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Janry (Le Petit Spirou) : « Je regrette parfois que mon encrage ne soit pas un peu plus fou, plus accidenté, plus surprenant ! »

Par Nicolas Anspach le 31 mars 2009               Le Petit Spirou) : « Je regrette parfois que mon encrage ne soit pas un peu plus fou, plus accidenté, plus surprenant ! » " data-toggle="tooltip" data-placement="top" title="Linkedin">       Lien  
Le {Petit Spirou} fut l’une des premières séries irrévérencieuses à être publiée dans le journal de {Spirou}.{{ Tome}} et {{Janry}} abordèrent, en filigrane, les questionnements et la curiosité d’un enfant sur l’univers du sexe. Cette série d’humour se veut un miroir de notre temps, et les auteurs se penchent aujourd’hui avec la même espièglerie sur d’autres problèmes de société comme par exemple le racisme. Janry nous parle de son métier et de sa relation avec {{Dan}}, son assistant.
Janry (<i>Le Petit Spirou</i>) : « Je regrette parfois que mon encrage ne soit pas un peu plus fou, plus accidenté, plus surprenant ! »

Quels produits dopants utilisez-vous ? Depuis l’arrivée de Frédéric Niffle au poste de rédacteur en chef de Spirou, vous alignez les gags sans discontinuer. Il est rare que le Petit Spirou soit absent de l’hebdomadaire …

L’arrivée de Frédéric Niffle y est effectivement pour quelque chose ! Nous avons découvert chez lui une grande intelligence éditoriale. Philippe Tome et moi-même voulons le soutenir avec nos propres moyens, et donc assurer une présence appuyée de notre série dans le journal. Nous avons discuté ensemble, à plusieurs reprises, des orientations de la série. Cela a stimulé notre créativité ! Nous sommes assez productifs pour le moment, et on espère que cela continuera. Un auteur n’est jamais à l’abri d’un creux au point de vue créatif. Je suis plus ou moins préservé dans mon métier : une page n’est pas l’autre, et les difficultés graphiques de celles-ci changent … Mais j’arriverai toujours à m’en tirer et à dessiner un gag ! Par contre, inventer un gag est plus difficile. Un scénariste peut passer des jours, voire des semaines en ayant l’impression que sa dernière idée va clôturer sa carrière ! Lorsqu’aucune idée ne vient pendant aussi longtemps, cela devient compliqué de réanimer la machine à rêver …

Philippe Tome vous donne-t-il des indications pour les gags visuels du Petit Spirou ?

Il a une formation de dessinateur, et il n’hésite pas à oser des gags typiquement visuels. Beaucoup de scénaristes n’osent pas en écrire car ils ont l’impression qu’il n’y a pas d’idée forte dans ce type de page. La puissance et l’impact du gag dépendra du dessinateur. Philippe, lorsqu’il se les imagine, se voit les dessiner. Nous nous connaissons bien. Il anticipe le résultat car il perçoit mon potentiel. Nous essayons cependant de ne pas abuser de ce type d’humour car la planche ne comporte généralement pas de paroles. La lecture est donc plus rapide…

Extrait du T14 du "Petit Spirou".
(c) Tome, Janry & Dupuis

Comment expliquez-vous que votre assistant, Dan, arrive à s’intégrer dans l’alchimie qui vous unit entre vous et Tome ?

De la même manière que nous nous sommes intégrés dans celle de Dupa et de Greg à l’époque où nous étions leurs assistants ! Nous travaillions alors sur une série existante et avec des auteurs qui avaient déjà fait une carrière. Nous essayions donc de mouler notre style par rapport à ces dessinateurs sans trop les trahir. Dan est mimétique par rapport à mon graphisme, mais il arrive à donner à son trait de la personnalité. Il a l’impression de faire école. Pour Tome et moi, il nous fournit la possibilité de nous régénérer. Vingt ans nous séparent. Il nous offre un angle de vue supplémentaire. Les lecteurs observent le monde à travers le Petit Spirou. Cette série se nourrit du monde existant. Nous voyons le monde d’une certaine façon. Dan est un jeune père trentenaire. Il n’a pas le même regard que nous sur nos contemporains. C’est donc une collaboration enrichissante pour tous !

Vous lui laissez parfois les coudées franches ? Je me souviens d’un gag qu’il a dessiné seul !

Oui. Il a été publié dans l’album Fais de beaux rêves !. Je ne l’ai pas signé, me semble-t-il. Cette histoire mettait en scène notre personnage alors qu’il n’était qu’un bébé… C’était une bonne occasion de lui laisser encrer une planche sans que cela ne se ressente trop. Le thème et l’univers étaient différents.
A un moment donné l’assistant se sent à l’étroit et les auteurs doivent lui laisser plus d’autonomie pour qu’il puisse voler de ses propres ailes. Philippe lui a donné cette chance. Ils ont fait un album ensemble pour Dargaud. Pour des raisons contractuelles, il n’est finalement pas sorti. Dan a, artistiquement parlant, fait ses preuves. Il a prouvé qu’il peut être, un jour, autonome …

Il fait les mises en place au crayonné et vous encrez ?

Oui. Je me réserve l’encrage. C’est lors de l’encrage que l’unité graphique se crée. Je réalise certains gags tout seul. Tout dépend du rythme de production de Philippe. Je l’encourage pour qu’il ait au moins deux gags d’avance. Pendant que Dan crayonne, je peux encrer une planche. Ainsi, cela roule ! Mais ce n’est pas toujours le cas !

Les connaisseurs reconnaissent la souplesse exceptionnelle de votre encrage …

Il n’y a pas un aspect du dessin que je préfère à un autre ! Jusqu’à présent, tout est source de plaisir. Je dirais même que la mise à l’encre est un domaine qui me déçoit un petit peu ! J’ai longtemps travaillé à la plume. C’était l’outil de prédilection du Studio Greg. J’ai essayé le pinceau parce que je voulais briser certains réflexes par rapport à l’encrage. Le pinceau peut aller dans toutes les directions, et prendre parfois un résultat différent de celui que l’on escomptait ! J’ai indéniablement une culture du trait. Je caricature un peu : Avec un rouleau de peinture, j’arriverai presque à dessiner mon personnage. J’ai réussi à obliger ma main à faire ce que le cerveau demande !
Ceci dit, on ne remarque pas que j’utilise un pinceau. J’encre avec un pinceau contenant un réservoir intégré. Je ne suis donc pas obligé de tremper le pinceau dans un encrier. Le poil n’est pas d’une qualité exceptionnelle, mais cela ne m’empêche pas de parvenir à faire une mise à l’encre sur-maîtrisée. Je suis heureux que l’on aime ma mise à l’encre, mais je regrette qu’elle ne soit pas un peu plus folle, plus accidentée, plus surprenante !

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Janry sur Actuabd.com, c’est aussi :

- Une interview : « Un jour ou l’autre, je me ferai un pied de nez ! » (Septembre 2007)
- Les chroniques du T13 du Petit Spirou et du 3e Hors Série de Spirou & Fantasio

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