Autant le préciser d’emblée, le titre de cette bande dessinée est un peu trompeur. En effet, on n’est pas face à une biographie de Chagall. Comme il l’avait fait avec Pascin (et dans une moindre mesure avec Gainsbourg), Joann Sfar emprunte ce qui l’intéresse dans le personnage pour créer sa propre histoire. Nez en obus et yeux de manga, le Chagall de Sfar tente de construire un théâtre pour échapper aux violences antisémites qui se déclarent en Russie.
Le cortège de personnages folkloriques (Jésus, l’égorgeur, musiciens, cosaques,…) s’efface progressivement pour laisser place à un final forcément tragique, quand on connaît l’histoire de la Russie à cette époque.
Avec un dessin plus « Fredien » que jamais, ce conte yiddish aborde la spiritualité et la peinture, thèmes récurrents de l’œuvre de Joann Sfar. Malheureusement, sans véritablement réussir à être aussi passionnant que Le Chat du Rabbin ou Pascin, à la jonction desquels aurait pu se retrouver ce Chagall en Russie. Entre les deux peintres chers à Sfar, la naïveté romantique prêtée ici à Chagall est certainement moins séduisante que l’impertinence flamboyante de Pascin.
(par Morgan Di Salvia)
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