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Coup de cœur de la Rentrée 2018 : « Krazy Kat – George Herriman – Une vie en noir et blanc » de Michael Tisserand

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 1er septembre 2018                      Lien  
Plus qu’une biographie érudite du génial créateur de Krazy Kat, pionnier du « comic strip », George Herriman, « Une Vie en noir et blanc » est le récit saisissant de la naissance du « comic strip » aux Etats-Unis à travers le destin passionnant d’un auteur de « funnies » aux talents de poète et de philosophe qui a dû toute sa vie dissimuler ses origines.

Avec son titre « Une vie en noir et blanc », on imagine assez bien les pages magnifiques de George Joseph Herriman (1880-1944) : ses horizons changeants et lunaires, ses beaux espaces cadencés, son trait étrange et ses surréalistes personnages : la chatte Krazy amoureuse du souriceau Ignatz qui répond à ses attentes à coup de briques sous l’œil sévère du débonnaire représentant de l’ordre, le Sergent Pupp. Quel génie du noir et blanc, en effet…

Coup de cœur de la Rentrée 2018 : « Krazy Kat – George Herriman – Une vie en noir et blanc » de Michael Tisserand
Une inventivité graphique et langagière de chaque intsnat.

Sauf que ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Il y a ce document découvert fortuitement en 1971, son acte de naissance sur lequel figure la mention manuscrite « col. » pour « colored » (de couleur). Oui, d’origine créole, George Herriman a des ancêtres noirs. Cette seule mention aurait pu compromettre sa carrière, lui barrer la route des grands quotidiens américains, et lui interdire l’acquisition de sa grande maison à Hollywood qu’il aimait tant et dont l’acte d’achat précise que la propriété est interdite aux gens "de couleur"...

Dès lors, son biographe Michael Tisserand n’a eu de cesse de rechercher minutieusement les minutes de la vie de celui placé par le Comics Journal à la première place (sur 100) des plus grands artistes américains de bande dessinée du XXe siècle.

Mise en perspective avec sa création, cette révélation éclaire bien des aspects de son œuvre restés dans l’ombre et notamment la question raciale symbolisée par les impossibilités de compréhension entre cette chatte, ce souriceau et ce chien, chacun restant dans un domaine de réflexes dus à leur condition initiale. La discrétion légendaire d’Herriman trouvant là une explication inédite. Cette langue -que d’aucuns auraient pu prendre pour du Yiddish cockney- s’explique aussi par la créolité de ses origines.

Un fort volume de 560 pages

Ce n’est pas le moindre des apports de ce livre érudit qui nous en apprend beaucoup sur la naissance de l’industrie américaine de la bande dessinée, Herriman faisant des aller-retour entre New York où la presse moderne et surpuissante s’apprête à conquérir le monde sous la houlette de ses tycoons Hearst et Pulitzer, mais où les hivers sont rudes, et Los Angeles, où l’industrie balbutiante du cinéma est en train de prendre son envol, et où le climat plus doux est plus confortable pour un dessinateur qui souffre d’arthrose à peine passée la trentaine.

On soulignera la qualité de la traduction réalisée par Marc Voline, bon connaisseur de la bande dessinée, même si l’on découvre avec un haussement de sourcils, page 83, que la bande dessinée Blondie est attribuée à Mort Walker au lieu de Chick Young. Nous sommes curieux de savoir si la coquille en dans l’édition originale ou dans sa version française. Marc, si tu nous lis…

Créé en 1913, le comic strip Krazy Kat de George Herriman expérimente très tôt dans ce qui va devenir à la fin du siècle le 9e art.
Krazy Kat by George Herriman © King Features Syndicates

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN : 9791091476874

« Krazy Kat – George Herriman – Une vie en noir et blanc » de Michael Tisserand – Les Rêveurs – 560 pages – 28€ - Diffusion Makassar.

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4 Messages :
  • L’erreur est mienne — mea culpa ! Dans le souci d’éclairer le public non initié, je me suis, avec le stress de ce vaste chantier, emmêlé les pinceaux, alors même que je suis un fan de Beetle Bailey qui figure en bonne place dans ma bibliothèque ! Mais, selon l’expression consacrée, le lecteur aura corrigé de lui-même, n’est-ce pas ?
    _

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    • Répondu par Ralph de Butler le 6 septembre 2018 à  19:05 :

      Bonjour et merci pour cette presentation interessante. Cependant il faut signaler le livre tres complet de Patrick McDonnell, Karen O’Connell and Georgia Riley de Havenon. "Krazy Kat. The Comic Art of George Herriman" publie en 1986 puis 1999 by Harry N. Abrams. New York. En effet les auteurs abordent avec beaucoup de details ce qui fait de George Herriman un artiste d’art sequentiel unique aux Etats Unis de par ses origines mais aussi sa poesie et ses differentes sources d’inpiration comme le sud-ouest Americain (Navajo, Dine, Coconino County, Monument Valley) et le Mexique entre autres. A signaler aussi l’exposition George Herriman "Krazy Kat is Krazy, Kat is Krazy Kat" qui c’est tenue du 18 octobre 2017 au 26 fevrier 2018 au Museo Reina Sofia de Madrid.

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    • Répondu par Robert Marx le 26 novembre 2018 à  19:26 :

      Dans le même ordre d’idée, je me permet de préciser que le tueur qui inspira Une Tragédie Américaine (p 136) n’est pas Charles Gillette -honnête architecte paysagiste, nous dit WIKI- mais bien Chester Gillette ...
      Bien des bises.

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  • Un complément passionnant aux quatre volumes de Krazy Kat précédemment édités par Les Rêveurs. Bravo donc à Michael Tisserand pour son enquête minutieuse, bravo à Marc Voline pour sa traduction, bravo aux Rêveurs pour la qualité de fabrication du livre (papier, couverture, signet etc.) et HONTE, MEGA-HONTE au correcteur/trice pour le nombre incroyable de fautes d’orthographe, coquilles, erreurs de transcription qui vous sautent à la figure toutes les dix pages, parasitant systématiquement le fil de la lecture. L’impression très gênante d’un texte composé sur smartphone par un stagiaire surexploité. Une grosse déconvenue.

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