Coincé dans un asile psychiatrique, Dylan assiste impuissant à la misère qui tenaille ses partenaires de séances collectives. L’ancien suicidaire s’était trouvé un but, obéissant à un démon, tuant des criminels à tout-va. Ses missions le poussèrent à comprendre davantage quel homme il était et que ce "démon" correspondait à une malédiction familiale. Un demi-frère qui se suicide, un père dessinant des portraits illustrant le "démon". Dylan se remémore ses nombreux mois avant son arrestation, lorsque le "démon" le suivait à la trace, sans la moindre interruption, le poussant dans ses derniers retranchements.
Mais à force de nier ses ordres, pris de remords, Dylan commet l’irréparable en tentant de divulguer l’existence du démon à Kira, sa petite amie. La règle d’or étant de ne jamais dévoiler son existence à quiconque. Un événement qui conduit notre héros en hôpital psychiatrique...
Tout au long de ces quatre tomes, Ed Brubaker nous a livré un scénario entraînant. Car bien que l’originalité soit de mise, la fin de ce récit ne conviendra pas à tous les lecteurs. Si vous vous attendez à un happy end, vous risquez d’être déçus. Certes, l’auteur fait preuve d’une énergique intensité dramatique quoique malsaine et le lecteur se sent en permanence parcouru d’une terreur constante. De quoi questionner la nature de l’homme et sa relation avec ses démons intérieurs. Kill or be Killed emprunte une voie qui réunit lumières et ténèbres, tout en conduisant vers un dénouement où le bien et le mal se révèlent plus que jamais complémentaires.
Un marché a été passé, et ce contrat doit est respecté à part entière. L’étroite relation qui existe entre Dylan et le démon, démontre clairement le lien puissant qui les unit. Par ailleurs, en dépit du lien de subordination qui touche Dylan, ce dernier s’adapte parfaitement à son rôle, prenant dans un premier temps un vif intérêt dans ses actes de sauvagerie.
Graphiquement, à l’instar des précédents tomes de la série, le trait de Sean Phillips fonctionne avec précision et raffinement. Le trait de l’auteur reste d’un niveau élevé autant pour les plans fixes que pour les séquences en mouvement. Remercions également le travail d’Elizabeth Breitweiser, qui impressionne sur ce titre par la justesse d’ensemble de son encrage tout à fait respectable, et qui devient désormais la coloriste attitrée des séries d’Ed Brubaker.
En dépit d’une fin ouverte discutable, laissant planer le doute sur certains éléments, l’énergie et l’agilité du duo gagnant Ed Brubaker & Sean Phillips nous ont permis de replonger avec plaisir dans un polar toujours incroyable.
(par Marc Vandermeer)
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Kill or be Killed T4. Scénario : Ed Brubaker. Dessin : Sean Phillips. Editeur : Delcourt Comics. 168 pages. Sortie : le 6 février 2019. Prix : 16,50 euros.
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