À ses débuts, le Prix de la Critique attribué par l’Association des Critiques et Journalistes de bande dessinée, était remis au moment du Festival d’Angoulême, prenant même place parmi les prix officiels en 1999.
Sous le prétexte d’une cérémonie des prix trop longue, sinon la volonté de mieux monnayer chacun des prix auprès d’un sponsor, Jean-Marc Thévenet, alors directeur du FIBD, l’évinça en 2003.
Depuis, le "Grand Prix", non pas automobile, mais de la critique BD, est choisi à Blois et proclamé plus tard, une année à Angoulême, une autre au moment du Salon du Livre de Paris au Printemps. Cette année, il est proclamé début décembre, ce qui est une bonne idée, car le public est toujours à l’affût d’un choix utile au moment de faire des cadeaux. Rappelons que 40% du chiffre d’affaire de la BD se réalise au moment des fêtes de fin d’année.
Grand Prix de la Critique pour « Moi, assassin » d’Antonio Altarriba et Keko (Denoël Graphic).
"Le Grand Prix de la Critique ACBD, dit le communiqué, a pour ambition de « soutenir et mettre en valeur, dans un esprit de découverte, un livre de bande dessinée, publié en langue française, à forte exigence narrative et graphique, marquant par sa puissance, son originalité, la nouveauté de son propos ou des moyens que l’auteur y déploie. »
L’ACBD comptabilise à ce jour 84 journalistes et critiques qui parlent régulièrement de bande dessinée dans la presse régionale et nationale écrite, audiovisuelle et numérique. Quelques collaborateurs d’ActuaBD (pas tous...) en font partie. La sélection a été faite parmi quelque 3 943 nouveaux titres publiés dans l’espace francophone européen (France, Belgique, Suisse) entre novembre 2013 et fin octobre 2014, décompte que Gilles Ratier tient avec un grand professionnalisme.
Cette année, le prix a été décerné à « Moi, assassin » d’Antonio Altarriba et Keko, édité chez Denoël Graphic. "Ce maître-scénario d’Antonio Altarriba qui nous avait déjà conquis avec L’Art de Voler (Denoël Graphic, avec Kim au dessin), écrivions-nous dans ActuaBD.com., est magnifiquement servi par le dessinateur espagnol Keko. Ses noirs sont tranchants comme le scalpel de son assassin-esthète. C’est le noir du deuil, du néant, de la rébellion, de l’inconscient, de l’anarchie... Quand il s’autorise du gris, c’est pour plonger dans les chefs d’œuvre de l’effroi, comme Le Cri de Munch, le Cannibale de Goya ou le Pornocratès de Félicien Rops. Le rouge surgit parfois au détour des pages : c’est la signature du meurtre. Le noir apparaît ici comme la quintessence de la pureté morbide, de cette rationalité qui a permis, selon la grimaçante formule de Benny Levy à propos de l’Holocauste auquel le scénariste espagnol fait allusion à la dernière planche de l’album, "la rencontre entre les Lumières et la Nuit"."
Prix des libraires Canal BD pour "Les Vieux Fourneaux" de Paul Cauuet et Wilfrid Lupano (Dargaud)
Le groupement Canal BD, le premier réseau de libraires indépendants spécialisés dans l’univers de la bande dessinée et le manga compte aujourd’hui 97 librairies en France métropolitaine, Dom-Tom et pays limitrophes (Belgique, Suisse, Italie et Québec). Tous les deux mois, chaque libraire du Groupement des Libraires de Bande Dessinée (GLBD) vote pour deux albums. Au bout d’un an une liste de douze albums se dégage. Un vote final, auquel chaque libraire du GLBD participe, départage les nominés.
Cette année, c’est "Les Vieux Fourneaux" de Paul Cauuet & Wilfrid Lupano (Dargaud) qui emporte la palme. "Avec un excellent argument de départ, celui du choc des générations et des illusions perdues, écrivions-nous dans ActuaBD, « Les vieux fourneaux » déroule à une cadence soutenue une histoire drôle, souvent douce-amère, toujours extrêmement bien dialoguée. On ne met que rarement des héros du troisième âge à l’honneur dans les fictions. En bande dessinée, on se souviendra du délicieux album « Les Petits ruisseaux » de Pascal Rabaté. C’est également l’option narrative des « Vieux fourneaux » et son trio de héros atypique qui donne à cet entame de série toute sa fraîcheur et son pouvoir comique. Dans ce portrait d’une génération vieillissante et un peu désabusée, Paul Cauuet et Wilfrid Lupano font preuve de beaucoup de personnalité et placent d’emblée leur série parmi les albums de l’année 2014 qui resteront."
Prix Landerneau 2014 des Espaces Culturels E. Leclerc pour Le Teckel d’Hervé Bourhis (Casterman / Arte éditions),
C’est Hervé Bourhis qui a reçu aussi le troisième Prix Landerneau 2014 des Espaces Culturels E. Leclerc, un groupement qui réunit 1010 libraires sur 215 points de vente, remis par un jury présidé par Pascal Rabaté, pour Le Teckel (Casterman / Arte éditions), une comédie particulièrement réussie dont il assure le texte et le dessin.
"On n’avait pas vu une telle efficacité dans la caractérisation depuis... Lauzier et sa Course du rat, écrivions-nous dans ActuaBD. C’est intrigant, perlé de répliques très drôles et de situations rocambolesques. L’album dresse un portrait à la fois tendre et féroce de la France profonde aux affres d’un cynisme marchand gavé de superficialité. Le graphisme d’Hervé Bourhis, avec ses chromies, participe à la réussite de l’exercice : synthétique, élégant, lisible, il rend en quelques traits parfaitement justes le rapport d’hostilité goguenarde entre les protagonistes. Remarquable."
"Ulysse" de Jean Harambat (Actes Sud), prix de la BD du "Point" 2014
En octobre dernier, ActuaBD avait rencontré Jean Harambat, l’auteur d’Ulysse. L’ouvrage n’est pas non plus passé inaperçu pour un jury du Point présidé par Georges Wolinski et composé d’Albert Algout, Romain Brethes, Florence Cestac, Jacques Dupont, Jul, Marie-Françoise Leclère, Christophe Ono-dit-Biot, Albert Sebag et Bastien Vivès. "Je voulais au tout début faire une adaptation la plus fidèle possible aux derniers chants de l’Odyssée, quelque chose de lent et pasolinien. Mais je n’étais pas sûr d’aller dans une voie originale, ni d’avoir les qualités graphiques nécessaires. Il m’a semblé que ce que je pouvais apporter c’était au contraire une composition qui allait éclairer le texte d’Homère, en dévoiler les mystères. J’avais de bons alliés mais il fallait rendre ça vivant et plaisant" dit Harambat à Yoann Radomski d’ActuaBD.
Grand Prix RTL pour "L’Arabe du futur" de Riad Sattouf (Ed. Allary)
Un jury composé de journalistes de la célèbre radio périphérique et de libraires qui élisent chaque mois la meilleure BD de la période écoulée ont décerné leur prix annuel à Riad Sattouf pour "L’Arabe du futur" (Ed. Allary). "Il faut dire qu’il s’agit à d’une œuvre maîtresse pour l’auteur, écrivions-nous dans ActuaBD. Au travers des pérégrinations de sa famille au Maghreb et au Moyen-Orient, il dresse le portrait émouvant de son père d’origine syrienne marié à sa mère d’origine bretonne. Un père universitaire déchiré entre la France des années 1970 et un idéal arabe incarné par Nasser et Kadhafi, écartelé entre l’Islam et l’Occident, trouvant avec difficulté sa place entre des dictatures dont les pratiques et les mentalités restent pour partie ancrées dans le moyen-âge et cette France faraude mais encore profondément xénophobe."
Prix Artémisia de la BD féminine pour "Ainsi soit Benoîte Groult" de Catel (Grasset)
Nous écrivions dans ActuaBD à propos de "Ainsi soit Benoîte Groult" de Catel (Grasset) qui a reçu cette année le Prix Atémisia : "Même si ce livre souffre parfois de longueurs, on n’échappe pas quelquefois au name dropping, et même si on sent l’auteure vraiment contente de fréquenter cette grande dame, il n’en reste pas moins que l’on en apprend beaucoup, d’une façon enjouée et drôle, sur l’histoire et la philosophie de la cause féministe. On frémit à l’idée qu’avant la légalisation de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) et l’abolition de la peine de mort, des femmes ont été guillotinées parce qu’elles avaient décidé d’avorter... Il est des livres qui sont salutaires. Ainsi soit Benoîte Groult en est un." Il n’y a rien à rajouter de plus.
"Wet Moon" d’Atsushi Kaneko (Casterman/Sakka) reçoit le Prix Asie de l’ACBD.
L’ACBD ne se cantonne pas la BD franco-belge. Elle remet aussi un Prix Asie chaque année au moment de Japan Expo. C’est "Wet Moon" d’Atsushi Kaneko (Casterman/Sakka) qui est le lauréat cette année.
"Atsushi Kaneko nous propose avec Wet Moon un polar en apparence à l’ancienne empruntant les codes du roman noir, écrivait Aurélien Pigeat dans ActuaBD.com Mais il mâtine ce patron avec les marques de son propre univers : délires, étrangeté, marginalité... Cela produit un résultat enthousiasmant : la narration étoilée ménage le suspens quand la composition de planches et les jeux de contraste installent une ambiance lourde, oppressante..."
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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