Les Diafoirus de la bande dessinée doivent s’en souvenir : longtemps, les mangas ont été ignorés de leur manuels d’histoire alors que l’on sait aujourd’hui que la bande dessinée japonaise est l’une des plus riches du monde.
Pour la bande dessinée africaine, la reconnaissance a été un peu plus rapide et le Larousse de la bande dessinée lui consacre un chapitre entier dans sa dernière édition. On a longtemps cru qu’elle ne jouerait aucun rôle dans l’histoire du 9e art.
Or, du Maghreb à l’Afrique du Sud, des exemples récents comme anciens ont démenti ce préjugé. Aya de Youpougon de Marguerite Abouet & Clément Oubrerie (Gallimard) est l’un des best-sellers les plus remarquables de ces dernières années.
Le 1er Salon de la bande dessinée africaine qui ouvre ses portes à Paris ce vendredi nous donnera à voir l’incroyable diversité des talents africains et les confrontera parfois avec la vision qu’ont les Européens de l’Afrique. Contraste garanti !
L’hommage à l’Afrique dans la bande dessinée ne se fait pas n’importe où : Il aura lieu du 3 au 5 décembre 2010 au pied du Panthéon, place des grands hommes, dans les salons de la Mairie du Ve Arrondissement.
Labellisé par le Secrétariat Général du cinquantenaire des indépendances africaines, cet événement doit son existence grâce à l’APBDI (Association pour la Promotion de la Bande Dessinée Internationale). Une trentaine d‘auteurs africains et quelques auteurs européens ayant traité de l’Afrique dans leur œuvre sont attendus.
Un débat exceptionnel
ActuaBD est associé à ce premier festival et organise notamment le dimanche 5 décembre un débat intitulé « Colonisation, décolonisation et bande dessinée ». À ce titre, nous aurons la présence exceptionnelle des invités suivants :
Mme Rosa Amelia Plumelle-Uribe, auteure colombienne de Kongo, les mains coupées (Éd. Anibwé, 2010), Traite des blancs, traites des noirs : aspects méconnus et conséquences actuelles (L’Harmattan, 2008), La férocité blanche : des non-Blancs aux non-Aryens, génocides occultés de 1492 à nos jours (Albin Michel, 2001).
M. Bienvenu Mbutu Mondondo. Citoyen belge d’origine congolaise, Bienvenu s’est fait connaître pour avoir porté plainte contre Tintin au Congo. Il mène depuis trois ans une bataille juridique en Belgique pour obtenir l’interdiction de l’album d’Hergé.
- M. Patrick Lozes, fondateur et président du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires).
M. Pahé, dessinateur, scénariste et caricaturiste gabonais, auteur de La Vie de Pahé et de Dipoula (Editions Paquet).
M. Jean-Philippe Stassen, dessinateur et scénariste, auteur de Deogratias, Les Enfants, Le Bar du vieux français (Editions Dupuis) et de Pawa (Editions Delcourt).
« Doit-on interdire Tintin au Congo ? » sera une des questions du débat, mais il sera aussi l’occasion d’une réflexion sur la façon dont l’image de l’Africain – et plus généralement celle de « l’autre » a pu produire un imaginaire dont la portée s’est avérée tragique.
On s’interrogera encore sur les traces de cet imaginaire dans les discours d’aujourd’hui, en particulier dans le contexte post-colonial. Des thèmes et des invités exceptionnels.
D’autres débats et d’autres évènements sont prévus, nous vous en informerons au cours de ces prochains jours.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Le 1er Salon des auteurs africains de Bande Dessinée du 3 au 5 décembre 2010. Mairie du 5ème arrondissement de Paris – Place des Grands Hommes. M° Luxembourg.
Le débat « Colonisation, décolonisation et bande dessinée » aura lieu le 5 décembre 2010 à 15 heures. Il sera animé par Didier Pasamonik.
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