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Disparition de Claude Moliterni, fondateur du Festival d’Angoulême

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 21 janvier 2009                      Lien  
Le 36ème Festival d’Angoulême qui commence la semaine prochaine s’ouvre sur une triste nouvelle. L’un de ses trois fondateurs vient de disparaître. Personnalité considérable, Claude Moliterni, que l’on surnommait « le pape de la BD », a incarné pendant plus de cinquante ans un combat pour la reconnaissance et la popularisation de la bande dessinée qui force l’admiration.

Il s’est éteint la nuit dernière d’une crise cardiaque à l’âge de 76 ans. Beaucoup d’entre ceux qui aujourd’hui se disent « spécialistes de bande dessinée » sont redevables à ce vaillant bretteur qui, jusqu’au bout s’est employé à populariser et à crédibiliser le 9ème art.

Il avait fait ses débuts chez Hachette en 1955, comme documentaliste puis comme directeur du service iconographique. De 1973 à 1989, il avait été directeur éditorial des éditions Dargaud. Il a été directeur des rédactions des mensuels Pilote, Charlie Mensuel, Lucky Luke Magazine, Le Journal de Fulgur, Spot B.D., Pogo-Poco, puis directeur général de Gautier-Langereau (1989-1990) et cofondateur des éditions Bagheera (1990-1998).

Il fut également scénariste de bande dessinée (des séries avec Gigi, Brocal-Remohi, Serres, Fahrer, …) notamment une Histoire de l’Islam et une Bible qui a reçu l’imprimatur du Vatican.

Disparition de Claude Moliterni, fondateur du Festival d'Angoulême
Claude Moliterni en novembre 2005
Photo : D. Pasamonik

Un ardent propagandiste du Neuvième Art

Il fut de toutes les batailles pour la connaissance et la reconnaissance de la bande dessinée. Il fut des premiers clubs de bande dessinée en France dans les années soixante, le CELEG et la SOCERLID.

Il organisa la première grande exposition de B.D. en France en 1965 : Dix Millions d’Images, à la galerie de la société photographique Montalembert où il exposa Burne Hogarth et Milton Caniff.

Mais son premier grand coup d’éclat fut la réalisation, sous sa direction, avec le concours de Pierre Couperie, Proto Destefanis, Edouard François, Maurice Horn et Gérald Gassiot-Talabot de la marquante exposition Bande dessinée et figuration narrative (1967) au Musée des arts décoratifs, présentée ensuite au Museu de arte de Sao Paulo, à l’Institute of Contempory Arts à Londres, à la Kunsthalle de Berlin, au Musée d’art moderne d’Helsinki, aux Musées royaux d’art et d’histoire à Bruxelles, ainsi qu’à la Stadsbibliotheek d’Anvers. Son catalogue reste une référence pionnière pour l’étude de la bande dessinée.

Pionnier des études sur la bande dessinée et des Festivals de BD

À la suite de ce succès énorme, il contribua à ou initia plus de 200 expositions de B.D. à travers le monde entre 1968 et 2005. Il exposa Charles Schultz, Hugo Pratt, Will Eisner, Moebius, Druillet… La plupart étaient ses amis.

Il fut notamment le fondateur et directeur de Phénix, revue d’études sur la B.D. (1966-1977) et l’auteur d’une des premières histoires de la bande dessinée. Il fut, avec Patrick Gaumer, le coauteur du Dictionnaire mondial de la bande dessinée aux éditions Larousse et le fondateur du site d’information sur la bande dessinée BDZoom.com.

Surtout il fut l’introducteur des festivals de BD en France. Il fut le fondateur de la Convention de la B.D. de Paris (1969-2003), le cofondateur du Festival International d’Angoulême qu’il co-dirigea entre 1972 et 2005, cofondateur du festival international de Lucca (1965-1992), cofondateur du festival B.D. de Chambéry (1967-2005), cofondateur du festival d’Ajaccio (1984-1994), cofondateur de la biennale Expocartoon à Rome (1993-2004), cofondateur du mouvement en faveur du Centenaire de la B.D. (1996), cofondateur de 100 Millions d’images au Musée d’art contemporain de Lyon (1996-2001)…
Récemment, il avait fondé le Premier Carrefour du 9° art et de l’image à Aubenas (2007).

Les trois fondateurs du Festival International d’Angoulême : Jean Mardikian, Claude Moliterni et Francis Groux
Photo : DR

Ces échanges internationaux ont permis l’évolution de la bande dessinée sur notre continent et ailleurs. Angoulême avait accueilli Harvey Kurtzman, Burne Hogarth et Will Eisner dès 1975, Osamu Tezuka dès 1982… Cette émulation a favorisé l’émergence d’une bande dessinée plus adulte, un échange de connaissances que Moliterni consignait dans ses travaux. Bon exemple dans le lien .

Une telle longévité dans la promotion de la bande dessinée lui a valu, comme toujours, des critiques. Il reste qu’il fut un pionnier capital et que sans son énergie, son enthousiasme et son ouverture d’esprit, la bande dessinée francophone ne serait pas ce qu’elle est devenue aujourd’hui.

Il était titulaire des insignes d’Officier des Arts et Lettres, de Chevalier de l’Ordre du Mérite National, et Chevalier de la Légion d’Honneur.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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En médaillon : Claude Moliterni. Photo : D. Pasamonik.

 
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22 Messages :
  • Merci de rappeler qu’il fut l’auteur du Dictionnaire mondial de la bande dessinée chez Larousse, ouvrage bourré d’erreurs, d’inexactitudes, d’a-peu-près et de contre-sens, qui n’en finiront pas de se retrouver de livres en livres sur le sujet (puisque un dictionnaire est censé dire vrai).

    Rendons hommage à cet homme sympathique, bon scénariste à qui la bd doit quand même beaucoup.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 22 janvier 2009 à  09:07 :

      Vous ne devez pas être un honnête homme.

      Car un honnête homme ne s’essuie pas les pieds sur un défunt. Sa disparition devrait être l’occasion d’un bilan, et dans le cas de Claude Moliterni, il est largement positif.

      Ensuite parce qu’un honnête homme aurait pris en compte que ses travaux étaient pionniers et s’appuyaient sur la connaissance de son temps. Dans son fameux Dictionnaire, la notice sur els mangas était rédigée par Osamu Tezuka. Qui dit mieux ?

      Un dictionnaire aussi fiable et aussi recommandable que le Larousse de la BD de Patrick Gaumer a fait décéder Carl Barks de son vivant. Gaumer le premier le déplorait et a corrigé l’erreur aussitôt.

      Nous, sur ActuaBD, nous faisons des erreurs tous les jours. Nous les corrigeons autant que nous le pouvons. Car telle est la condition nécessaire de la connaissance.

      Ne pas reconnaître le rôle de pionnier dans la connaissance de la BD de Claude Moliterni, et le réduire à un "homme sympathique", ce n’est pas être un honnête homme.

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      • Répondu par Christian Gaudin le 22 janvier 2009 à  12:35 :

        Bien dit Passa ! Réduire l’apport de Moliterni aux erreurs de son dico le lendemain de sa disparition c’est vraiment minable.

        Quelle serait la place de la BD chez nous sans sa passion et son infatigable activité depuis les années 60, ses premières expos, la création des festival de Lucca et d’Angoulème ?

        Charmant, drole, attentif aux autres, c’était un immense plaisir de respirer les même air que lui et de boire son vin, son humour et sa passion me manqueront vraiment et je regrette de ne l’avoir connu personellement que depuis deux ans.
        Je me rappellerai toujours mon arrivée chez lui et la vison sur son mur de la première planche de Caniff sur Steve Canyon, woawwoawwoaw, big up Momo !

        Après Francis Lacassin voici qu’un autre adorable accoucheur de la bd europénne rejoint le paradis de bulles, alors bon voyage Claude.
        Christian Gaudin

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      • Répondu par Patrick Gaumer le 22 janvier 2009 à  13:50 :

        Étant indirectement interpellé — à moins que notre anonyme correspondant ne se trompe d’ouvrage ? —, je tiens juste à rappeler le petit encadré figurant dans la première édition du « Dictionnaire mondial de la bande dessinée » (1994) :

        « Les recherches iconographiques ont été supervisées par Claude Moliterni et Patrick Gaumer, qui a assuré, pour sa part, la mise en forme et la vérification de l’ensemble des textes » ; en 1998, la part de chacun fut encore plus précise : « Les recherches iconographiques ont été supervisées par Claude Moliterni et Patrick Gaumer, qui a assuré, pour sa part, l’écriture et la vérification de l’ensemble des textes ».

        Afin de lever toute ambiguïté, je signais sous mon seul nom le « Larousse de la BD » (supprimant à l’occasion une petite dizaine d’articles co-écrits et refaisant l’icono).

        Si le « Dictionnaire mondial de la bande dessinée » chez Larousse, est « un ouvrage bourré d’erreurs, d’inexactitudes, d’a-peu-près et de contre-sens « , j’en suis donc seul responsable ! S’il comporte des informations dûment vérifiées, j’en assume aussi la paternité !

        J’ignore qui se cache derrière l’anonymat de ce post. Peut-être un malhonnête homme, soulignes-tu Didier ? Sans doute. En tout cas quelqu’un de pas très courageux. Ce n’est pas très grave. Portons cette lâcheté au crédit de l’émotion. Lorsque je ne suis pas d’accord avec une personne, je m’adresse directement à elle. Lorsque j’écris sur un forum, je signe mes propos. Question de tempérament.

        Du tempérament, Claude Moliterni en avait, aussi. Lorsque nous étions en désaccord, — nous le fûmes parfois —, nous avons toujours eu à cœur de nous expliquer, en direct. Claude était un conteur, avec cette faconde toute méditerranéenne qui faisait à la fois son charme et qui pouvait dérouter. Son côté parfois brouillon — l’apanage de ceux qui veulent souvent faire trop de choses — n’occulte en rien sa formidable énergie.

        Tu le soulignes, Didier, Claude fut un merveilleux animateur ; sa passion pour tout ce qui fut longtemps considéré comme un « pousse-au-crime », était communicative. C’est avec un pincement au cœur que j’ai appris sa disparition. Une page se tourne. Salut l’artiste.

        PS : Juste une petite précision, Cher Didier, la notice sur les mangas, rédigée par Osamu Tezuka (et Kosei Ono), est en réalité parue dans l’Histoire mondiale de la bande dessinée » (Horay).

        Bien amicalement,

        Patrick Gaumer

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    • Répondu le 22 janvier 2009 à  13:37 :

      Si un dictionnaire est censé dire vrai, expliquez-moi pourquoi les définitions changent avec le temps ?
      Prenez un Larousse des années 1940 et lisez la définition du mot femme par exemple...
      Claude Moliterni a été pionnier, il a fait des petites erreurs mais avec le temps, d’autres les corrigeront. Tous les historiens font des erreurs.
      Si Michelet n’avait fait aucune erreur, Astérix ne serait pas Astérix.

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  • Disparition de Claude Moliterni, fondateur du Festival d’Angoulême
    21 janvier 2009 23:32, par Xavier Mouton-Dubosc

    C’est un des personnages importants de la Bande Dessinée Française qui nous quitte.
    Un des monsieur qui ne sont pas aussi connus que les talentueux dessinateurs, les imaginatifs scénaristes et les éditeurs à succès. Un des artisans discrets qui nous ont permis de découvrir les auteurs de demain en perpétuant la connaissance de ceux passés.

    Au revoir, Claude.

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  • "que l’on a surnommait " est à corriger ! que l’on surnommait ou bien "que l’on a surnommé" serait d’un point de vue grammatical plus juste ! Amicalement.

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  • Disparition de Claude Moliterni, fondateur du Festival d’Angoulême
    22 janvier 2009 01:30, par jean-marc Thévenet

    Claude, c’est l’histoire d’un mec qui a mouillé sa chemise pour la bande dessinée. Bien sûr, il avait sa façon à lui d’écrire une autre histoire, celle de ses convictions justement en matière de bande dessinée. Nous nous sommes souvent heurtés, toujours par conviction, à propos d’auteurs qui selon lui ne "faisaient pas de la bande dessinée"....Mais il avançait sur ce terrain avec toujours beaucoup d’honnêté. Et puis qui n’a pas sa façon personnelle d’écrire l’histoire ou une histoire... Au début des années 80, Georges Dargaud avait réuni autour de lui trois capitaines : Guy Vidal , Greg et Claude. Leurs conversations, que dire leurs débats étaient pour le moins animé, et avec le temps, je me dis que ce fut une vraie chance d’assister à leurs duels ( mouchetés). Claude, au bon sens du terme, était un homme pressé car il savait qu’il y avait tant de "choses" à faire pour que la bande dessinée avance, c’est à dire soit reconnue ou décrite à sa juste valeur à l’heure où les médias ( 1980/1990) restaient très frileux quant à leur implication...Il pouvait arriver chez Dargaud avec Hugo Pratt ou un auteur totalement inconnu, faire le siège du bureau de Guy Vidal pour le convaincre que Liberatore devait être publié dans Pilote ( ce qui ne fut, vous le savez, jamais réalisé)... Il avait mis beaucoup d’énergie afin que Georges Dargaud rachète Charlie Mensuel tout en laissant la parternité du projet à d’autres. il était comme ça, la lumière ne l’intéressait guère. J’aimais sa manière un peu cosaque de monter des projets, de défendre des auteurs, de disparaître et de réapparaître avec des planches déposées sur son bureau qui vivait à l’heure d’un bordel indescriptible. C’était , si je peux dire, l’homme de la Bible chez Dargaud et dans le même temps il vouait un culte à Eric Losfeld. Ce n’était pas un homme de manières mais de convictions. Il avait vraiemnt oeuvré pour que la bande dessinée française se dimensionne à l’international. Ce n’était pas un pape de la bande dessinée mais plutôt un parrain ( affectueux et affectif). La dernière fois où je l’ai croisé, il y a plus d’un an, place du Chatelet, il prenai un verre avec la fille d’Hugo Pratt et promis il m’appelerait dans les jours suivants. Ce qui ne fut pas fait. T’es con, Claude, t’aurais pu m’appeler...!
    Jean-Marc Thévenet

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  • De Montréal, j’apprends la triste nouvelle...Je n’oublierai jamais le rôle que tu as joué dans mon parcours .à savoir ma première publication dans le journal des Pieds Nickelés en 72 puis 10 ans plus tard, par ton entremise ,notre entrée dans Charlie mensuel . Merci d’avoir cru dans les jeunes auteurs que nous étions.
    Je me souviens également des bons moments que nous avons partagé avec toi et toute ta clique, ces voyages que nous faisions dans les contrées lointaines pour promouvoir la bande dessinées,de tous ces joyeux repas avec Philippe Mellot et autres consorts...Claude pour tout cela je te remercie.
    Je t’embrasse
    Régis

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  • Je suis très touché par cette disparition.

    Claude Moliterni m’avait reçu chez Dargaud à deux reprises, alors que je n’avais que 12 ou 13 ans.

    Il était débordé, je faisais mon fanzine !, mais il a pris le temps, malgré tout, de me recevoir.

    "Tu veux faire quoi ?"

    "Travailler dans la BD."

    "Oui, mais tu veux dessiner, écrire ... ?"

    "Non non, travailler dans l’édition, comme vous."

    Et là, il se lève et ouvre une armoire pleine à craquer de BD et en sort une liasse de comics US récemment parus.

    "Tu vois, il y a toujours des comics sur mon bureau et des dizaines de personnes entrent ici chaque jour. Et PERSONNE ne les regarde alors que ce sont des petits chefs d’oeuvre et que leurs auteurs sont des génies. C’est triste."

    Et il me donne les comics en question.

    J’hallucine. A une époque où les comics US étaient encore dans leur ghetto et considérés comme honteux par la bien-pensante BD française, le patron de Pilote revendique haut et fort sa passion pour eux.

    Je les ai encore tous, ces comics, dans une enveloppe :

    Ronin de Frank Miller ;
    Thriller de Trevor Van Eeden ;
    les premiers comics d’Alan Moore ;
    du Eisner.
    Camelot 3000 de Bolland !

    Il ne se trompait pas.

    Merci pour m’avoir donné confiance en ma passion, Monsieur Moliterni.

    Jean Wacquet
    Soleil

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    • Répondu par phil cordier le 22 janvier 2009 à  11:59 :

      une perte importante pour le monde de la BD
      Petit hommage avec anecdotes perso sur cette entrée de mon blog
      http://philcordier.blogspot.com/2009/01/angoulme-perd-un-papa.html

      Voir en ligne : http://philcordier.blogspot.com/200...

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    • Répondu par pavie le 22 janvier 2009 à  12:30 :

      je suis très touché de la disparition de Claude Moliterni qu’il me soit permis de rappeler un souvenir personel : au début des années 70 il s’était attaqué avec deux autres critiques de la BD à une oeuvre personelle :l’encyclopédie mondiale de la bande dessinée en prépublication dans Tintin puis dans Phénix,deux volumes parurent ensuite chez Serg,ils s’arrêtèrent à la lettre E, je n’ai pas à savoir les raisons qui les font arrêter mais j’ai toujours regretté qu’ils n’aient continué et même terminé, cette encyclopédie aurait été la bible de nombreux passionés de la BD,en tout cas celà prouve la passion minutieuse de Claude Moliterni pour la bande dessinnée

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      • Répondu par JEAN LUC LANTENOIS le 22 janvier 2009 à  16:33 :

        Je suis très touché, boulerversé par la disparition de Claude Moliterni.
        Ancien critique B.D. à l’Humanité, il m’avait ouvert toutes les portes afin de rencontrer les auteurs, de pouvoir se rendre dans les salons comme Lucca/ Angoulême et d’autres plus modestes mais qui avaient comme avantage de pouvoir s’entretenir en toute convivialité avec tous les grands noms de la B.D.
        Claude était fidèle en amitié. Nous nous étions pas vus depuis 10 ans et lors de Lire en fête 2008, venu animé un débat il m’avait pris dans ses bras en me d’écriant " qu’est-ce que je suis heureux de te revoir ".

        Ce jour là nous avions tous les deux défendu un livre " Moussa et David" de Rasjfus et Demiguel sur le conflit israélo palestinien...il était bouleversé par ce qui se passait. Il luttait à sa manière pour le droit des enfants palestiniens à vivre.

        Grace à lui j’ai pu comprendre les arcanes de cet art, comprendre les dessous parfois nauséabonds du monde éditorial....Rappelle toi Claude l’affaire Ampère où tu m’as conseillé, donné des pistes, tout en me faisant promettre de ne pas mettre en difficulté des dessinateurs qui avaient besoin de travailler pour manger.

        Claude était un historien de la B.D., un découvreur de talents, un personnage inouî qui vous prenait par le bras et par une petite phrase te faisait découvrir un aspect inconnu d’un dessinateur, d’un héros de B.D.

        Et jamais il ne m’a demandé de contrepartie.

        Salut Claude....je suis triste, très triste.

        Jean Luc Lantenois

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        • Répondu par François Pincemi le 22 janvier 2009 à  23:46 :

          Moi même, j’ai rencontré Monsieur Moliterni à de nombreuses reprises, notamment à la Convention de la BD dont il était l’un des organisateurs (années soixante-dix, cela ne nous rajeunit pas, à la Mutualité !!). Je me souviens qu’un année (1976 à 1979 ? ma mémoire me joue des tours pendables...)fut troublée par l’irruption de néo punks pseudo-artistes iunderground et fumette qui venaient semer la pagaille dans cette fameuse réunion consacrée au culte de la BD francobelge. Je crois qu’ils publiaient un zine du style Crapaud fumeux ou bavant. Habillés de noir et de cuir, hirsutes, tatoués, et sans doute fumeurs, ces jeunes plaisantins venaient semer le souk dans notre auguste assemblée, cherchant à faire basculer pas mal de tables sur tréteaux (notamment celle de Metal Hurlant, où dédicacait avec talent notre cher Moebius). J’ai assisté à l’intervention du sieur Moliterni qui, assisté de plusieurs vigiles, demanda à ces jeunes intrus d’aller se faire voir ailleurs... pour le plus grand bien des exposants présents ainsi que du public réuni !!

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      • Répondu par GC le 5 février 2009 à  23:05 :

        Pour le souvenir que j’en ai, il me semble qu’ils avaient arrêté car ils s’étaient rendus compte qu’il aurait déjà fallu rajouter un volume complet afin de faire figurer les oublis des deux précédents... Mais c’était un travail réellement titanesque, je le relis d’ailleurs actuellement...GC

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  • Les obsèques de Claude Moliterni
    22 janvier 2009 16:40, par ActuaBD

    Les obsèques de Claude Moliterni se dérouleront le mardi 27 janvier, à 14h30, à l’église St Médard (rue Mouffetard – Paris 5ème).

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  • Disparition de Claude Moliterni, fondateur du Festival d’Angoulême
    23 janvier 2009 11:36, par Philippe & Yvette

    Nous l’avons connu sur le tard.. on l’appelait familièrement Coco. Toujours disponible. Il était aussi organisateur d’un festival BD à la mairie du Vè arrondisssement de Paris et d’un petit festival très sympa mais hélas disparu à Dreux. C’est un Monsieur de la Bande Dessinée. Il était une des mémoires du 9ème art. Il est parti trop tôt. Total Respect.

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  • Je me souviens du choc ressenti lors de la découverte du catalogue de l’expo Bande Dessinée & Figuration Narrative, je me souviens que Phénix m’a ouvert les portes d’une bande dessinée hors frontière, je me souviens d’un voyage à New York en 1972 qui scellait la rencontre entre toutes les générations de la BD européenne (Hergé, Gigé, Tillieux, Moebius, Druillet, Hugo Pratt et tant d’autres) et le monde du strip et du comics ( Milton Caniff, Schultz, Neal Adams, Jeff Jones, Gil Kane, Stan Lee et bien d’autres), je me souviens de cet homme à l’énergie proverbiale qui lors du lancement d’Akira en France a été un des rares à me dire que c’était un grand moment...
    Je le connaissais peu, mais grâce à lui et, bien sûr à quelques autres, je suis passé de l’autre côté du miroir (de pages)...

    Respect et tristesse,

    JCCAMANO

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  • Depuis l’annonce de son décès, énormément de pièces de puzzle se regroupe dans ma tête de trentenaire. Au travers de mes lectures de fanzines, de magazines, d’albums, la vision de documentaires et j’en passe, je m’aperçois après coups de l’omniprésence de ce grand monsieur qui savait s’effacer derrière les œuvres d’un art qui le passionnait. Il a fait partie de ceux qui, dans l’ombre, ont certainement influencé énormément de gens, lecteurs et auteurs, de manière indirecte. J’ai conscience soudain d’en avoir fait partie. J’espère que ces paroles toucheront ceux qui l’ont connu et aimé s’ils viennent à les lire : son héritage immense est bien présent.

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  • Disparition de Claude Moliterni, fondateur du Festival d’Angoulême
    25 janvier 2009 22:33, par Patrick Pinchart

    Je pense qu’il est difficile, aujourd’hui, alors que la bande dessinée est hyper-médiatisée et un secteur en pointe de l’édition, de se rendre compte, non seulement de l’importance de l’apport de Claude Moliterni à la reconnaissance de celle-ci, mais aussi de la difficulté de son combat à une époque où elle était méprisée, considérée au mieux comme un divertissement pour enfants, au pire comme un danger pour ceux-ci, coupable de les abêtir, de leur désapprendre l’orthographe et de les éloigner de la "vraie" lecture.

    Pour ma part, si j’œuvre modestement dans la bande dessinée depuis près de quatre décennies, c’est grâce à quelques livres "fondateurs" — dont le premier fut "Bande dessinée et figuration narrative", co-signé par Claude Moliterni, qui montrait toute la richesse de ce que Francis Lacassin, dans un autre livre fondateur, nommerait "9e Art" —, ainsi qu’à l’une ou l’autre revue de pionniers — dont "Phénix", co-dirigé par Claude Moliterni —, qui m’ont montré que la passion que je ressentais pour la bande dessinée, ses univers, ses auteurs, n’était pas un plaisir solitaire ni une pratique honteuse. Qui ont partagé mon émerveillement devant le travail des créateurs que j’admirais, et qui m’ont ouvert les yeux sur le travail d’autres (innombrables) auteurs de par le monde.

    Je ne connaissais pas personnellement Claude Moliterni, mais je le lisais. Dans ses textes, on devinait la passion d’un pionnier qui salivait à l’idée de pouvoir faire découvrir à d’autres les terres qu’il avait défrichées. Certes, cette passion le conduisait à quelques à peu près qui agaçaient, mais ils ne devraient pas occulter l’immense travail qu’il a accompli avec d’autres (Francis Lacassin, Pierre Couperie, André Leborgne, entre autres premiers noms qui me viennent à l’esprit). Sans eux, qui aujourd’hui oserait se revendiquer "spécialiste" ou "historien" de la bande dessinée ?

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  • Claude moliterni a tant oeuvré pour rendre la BD populaire que nous lui devons un grand merci.
    Sans son apport beaucoup aussi bien auteurs ,lecteurs ,éditeurs seraient passés à côté de ce qui est actuellement leur "job".
    J’espère que les petits jeunots ne seront pas ingrats envers l’hommage que l’on doit lui rendre.

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  • Je n’ai pas bien connu Claude Moliterni. Probablement parce que je travaillais pour une autre maison d’édition. Il y a des chapelles, dans ce métier.

    Pourtant... Petit souvenir de janvier 86. Une interview un peu particulière dans un train en direction d’Angoulême le mercredi matin, lors du tournage de l’émission Temps X dont j’était par hasard (et grâce à Sylvie Brasquet) la "vedette" fil rouge...

    Nous devions tourner deux plans, un premier nous montrant tous deux - moi le dessinateur débutant et lui le professionnel accompli - en train de causer assis côte à côte et parlant du festival où nous nous rendions. Et puis un second, simulant le retour, puisque nous n’étions pas sûr de le revoir trois jours plus tard. La "magie" de la télévision...

    Pour cette seconde séquence, donc, lui et moi assis face à face cette fois, j’ai juste changé de pull. Et c’est parti, je prends l’air épuisé du festivalier qui rentre à la maison tandis que fuse d’entrée et sans crier gare - sitôt le "ça tourne" prononcé - sa première question, posée avec un petit sourire malicieux :

    "Alors, Erik, cet Angoulême ? Qu’est-ce que tu as pensé de l’exposition chinoise ?"

    Pris de cours et incapable d’extrapoler en brodant sur un endroit où je n’ai pas encore mis les pieds, je bafouille avant l’air ahuri de rester bêtement muet.

    "Coupez !"....

    Hilarité générale. Claude m’a piégé et se marre gentiment. Ensuite, perturbé, je recommencerai la prise plusieurs fois avant que ce ne soit dans la boîte... Actor studio...

    Je l’ai recroisé quelquefois ces dernières années au Mercure lors de mes animations pour la Caisse d’Épargne, Claude se souvenait très bien de ce petit tournage quand je lui en ai reparlé, il y a deux ans.

    Je garderai le souvenir de ce sourire malicieux.

    Voir en ligne : So long, mister CM

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