La Malédiction de Spawn T. 1 - Par Alan Mc Elroy & Dwayne Turner - D’après l’œuvre de Todd Mc Farlane - Delcourt Comics

Un sombre et funeste futur, comme le narre si bien Alan Mc Elroy, est un lieu de chaos et de ruines où l’espèce humaine en est réduite à de vulgaires brebis à occire. C’est également une époque révolue où s’agglutinent les âmes déchues souffrant et gémissant sans le moindre retour en arrière possible. L’apocalypse signe de son empreinte et contraint quiconque selon son bon vouloir, aidé de démons rapportant la chair tendre pour leurs maîtres gloutons.

Dans ce torrent de tourmentes affligeantes, chaque entité démoniaque joue son rôle à la perfection ; détruisant, déstructurant chaque organisme que les humains aient pu ériger.

"Abadon le destructeur" observe l’arène sanglante où les humains sont trainés dans un abattoir de souffrances. L’antipape jubile, à l’abri dans sa forteresse indestructible d’une superficie 5 fois de celle de l’ancien Vatican, se nourrissant des carcasses de l’Armageddon.

À la surface, ce n’est guère meilleur : des groupes de nécro-soldats pullulent et déversent leur haine impitoyable sur des humains réclamant une quelconque pitié.

Dans cette folie sans nom, un nouveau Hellspawn, anciennement appelé Daniel Llanso, surgit des entrailles de la terre, le 1er depuis 400 ans. Court-circuité par des images de son passé, le voici prisonnier non seulement de ses souvenirs accablants d’une vie antérieure, mais également propulsé dans ce monde agonisant, où chaque seconde peut être synonyme de souffrances intolérables.

Face à des adversaires abominables, il faut l’être encore davantage. C’est pourquoi Hellspawn parvient à infliger des douleurs épouvantables à ses adversaires ; toute la terreur qu’ils ont causé leur revient en pleine face.

Si vous pensiez avoir tout vu concernant l’univers sarcastique et horrifique de l’univers de Spawn, vous risquez d’être agréablement surpris, vu les kilomètres de violence et le ton explicitement déviant que renferme ce nouvel arc, intitulé La Malédiction de Spawn.

©Dwayne Turner / Delcourt Comics

Dés l’entame, sans crier gare, on se retrouve piégé dans ce contexte apocalyptique conçu sur mesure. Aux commandes scénaristiques, Alan Mc Elroy envoute par sa plume littéraire à donner des frissons, et c’est peu dire.

Le scénariste dénoue des nœuds du passé de l’homme jadis appelé Daniel Llanso, et pour ce faire, fait endurer à son héros Hellspwan, les affres douloureuses de son passé lors de son séjour à la prison de Deimos ou lors de son naufrage cosmique explosant son cargo en myriade de poussières.

Tourmenté, blessé et peinant à se déplacer, cette version de Hellspawn encaisse plus que de nature, maudit et terrassé par des voix qui sans cesse l’assaillent.

Chaque protagoniste mis en place par Alan Mc Elroy vaut son pesant d’or. Les démons irradient de leur aura chaque planche, tous aussi perfides et talentueux les uns que les autres, bien que la palme revienne sans conteste à l’antipape, machiavélique à souhait.

Un scénario rondement mené par de longs textes citant, énumérant, remodelant des écrits du christianisme, de la fin du monde et des mondes, garni également par un melting pot de nombreuses croyances, plutôt bien raccordées les unes aux autres.

La seconde moitié de cette brique, intitulée "Suture" se concentre sur une série de meurtres pour lesquels nous retrouvons deux têtes d’affiches connues : Sam & Twitch. Une trame de loin moins délirante, mais tout aussi violence et crispante.

Pour ce qui concerne la partie graphique, Dwayne Turner s’aventure en cavalier solitaire, et à l’instar de son collègue scénariste, nous divertit de la meilleure manière qu’il soit.. Son trait brutal et obscur pimente l’œuvre ténébreuse en y dépeignant des planches de toutes beautés.

Les précédents tomes de la saga Spawn, à savoir King Spawn, Spawn Scorched et Gunslinger Spawn qui graphiquement avaient déjà un style très marqué, alors que dire de cette malédiction qui comparativement, balaie d’un geste furtif et propulse presque ces trois séries au rang d’amateurisme…, en matière de brutalité et de destruction de l’ancien monde.

Et cette folie abyssale et ténébreuse s’étalonne tout du long des quasi 300 pages de lecture de cet ouvrage. Une vision des enfers terrestre et céleste absolument titanesque.

L’univers de Spawn, prend encore une fois de sacrés gallons avec une nouvelle tournure dépassant l’entendement !

©Dwayne Turner / Delcourt Comics