Six cents pages bien tassées, donc, en noir et blanc, qui comptent les tranches de vie de quelques personnages : Sherman (un aspirant écrivain travaillant dans une librairie), Ed (dessinateur de BD travaillant comme assistant chez un vieux cartoonist du Golden Age) et leurs amis ou colocs. On suit leur quotidien sur quelques mois et on se prend d’emblée au jeu de l’auteur qui s’amuse avec le dérisoire tout autant qu’avec le destin de ses personnages.
Ancré fortement dans un univers de références culturelles américaines, l’album fonctionne tout de même sans la connaissance de tous ces petits renvois au Golden Age des comics ou à la télévision. On regrettera néanmoins que les notes de la traductrice explicitant ces références ne tombent pas toujours juste.
Le dessin noir et blanc semble faire "amateur", un peu fanzine, et on ne le voit pas évoluer au fil de l’ouvrage. L’auteur a sans doute privilégié le récit et la vitesse d’exécution à la beauté du trait. On ne s’en plaindra pas car le résultat donne un album passionnant de bout en bout, bourré de vie et de personnages crédibles et intéressants, un pavé qui en remontre à Blankets et qui mériterait sans doute plus un prix que l’album très surfait de Thompson. D’ailleurs, il est nommé à Angoulême : croisons les doigts.
(par Laurent Queyssi)
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