et le sens des mots. On comprend ce qu’il y a derrière les appellations. On sait désormais ce qu’est une Helles, une Bitter, une Stout, une Dunkel, une Pilsner, une IPA ou une Lager.

Après avoir lu la quinzaine de chapitres, le lecteur n’a qu’une envie, s’en servir une chez soi ou s’en faire tirer une dans un bar, avant d’aller chez son caviste pour assouvir sa soif et sa curiosité de découvrir toutes les bières dont l’histoire est racontée.

Ceux qui ont vu la série Madmen ont sûrement vu augmenter leur envie de consommer des cigarettes ; ceux qui ont vu Peaky Blinders auront acheté leur carafe à Whisky et l’auront remplie beaucoup trop souvent. Ceux qui liront Beer Revolution seront tentés de déguster sur le coin d’un zinc les bières dont il est question dans cette bande dessinée, mais aussi toutes les autres artisanales qui pourront leur être proposées.

En ayant toujours en tête que cela doit se faire avec modération…